LE NAUFRAGE DE "L'EMILE" EN 1897.
"L'Emile" est un brick 2 mats, du Havre, de 250 tonneaux de jauge, parti du Verdon le 26 mars 1897, à destination de Cayenne, en Guyane.
Voici ce que rapporta à son sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 7 avril
1897 :
"Le Naufrage de "l’Emile".
... Cependant, l’intrépide capitaine Jarnot ne se déconcerte pas. Il revient vers le brick et, sans mesurer la portée du péril où il s’expose lui-même, où il expose son équipage, il ordonne qu’on mette à la mer la baleinière.
Mais, déjà, l’équipage de l'Emile a mis à la mer le canot du bord. Sous un ciel d’encre, parmi les bourrasques, les grondements du vent, les paquets d’eau, la minuscule barque, portant les huit hommes, qui ont fait jusqu’au bout leur devoir, qui n’ont abandonné leur navire que quand il coulait sous eux, les entraînant à l’abîme, accoste le Boucau. Des amarres sont lancées. Un à un on hisse les hommes. Et quand ils sont enfin à bord, sauvés, on leur fait fête, on les restaure, on sèche leurs vêtements, on leur fait partager les couchettes de l'équipage.
STEAMER LE BOUCAU VERS 1900 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le Boucau, après avoir, toute la journée du dimanche tenu le large, est arrivé à Saint-Jean-de-Luz lundi matin à 9 heures et demie.
De là, l’équipage de l'Emile a été dirigé par le premier train sur Biarritz, où il est allé reconnaître les épaves du navire. Enfin, le train du B.-A.-B. de 3 heures l’a ramené à Bayonne, où M. le Commissaire de la marine a reçu le capitaine Philaut, le subrécargue Le Tallec, et entendu leurs premières déclarations.
La mer étant tombée au n° 6. le Boucau a pu lui-même entrer dans le port de Bayonne, lundi après-midi à 3 heures 10."
Voici d’autre part, le rapport officiel déposé par le capitaine du Boucau :
"Pris à Barry-Dock un plein et entier chargement de charbon à destination de Bayonne. Parti le 31 mars, à 5 heures du soir, beau temps, mer houleuse.
Le 1er avril, à 8 heures du matin, passé Longships, petite brise du Nord, mer très grosse de l’Ouest.
Le 3, à 4 heures 30 du soir, étant à mi-distance de Capbreton à l’entrée de l’Adour, me dirigeant sur l’entrée, j’aperçus un brick faisant route sur nous avec son pavillon en berne (ce brick était l'Emile, du Havre, allant de Bordeaux à Cayenne, avec un chargement de diverses marchandises) ; aussitôt je me dirigeai sur lui et demandai au capitaine ce qu’il désirait.
Le capitaine me répondit que son navire faisait beaucoup d’eau, et me demanda de le remorquer à Saint-Jean-de-Luz, ce que je m’empressai de faire immédiatement.
Après bien des difficultés, nous réussîmes à lui envoyer notre remorque aussière en manille de douze pouces, et, à 5 h. 30 du soir, je commençai à faire route pour Saint-Jean-de-Luz, ayant l'Emile à la remorque.
Mais, à la nuit, le vent fraîchit et la mer grossit, retardant beaucoup notre route, lorsque, à 9 h. 45, dans un grain, la remorque filée à toute touée, cassa dans notre chomard (je relevais alors le feu de Socoa au S.-O. et le feu de Biarritz à l’E.-N.-E.). Le temps à ce moment étant très mauvais, me voyant alors dans l’impossibilité de lui envoyer une autre remorque, par la force du temps et les parages où nous nous trouvions, je me tins en observation le plus près possible, lorsque un moment après je vis par le moyen d’un fanal que l’on nous montrait qu’un canot débordait du bord.
Je manœuvrai aussitôt de manière à accoster ce canot le plus vite possible, car le vent et la mer nous drossaient à la côte. Enfin, à 10 heures 30 du soir, tout le monde était à bord, et je pus faire route pour le large ; le temps était très noir et il ventait en tempête de l’Ouest.
Resté en cape jusqu’au 4 à minuit. Alors, le temps s’étant embelli, je fis route pour Saint-Jean-de-Luz, où je mouillai le 5, à 7 h. 30 du matin.
Le même jour, à 1 heure du soir, j'appareillai pour ma destination, où j’entrai a 4 heures du soir, sans avoir rien de nouveau à signaler."
A Biarritz, une foule considérable n’a cessé de visiter les côtes pendant les journées de dimanche, lundi et mardi.
Dimanche le spectacle de la mer furieuse et démontée était admirable, surtout, comme toujours, au rocher de la Vierge et tout alentour.
TEMPÊTE ROCHER DE LA VIERGE BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Des épaves gisaient à la Grande Plage et sur divers points de la côte. La mer en charriait de tous côtés.
Mais, comme il est dit plus haut, c’est à la côte des basques, de l’établissement des Bains à la Milady que presque tous les débris du navire, les cordages, les ancres, les marchandises, de toute sorte étaient amoncelés.
THERMES SALINS DE BIARRITZ-BRISCOUS PAYS BASQUE D'ANTAN |
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