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samedi 17 juin 2023

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1934 (douzième partie)

  

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.


C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.



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ALEXANDRE STAVISKY


Comme je vous l'ai indiqué précédemment, puisque nous sommes samedi, voici un autre article 

sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 20 janvier 

1934 :



"Les perquisitions et interrogatoires continuent sur l'affaire Stavisky.


Menottes aux mains, Darius et Camille Aymard sont partis ce matin pour Pau.


Les jours allongent en janvier... pas assez pour que le départ, ce matin, en gare de Bayonne, de Camille Aymard et de Darius ait eu lieu à la lumière solaire. Ils partaient pour Pau. où il va être statué définitivement sur leurs demandes de mise en liberté provisoire. 


Le spectacle était sinistre à la lueur d'un éclair de magnésium. 


Les inculpés, cols relevés, les gendarmes et ces menottes... ah ! ces menottes ! 


Mais ainsi le veut la loi et l'on ne pouvait éviter cette rigueur aux inculpés. 


Par ailleurs, peu de choses à Bayonne, où l’instruction se poursuit sans coups de théâtre, mais en toute sérénité. 


On a ouvert les lettres de Stavisky, ainsi que nous l'avons fait savoir. 


Parlant de celles que l’aventurier adressa à ses enfants, le juge a dit :

"Je suis peut-être vieux jeu, mais j'ai été profondément ému. Il restait, chez cet homme, des sentiments de grande tendresse. On y sent percer le remords. Qu'on n’attende pas de moi que je livre à la publicité le contenu de ces lettres."


Et c'était très bien ainsi. 



A Bayonne.À l'instruction.


Hier matin, comme nous l’avons déjà dit, la Chambre du Conseil a prolongé le mandat de dépôt d’Aymard. 


Nous croyons savoir que quelques incidents de procédure se sont produits et qu’il y aurait eu aussi un incident entre le Conseil et un avocat, incident qui aurait nécessité l'intervention du bâtonnier, Me Simonet.

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La pièce saisie au cours de la perquisition chez Aymard, est parvenue au juge ; il s’agirait d’une copie de lettre écrite par Aymard ; ce document qui ne concerne qu’Aymard, se rapporterait à l’affaire du Crédit municipal ; les explications fournies par Aymard à ce sujet seront vérifiées. Il apparaît que cette pièce n’a pas été présentée pour l’ordonnance d’hier matin, mais on peut conjecturer qu’elle sera versée au dossier qui est en possession de la Chambre des mises en accusation. 


On a appris que deux paquets des chèques de Stavisky avaient été envoyés au juge d’instruction de Bayonne. Leur nombre est sans doute inférieur à celui des chèques réunis à Paris. Parmi ces chèques, il y en a environ un quart qui sont au porteur, un quart ont été établis pour des règlements sans intérêt : comptes divers d'hôtels, de fournisseurs, tailleur, etc. Le reste, soit la moitié concerne soit des personnes déjà inculpées, soit d’autres personnes qui seront interrogées sur les motifs qui leur ont fait recevoir cet argent, et leur réponse justifiera peut-être leur inculpation. 


Si certains chèques ont été retenus à Paris, c’est sans aucun doute pour faciliter la vitesse de l’enquête ; le doyen des juges d’instruction qui agit sur commission rogatoire, interroge directement les personnes ayant reçu des chèques.

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On annonçait hier l’arrestation de Voix et celle de Pigaglio ; les deux hommes seront interrogés à Bayonne comme témoins.

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L'expert joaillier qui procédera à l’examen des bijoux est désigné : c’est M. Langerock, vice-président de la Chambre syndicale des joailliers ; on annonce son arrivée comme très prochaine. 

C’est aujourd’hui, croyons-nous, que le juge étudiera le dossier de "La Confiance".

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Ce matin à 5 heures, Darius et Aymard sont partis pour Pau, menottes aux mains, escortés par les gendarmes, pour se rendre devant la Chambre des mises en accusation.


 

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PIERRE DARIUS DIRECTEUR JOURNAL BEC ET ONGLES
AFFAIRE STAVISKY 1934


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CAMILLE AYMARD DIRECTEUR LA LIBERTE
PHOTO DE L'AGENCE MEURISSE


Les demandes de mise en liberté provisoire.

La décision de la chambre du Conseil.


La Chambre du Conseil a pris, hier vendredi, à 16 heures, ainsi qu'on l’a vu plus haut, la décision concernant l'appel opposé par Camille Aymard à l'ordonnance du juge d'instruction qui lui confirmait son mandat de dépôt. 


Voici quelques détails sur cette décision : 

Le procureur de la République exposa son point de vue qui tendait à maintenir l’incarcération de l'inculpé. 


Son avocat et l'inculpé lui même indiquèrent à leur tour leur point de vue confirmant les raisons pour lesquelles ils demandaient la mise en liberté. 


Un incident de procédure se produisit dans la matinée entre le procureur de la République et les défenseurs. C'est ce qui retarda la décision et ce qui fit renvoyer la délibération à l'après-midi. 


Ce n'est que vers 16 heures que cette décision fut prise, en présence de M. le procureur, des avocats Me Masson et Me Aymard, frère de l'inculpé, et du bâtonnier Me Simonet. 


On régla l'incident de procédure, qui s'était produit le matin, concernant la communication de certaines pièces, et M. le président Darmailhacq partit du tribunal pour aller signifier à l'inculpé sa décision à la maison d’arrêt, 


Cette décision tend à confirmer le mandat de dépôt. Elle rejette l’appel formulé par l’inculpé et maintient sa détention. 


Le verdict prononcé par la Chambre du Conseil laisse libre cours à la demande de mise en liberté provisoire qui a été formulée par Camille Aymard et qui viendra devant la Chambre des mises en accusation composée des conseillers de la Cour de Pau. 


Incidemment, il a été dit que si l’inculpation de Camille Aymard était maintenue pour avoir reçu 50 000 francs, suivant son propre aveu, il y aurait beaucoup d’autres gens dans le même cas qui devraient être inculpés. 


Nous croyons qu'il prononça même certains noms de hautes personnalités.



Aymard et Darius sont partis pour Pau. 


Camille Aymard et Pierre Darius sont partis ce matin de Bayonne par le train de 5 h. 39 pour Pau où vraisemblablement lundi prochain ils comparaîtront devant la Chambre des mises en accusation de la Cour d'appel qui statuera sur la demande de mise en liberté provisoire motivée et réclamée en leur faveur par leurs avocats. 


Les deux publicistes étaient accompagnés par deux gendarmes les tenant enchaînés par des menottes. 

Le départ serait passé inaperçu si un reporter photographe n’avait fait éclater un éclair de magnésium au moment où les deux inculpés, chapeau sur les yeux, col du pardessus relevé et paraissant assez abattus, prenaient place accompagnés de leurs gardiens dans un wagon de troisième classe. 

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JOSEPH GARAT MAIRE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Seul, le verdict populaire doit apporter la clarté nécessaire à la situation troublée du Conseil Municipal.


Assez de commentaires ! assez de verbiage ! assez de piétinements sur place — ou en place. 

Des actes ! I.es actes ? Il en était un qui s’imposait dès la première heure : la démission de TOUT LE CONSEIL MUNICIPAL. 


Six seulement — nous ne comptons pas M. Garat, — des membres de rassemblée communale : MM. Rectoran, Audibert, Durand, Domecq, Fraisse et Benjamin Gomez, l’ont accompli. 


MM. les Seize de la Mairie n’ont pas compris, ou n’ont pas voulu comprendre. Ils forment un mur, derrière lequel il n’y a plus rien. 


Nous le regrettons pour eux, autant une pour la Ville de Bayonne. 


A une situation troublée, il faut une solution claire et loyale. 


Ce n’est pas une élection partielle qui, dans les circonstances actuelles, nous l’apportera. 


Mais, puisque Messieurs les Seize s'accrochent à une fonction dont ils auraient dû comprendre qu’elle ne représentait plus rien que des espoirs d’écharpes toutes neuves, nous apportons, nous, une solution qui aura, en premier lieu, le mérite de la clarté, et ensuite de décider si les conseillers, seulement candidats à l’inamovibilité, ont toujours, ainsi qu’ils le prétendent, la confiance du corps électoral bayonnais. 


Contre Seize incrustés et la liste nouvelle des onze candidats qu’ils ne manqueront pas de présenter, nous proposons d’opposer UN homme, — un seul —mais un homme qui synthétisera la protestation de la population contre une attitude stupéfiante et contre des procédés d’officine électorale...


Un homme net de toute compromission et éloigné des luttes politiques ; un homme représentant les aspirations de la Cité et uniquement dévoué à sa grandeur et à sa prospérité commerciale, maritime et industrielle. 


LUI SEUL, CONTRE LES SEIZE, ET LEUR LISTE. CE CANDIDAT UNIQUE DOIT ET RE SEUL ÉLU. il ne restera alors, et devant ce verdict, à Messieurs les Seize, qu’à se retirer pour courir — s’ils y décident, — une autre chance. 


Mais c’est à un homme, désigné, par le suffrage populaire, plébiscité par l’opinion, qu’il appartiendra en suite de réunir autour de lui vingt-six citoyens qui, également préoccupés d’administrer les intérêts de tous en dehors de toute préoccupation et de toute passion politiques, se présenteront aux suffrages de leurs concitoyens. 


C'est là une solution de courage et de netteté. Elle a triomphé ailleurs, nous le savons. Il n’est pas de raison pour qu’elle triomphe pas à Bayonne. 

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Sur la situation municipale.


... Nous avons reçu la lettre que nous reproduisons ci -dessous : 

Bayonnais, 

La Municipalité de Bayonne a dû être quelque peu atterrée par le coup de théâtre du dimanche 7 janvier. Il est assez compréhensible qu’elle ait été désemparée les jours qui ont suivi ; mais actuellement elle a dû se ressaisir et comprendre quel était son devoir, car il y a un intérêt majeur à ce qu’elle fasse sans retard le nécessaire pour la cité qu’elle représente. Il y a urgence à ce quelle résilie ses fonctions et qu’elle provoque aussitôt la nomination d’une administration communale auprès des pouvoirs compétents pour la gestion de la ville, ce qui permettra aux esprits surexcités à juste titre de s’apaiser et de se calmer en vue d’élections municipales futures. 


Dans le laps de temps qui s’écoulera Bayonnais méditez, réfléchissez, décidez et agissez. Il importe que vous ayez une Municipalité qui prenne les intérêts de votre ville en mains pour les défendre en faisant abstraction complète et totale de tout parti politique, de religion, de sectes. Que toutes les classes de la Société et les professions soient représentées au sein de votre assemblée communale et qu'aucun politicien ne vienne y siéger. 


Faites appel aux hommes de bonne volonté, réunissez les compétences, les travailleurs, les citoyens énergiques, probes et désintéressés, ayant la ferme volonté de consacrer leur activité et de travailler vers un même idéal, le relèvement moral et matériel de la Ville de Bayonne en l’administrant sainement. 


C'est vers cet effort commun que les Bayonnais, par les représentants qu’ils vont se donner, doivent tendre afin de réhabiliter leur ville aux yeux de leurs concitoyens, de la France et de l’Univers. 


Demeurez au-dessus des partis. L’intérêt de votre ville est le seul parti auquel vous devez appartenir. 


On peut ce qu’on veut. 



L’affaire Stavisky évoquée à Bayonne.


M. Georges Galli, ancien directeur de la revue "Drames", est arrivé ces jours-ci à Bayonne, afin de se documenter sur la gigantesque escroquerie du Crédit Municipal. 


Nous apprenons aujourd’hui que notre jeune confrère, particulièrement versé dans les questions criminelles, fera lundi prochain 22 janvier 1934, à 21 heures, au Majestic, à Bayonne, une conférence intitulée : "Du meurtre au suicide". Est-il nécessaire de dire que l'orateur évoquera, au cours de sa causerie, la mort mystérieuse de Stavisky. Il ne serait du reste pas surprenant que M. Galli, qui manifeste le scrupule de ne point aborder le domaine politique de cette vaste affaire, apporte quelques éclaircissements sur la ténébreuse disparition du grand aventurier."



A suivre...





Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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