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mercredi 17 juillet 2024

LE PORT DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1837 (deuxième et dernière partie)

 

LE PORT DE BAYONNE EN 1837.


En Pays Basque Nord, le port de Bayonne est un port actif depuis de très nombreuses années et au 19ème siècle c'est un port important.



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GRAVURE DU PORT DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire Le Moniteur Industriel, le 2 juillet 1837, sous la 

plume d'Al. Daumont :



"Statistique des ports de France. 

Bayonne. 



... Les exportations de Bayonne se composent des bois des Pyrénées, des vins de Béarn, de Bigorre et de Chalosse, des eaux-de-vie d’Armagnac, des résines, brays, goudron, térébenthine, bois, mâts, planches et poutres des Landes, laines du Béarn et des Landes, jambons dits de Bayonne, mais préparés à Pau et à Orthez.



Si le canal des Pyrénées venait à se réaliser un jour, Bayonne, aidée de cette unique ressource, s’élèverait rapidement au rang des villes les plus florissantes. 



Cette ville, resserrée dans l’étroite enceinte de ses fortifications, n’a rien de bien remarquable ; elle n'a aucun édifice digne de fixer l’attention, si ce n’est, tout au plus, sa cathédrale ; ses rues ne sont ni larges, ni belles, ni régulières, ni bien bâties ; mais des maisons simples, d’une propreté extrême, des rues animées par l'activité du commerce, des magasins bien ornés et parfaitement approvisionnés lui donnent un aspect gai et animé ; Bayonne, en un mot, ressemble à ces femmes qui, dépourvues de charmes, plaisent plus que d’autres par les grâces ou l’amabilité de leurs maniérés. La société y est douce et agréable, et quoique l'esprit des habitans soit comme on doit bien s’y attendre, presque exclusivement tourné vers le commerce et les spéculations, on y rencontre un grand nombre d’hommes très distingués par l'étendue et la variété de leurs connaissances. Parmi les maisons de commerce notables, nous pouvons citer MM. Bardewish, d’Arcangues, Balasque, Lannes frères, Lahirigogen, Bacques, Recur, Poydenot, Ytharbide et Daguerre d’Hospital.



Les dames de Bayonne se distinguent par leurs grâces naturelles et par celui de leur esprit. Dans les classes inférieures, la population est admirablement belle ; rien de plus gracieux que ces jolies Basquaises au teint vermeil, à la taille élégante et svelte, à la physionomie vive et spirituelle, aux fichus de mousseline arrangés avec tant d’art et de coquetterie sur leurs jolies tètes ; et ces Basques, à la prestance leste et assurée, à la taille riche, souple et relevée, à l’air libre, fier et dégagé, quel contraste ne forment-ils pas avec ces pauvres chétifs Lanusquets, ou Landais, que l'on voit, couverts des haillons de la misère, circuler lentement et gauchement dans les rues de Bayonne ; l’on dirait que ces gens-la ne savent marcher que sur leurs échasses. L’on a peine à comprendre, en voyant ces deux races si disparates, qu’elles ne soient séparées que par le cours d’une rivière. Il y autant de différence entre un Basque et un Lanusquet qu’entre un Suédois et un Hottentot.



Les allées Boufflers, peu fréquentées, et les allées marines, qui le sont beaucoup, sont les seules promenades de Bayonne. Les allées marines forment une ou plusieurs belles avenues qui se prolongent le long de l’Adour, à une demi-lieue de la ville, et que on a le projet de continuer jusqu’aux bords de la mer. Cette promenade bien ombragée, animée par la vue du port, est très agréable, et elle mérite d’être visitée. 



Les environs de Bayonne sont charmans ; c’est dans le joli vallon sillonné par la Nive que l’on admire surtout des sites délicieux ; les habitans de la ville les choisissent de préférence pour venir s'y reposer de leurs travaux ; leurs maisons sont répandues comme au hasard au milieu de prairies fleuries ou à l’ombre de ces hauts châtaigniers qui couronnent les crêtes et la pente des collines. C’est dans cette belle vallée que l’on voit ce fameux château de Marracq qui rappelle tant de tristes et glorieux souvenirs.



Biaritz et la Chambre-d’Amour sont les lieux habituels des parties de plaisir des Bayonnais. Biaritz est un petit village au bord de la mer à trois quarts de lieue de Bayonne ; l’on va y prendre des bains ; c’est en cacolet que l’on fait ce trajet. Le cacolet a acquis une sorte de célébrité ; il y a vingt ans qu’un ermite fameux prit soin d’en étendre la renommée. Le cacolet n'est autre chose qu’un bât placé sur un cheval, avec des fauteuils de chaque coté, où l’on assoit les voyageurs, tandis qu’une Bidartine, le fouet à la main, presse la marche pénible de la monture, obligée de porter double charge, et qui, dans son âme, si elle en a une, donnerait je crois, de bon cœur au diable l'inventeur de cette belle découverte. Les étrangers les plus distingués, les hommes les plus graves et les plus honorables ne se refusent pas de payer leur tribut à la vogue. Les dames de Bayonne ne manquent jamais de demander aux étrangers : "Avez-vous été à Biaritz en cacolet ?."



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PROMENADE EN CACOLET
PAYS BASQUE D'ANTAN


La Chambre-d’Amour est une grotte plus célèbre par la catastrophe dont elle fut le théâtre que par ses beautés naturelles. C’et une histoire un peu réchauffée de celle de Héro et de Léandre si connue. Il s’agit de deux tendres amans qui, s'y étant donné rendez-vous, sans doute pour causer plus à l’aise, oublièrent les heures et eurent le désagrément de se voir surpris par les vagues. Voici les vers pompeux dans lesquels un de nos illustres poètes raconta la péripétie de cette lamentable aventure :


Muse, redis quels cris mille flots repoussèrent, 

Peins-toi de ces amans la soudaine pâleur, 

Dis avec quel effroi leurs beaux corps s’embrassèrent, 

Dis en quel long naufrage expira leur douleur



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CÔTE DES BASQUES 1843
PAYS BASQUE D'ANTAN


Un beau pont de bois réunit Bayonne au St-Esprit, qui n’est qu'un de ses faubourgs, mais il appartient au département des Landes et est administré séparément. Sa population est de 6 000 habitans dont la moitié sont des Juifs portugais. Expulsés de leur pays, il y a plus de 200 ans, et ayant obtenu un asile en France, les habitans de Bayonne refusèrent de les recevoir, on les établit alors au St-Esprit, où ils se livrèrent au commerce et au courtage ; quoique domiciliés au St-Esprit, ils ont leurs comptoirs à Bayonne où se traitent toutes leurs affaires ; on compte parmi ces familles Israélites des noms très recommandables dans le commerce, comme ceux de Marcqfoi, Nugnès, Rodriguès fils et Furtado.



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PONT MAYOU BAYONNE 1835
PAYS BASQUE D'ANTAN



Cette séparation en deux administrations municipales des deux parties d'une même ville, qu’une même communauté d'intérêts réunit est une véritable anomalie ; les habitans de Bayonne l'ont signalée au gouvernement, et ils sont partis de là pour solliciter la formation d’un nouveau département, sous le nom de département de l'Adour. Les motifs sur lesquels ils appuient cette réclamation sont très spécieux ; mais si elle était accueillie, ce serait ouvrir la porte à des demandes analogues de villes autant et bien plus importants que Bayonne, telles que le Havre, St-Etienne, Toulon, Brest, Douay etc., qui ne sont que des chefs-lieux d'arrondissement. Il faudrait alors refondre toute notre division territoriale, déjà si fractionnée. Lorsque Syèyes présenta à l'assemblée constituante le rapport du comité de division départementale, il exprima en son nom le regret de ne pouvoir accorder des chefs-lieux aux villes que venons de nommer et à quelques autres telles que Bayonne, Montauban et Saumur. Maintenant que cette division, si admirable dans son ensemble, si utile dans ses résultats, a été consacrée par 50 ans d’existence, il faut la respecter. Bayonne est le siège d’une division militaire, d’un évêché, d’un hôtel des monnaies, d'une administration des douanes : une préfecture n'ajouterait rien à l'importance de cette ville si intéressante. Ce qu’il faut à Bayonne, ce que ses habitans doivent désirer, c’est la tranquillité de l’Espagne, sa prospérité, le développement de sa richesse, de bonnes relations politiques et commerciales avec ce pays ; ce qu’il faut à Bayonne, ce sont des améliorations à la navigation de l’embouchure de l’Adour, l’exécution du canal des Pyrénées, un chemin de fer jusqu’à Bordeaux, et de Bordeaux à Paris ; avec cela elle pourra se consoler facilement de l’absence d’une préfecture.



                                                        Saint-Jean-de-Luz



Les vagues monstrueuses du terrible golfe de Gascogne menacent sans cesse l’existence de cette ville, et leurs efforts continus en ont déjà renversé une partie ; deux fois, en 1777 et en 1788, elle a failli être engloutie sous les flots. Quel est le sort qui lui est réservé ? Combien de temps encore pourra-t-elle lutter avec l’Océan furieux qui semble réclamer une proie ? Autrefois Saint-Jean-de-Luz avait quinze mille habitans, il lui en reste trois mille cinq cents, en y comprenant Ciboure, qui n’en est séparé que par un pont ; une partie des maisons ruinées, abandonnées, attestent sa décadence, et pourtant cette ville a eu, comme tant d’autres, son époque de prospérité ; elle fut célèbre dans l’histoire par le mariage de Louis XIV et dans le commerce par ses nombreux armemens pour la pêche de la baleine. Les intrépides marins de Saint-Jean-de-Luz furent les premiers qui osèrent s’attaquer au colosse de l’Océan ; c’est vers le milieu du quatorzième siècle que les Basques s'adonnèrent à cette pêche qui leur valut le renom des marins les plus audacieux. Cette source de richesse fut bientôt partagée par Cap-Breton et Bayonne ; les baleines étaient alors si nombreuses dans le golfe qu’avec le prix des droits seigneuriaux qui résultaient des armemens, Edouard III trouva moyen d’armer et d’équiper une flotte ; la chair et la langue des baleines était vendues sur le marché et recherchées comme des mets très délicats, et la clôture d'une infinité de propriétés était formée avec les débris de leurs os.



Les baleines, poursuivies avec acharnement, s’éloignèrent de ces parages et furent se réfugier sous les glaces des pôles ; les Basques les y suivirent, et il paraît avéré qu’ils abordèrent à Terre-Neuve et au Canada bien avant la découverte du nouveau monde par Christophe Colomb.



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CHASSE A LA BALEINE



Saint-Jean-de-Luz n’a rien qui la recommande à l’attention de l’étranger, excepté le danger imminent de sa situation. La guerre civile d’Espagne a donné quelque activité à son commerce ; presque tous les approvisionnements achetés en France pour les deux partis belligérans sont expédiés et embarqués à Saint-Jean-de-Luz..."





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