L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.
C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.
Comme je vous l'ai indiqué précédemment, puisque nous sommes samedi, voici un autre article
sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 20 janvier
1934 :
"Les perquisitions et interrogatoires continuent sur l'affaire Stavisky.
Menottes aux mains, Darius et Camille Aymard sont partis ce matin pour Pau.
Les jours allongent en janvier... pas assez pour que le départ, ce matin, en gare de Bayonne, de Camille Aymard et de Darius ait eu lieu à la lumière solaire. Ils partaient pour Pau. où il va être statué définitivement sur leurs demandes de mise en liberté provisoire.
Le spectacle était sinistre à la lueur d'un éclair de magnésium.
Les inculpés, cols relevés, les gendarmes et ces menottes... ah ! ces menottes !
Mais ainsi le veut la loi et l'on ne pouvait éviter cette rigueur aux inculpés.
Par ailleurs, peu de choses à Bayonne, où l’instruction se poursuit sans coups de théâtre, mais en toute sérénité.
On a ouvert les lettres de Stavisky, ainsi que nous l'avons fait savoir.
Parlant de celles que l’aventurier adressa à ses enfants, le juge a dit :
"Je suis peut-être vieux jeu, mais j'ai été profondément ému. Il restait, chez cet homme, des sentiments de grande tendresse. On y sent percer le remords. Qu'on n’attende pas de moi que je livre à la publicité le contenu de ces lettres."
Et c'était très bien ainsi.
A Bayonne.À l'instruction.
Hier matin, comme nous l’avons déjà dit, la Chambre du Conseil a prolongé le mandat de dépôt d’Aymard.
Nous croyons savoir que quelques incidents de procédure se sont produits et qu’il y aurait eu aussi un incident entre le Conseil et un avocat, incident qui aurait nécessité l'intervention du bâtonnier, Me Simonet.
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La pièce saisie au cours de la perquisition chez Aymard, est parvenue au juge ; il s’agirait d’une copie de lettre écrite par Aymard ; ce document qui ne concerne qu’Aymard, se rapporterait à l’affaire du Crédit municipal ; les explications fournies par Aymard à ce sujet seront vérifiées. Il apparaît que cette pièce n’a pas été présentée pour l’ordonnance d’hier matin, mais on peut conjecturer qu’elle sera versée au dossier qui est en possession de la Chambre des mises en accusation.
On a appris que deux paquets des chèques de Stavisky avaient été envoyés au juge d’instruction de Bayonne. Leur nombre est sans doute inférieur à celui des chèques réunis à Paris. Parmi ces chèques, il y en a environ un quart qui sont au porteur, un quart ont été établis pour des règlements sans intérêt : comptes divers d'hôtels, de fournisseurs, tailleur, etc. Le reste, soit la moitié concerne soit des personnes déjà inculpées, soit d’autres personnes qui seront interrogées sur les motifs qui leur ont fait recevoir cet argent, et leur réponse justifiera peut-être leur inculpation.
Si certains chèques ont été retenus à Paris, c’est sans aucun doute pour faciliter la vitesse de l’enquête ; le doyen des juges d’instruction qui agit sur commission rogatoire, interroge directement les personnes ayant reçu des chèques.
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On annonçait hier l’arrestation de Voix et celle de Pigaglio ; les deux hommes seront interrogés à Bayonne comme témoins.
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L'expert joaillier qui procédera à l’examen des bijoux est désigné : c’est M. Langerock, vice-président de la Chambre syndicale des joailliers ; on annonce son arrivée comme très prochaine.
C’est aujourd’hui, croyons-nous, que le juge étudiera le dossier de "La Confiance".
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Ce matin à 5 heures, Darius et Aymard sont partis pour Pau, menottes aux mains, escortés par les gendarmes, pour se rendre devant la Chambre des mises en accusation.
PIERRE DARIUS DIRECTEUR JOURNAL BEC ET ONGLES AFFAIRE STAVISKY 1934 |
Les demandes de mise en liberté provisoire.
La décision de la chambre du Conseil.
La Chambre du Conseil a pris, hier vendredi, à 16 heures, ainsi qu'on l’a vu plus haut, la décision concernant l'appel opposé par Camille Aymard à l'ordonnance du juge d'instruction qui lui confirmait son mandat de dépôt.
Voici quelques détails sur cette décision :
Le procureur de la République exposa son point de vue qui tendait à maintenir l’incarcération de l'inculpé.
Son avocat et l'inculpé lui même indiquèrent à leur tour leur point de vue confirmant les raisons pour lesquelles ils demandaient la mise en liberté.
Un incident de procédure se produisit dans la matinée entre le procureur de la République et les défenseurs. C'est ce qui retarda la décision et ce qui fit renvoyer la délibération à l'après-midi.
Ce n'est que vers 16 heures que cette décision fut prise, en présence de M. le procureur, des avocats Me Masson et Me Aymard, frère de l'inculpé, et du bâtonnier Me Simonet.
On régla l'incident de procédure, qui s'était produit le matin, concernant la communication de certaines pièces, et M. le président Darmailhacq partit du tribunal pour aller signifier à l'inculpé sa décision à la maison d’arrêt,
Cette décision tend à confirmer le mandat de dépôt. Elle rejette l’appel formulé par l’inculpé et maintient sa détention.
Le verdict prononcé par la Chambre du Conseil laisse libre cours à la demande de mise en liberté provisoire qui a été formulée par Camille Aymard et qui viendra devant la Chambre des mises en accusation composée des conseillers de la Cour de Pau.
Incidemment, il a été dit que si l’inculpation de Camille Aymard était maintenue pour avoir reçu 50 000 francs, suivant son propre aveu, il y aurait beaucoup d’autres gens dans le même cas qui devraient être inculpés.
Nous croyons qu'il prononça même certains noms de hautes personnalités.
Aymard et Darius sont partis pour Pau.
Camille Aymard et Pierre Darius sont partis ce matin de Bayonne par le train de 5 h. 39 pour Pau où vraisemblablement lundi prochain ils comparaîtront devant la Chambre des mises en accusation de la Cour d'appel qui statuera sur la demande de mise en liberté provisoire motivée et réclamée en leur faveur par leurs avocats.
Les deux publicistes étaient accompagnés par deux gendarmes les tenant enchaînés par des menottes.
Le départ serait passé inaperçu si un reporter photographe n’avait fait éclater un éclair de magnésium au moment où les deux inculpés, chapeau sur les yeux, col du pardessus relevé et paraissant assez abattus, prenaient place accompagnés de leurs gardiens dans un wagon de troisième classe.
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JOSEPH GARAT MAIRE DE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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