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lundi 19 juin 2023

LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1906 (deuxième et dernière partie)

LES ÉLECTIONS DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1906.


Après l'élection présidentielle française du 17 janvier 1906, les 6 et 20 mai 1906, eurent lieu, en France, des élections législatives.



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CARTE DES BASSES-PYRENEES



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Radical, le 12 février 1906, sous la plume de Louis 

Bonnet :


"Les Elections de 1906.

Basses-Pyrénées (suite et fin).



En 1871, au scrutin de liste, les Basses-Pyrénées envoient à l'Assemblée nationales des républicains modérés : Marcel Barthe, Duclerc, Louis Lacaze ; un radical, Renaud ; des conservateurs, Dufaur, Daguenet, de Lestapis ; un royaliste, de Gontaut-Biron, qui fut ambassadeur à Berlin de 1871 à 1877.



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ANNE ARMAND ELIE DE GONTAUD-BIRON
Par E.B. — Jules Clarétie, Histoire de la Révolution de 1870-71, Paris, 1874., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17808525



Au scrutin de liste de 1885, la liste réactionnaire l'emporte sur la liste républicaine. Depuis, l'élément monarchiste a été refoulé, et le département oscille entre les tendances radicales et les tendances modérées ; le parti clérical reste encore puissant et, dans plusieurs cantons, le fanatisme religieux dirige la masse rurale. 



Diversité politique.



Les Basses-Pyrénées ne constituent pas au point de vue politique, un milieu homogène, et comprennent trois éléments distincts : 1° Bayonne, 2° le pays basque, 3° le Béarn. Ni les moeurs, ni la langue, ni les traditions qui y sont en usage ne sont semblables entre elles ; l'esprit et les tendances des populations qui les habitent diffèrent. Chacune de ces trois régions doit être examinée séparément.



Bayonne.



Première circonscription. - M. Jules Legrand, député sortant, républicain progressiste, élu en 1896 et en 1898, a été réélu en 1902 par 8 492 voix contre 2 954 à M. Gaillard, radical, et 353 à M. Caries, socialiste. 



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JULES LEGRAND
DEPUTE BASSES-PYRENEES 1896-1910


La bourgeoisie de la ville est attachée, par snobisme et éducation, aux pratiques religieuses ; riche et influente, elle s'efforce de maintenir sa prédominance. A Biarritz existe un parti radical actif et zélé, qui se concerte avec les dévoués radicaux de Bayonne, dont le chef a longtemps été M. Garet, ancien député, ancien président du conseil général. 


Agé aujourd'hui de soixante-seize ans, M. Garet avait fondé, sous l'Empire, l'Indépendant des Pyrénées et il a montré, dans la direction de ce journal, de remarquables qualités de polémiste et de journaliste. Il a pris part à toutes les campagnes républicaines et, au 24 Mai comme sous le 16 Mai et pendant le boulangisme, a mené hardiment la bataille. Ce vétéran des luttes démocratiques vit à Bayonne, entouré de l'affection et du respect des républicains qui lui demandent toujours conseil dans les circonstances délicates.


M. Jules Legrand n'a pas suivi le mouvement du parti républicain et il a fait aux cabinets Waldeck-Rousseau et Combes une opposition systématique. Ce député a été exclusivement préoccupé de ménager sa clientèle cléricale, dont il a besoin pour assurer sa réélection. Aucun concurrent ne lui est encore opposé.



Le Pays Basque.


Le peuple basque est très attaché à ses coutumes et à sa race. Incorporé au reste de la nation, il demeure, dans le cercle fermé de ses montagnes, hostile à tout ce qui peut simplement choquer ses traditions. 


Le Basque est religieux et croyant, avec une foi dont ou ne retrouverait l'ardeur que dans les pays bretons. Loyal et timide, il est devenu la proie facile du clergé. Ne parlant presque pas notre langue, il ne participe à nos discussions que de loin et grâce à des intermédiaires peu scrupuleux.



Deuxième circonscription. — M. Léon Guichenné, député sortant, clérical, a été élu le 22 octobre 1905 par 5 788 voix contre 4 095 à M. le docteur Mendiondo, républicain, en remplacement de M. Harriague-Saint-Martin décédé.



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LEON GUICHENNE
DEPUTE BASSES-PYRENEES DE 1905 A 1924


M. Harriague-Saint-Martin, était basque, professait des opinions modérées et avait des tendances cléricales ; à sa première élection, en 1893, il avait eu pour concurrent un curé. Cette circonscription comprend trois cantons fanatiques sur cinq.


M. le docteur Mendiondo, sincèrement républicain, avait été choisi comme candidat, le 14 septembre dernier, par un congrès composé des conseillers généraux, des conseillers d'arrondissement et des maires républicains. Originaire du pays basque, connu et aimé de tous, il a été battu par le clergé qui a fait une ardente campagne en faveur de M. Guichenné, chef du parti clérical et président de l'Action Libérale à Bayonne.


M. Mendiondo n'accepte pas la candidature en avril prochain et aucun concurrent républicain n'est encore choisi contre M. Guichenné.



Mauléon. — M. Pradet-Balade, député sortant, républicain progressiste, élu le 11 mars 1900, en remplacement de M. Berdoly, nommé sénateur, a été réélu en 1902 par 12 009 voix sans concurrent.


Cet arrondissement fait également partie du pays basque, et le clergé y est très militant. Quoique M. Pradet-Balade ait trop souvent incliné à droite, il est probable qu'il n'aura pas de concurrent.



Le Béarn.


Le Béarn comprend les arrondissements d'Oloron, d'Orthez et de Pau.


Intelligent et souple, ouvert au progrès, l'électeur béarnais apporte, dans l'examen des questions politiques, un esprit de finesse et de curiosité qui le différencie presque totalement à cet égard de son voisin basque. Aussi son adhésion à nos institutions républicaines, mieux éclairée, est-elle moins réservée. L'influence cléricale, d'abord prépondérante, perd peu à peu, sous l'effort de la pensée laïque, de son efficacité.


Oloron. - M. Louis Barthou, député sortant, républicain, élu en 1889 et constamment réélu depuis, a été nommé en 1902 par 10 899 voix, sans concurrent.




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LOUIS BARTHOU
DEPUTE BASSES-PYRENEES DE 1889 A 1922


Jamais l'autorité personnelle de M. Barthou ne s'est affirmée, dans sa circonscription, avec plus de vigueur que depuis l'année dernière. La réaction ne lui pardonne pas d'avoir donné aux cabinets Waldeck-Rousseau, Combes et Rouvier un loyal appui et d'être intervenu avec éclat dans les débats parlementaires importants, et, notamment, de s'être prononcé pour le refus collectif de l'autorisation aux congrégations et pour la loi de séparation des Eglises, et de l'Etat. Le parti clérical lui reproche également d'avoir fait le remarquable rapport sur l'abrogation de la loi Falloux et l'organisation de renseignement secondaire et d'en avoir demandé la discussion à la Chambre qui, hélas ! se séparera avant d'avoir voté le projet de loi. Les timorés lui gardent rancune de la solution qu'il a préconisée sur la réforme de la législation des syndicats professionnels.


Pendant les vacances parlementaires, M. Barthou a multiplié les conférences et exposé à ses électeurs les réformes politiques et sociales à accomplir, en même temps qu'il les mettait en garde contre les excitations des cléricaux qui dénaturaient les conséquences de la loi sur les congrégations et de la loi de séparation. En juillet 1904, il s'est présenté au conseil général, dans le canton est d'Oloron. Le républicain qui détenait le mandat était décédé et les réactionnaires espéraient s'emparer du siège. La lutte fut des plus vives. M. Barthou mena brillamment la campagne et trouva contre lui les dissidents de son comité, alliés au parti clérical et réactionnaire ; il fut élu à 650 voix de majorité.


Le jour même où il est venu s'asseoir à l'assemblée départementale, le Conseil général l'a nommé président.


La réaction a fait de nombreuses démarches pour découvrir un candidat à opposer à M. Barthou et, jusqu'à présent, n'y a pas réussi. Elle a même fait appel à des amateurs parisiens qui, après avoir pris des renseignements sur la circonscription, se sont défilés avec empressement. La réélection de M. Barthou est certaine.



Orthez. — Le député républicain sortant, M. Catalogne, a été nommé sénateur le 7 janvier dernier, en remplacement de M. Berdoly, décédé ; il avait été élu député en 1902, par 8 572 voix contre 8 440 à M. Lagoardetti, clérical, en remplacement de M. Clédou, député sortant, républicain, qui ne se représentait pas.



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DAMIEN CATALOGNE
DEPUTE BASSES-PYRENEES DE 1902 A 1906



Un congrès républicain s'est réuni le 4 février pour choisir le successeur de M. Catalogne, et a désigné comme candidat M. Maillebiau, président du comité républicain d'Orthez. M. Bérard, maire de Sauveterre, avocat à Paris, qui s'est présenté devant le Congrès avait accepté de se soumettre à sa décision.


Le candidat réactionnaire sera probablement M. le général de Lestapis, conseiller général d'Orthez. M. Maillebiau est un démocrate sincère et des plus sympathiques ; son élection est assurée.


Cet arrondissement est l'un des plus anciens du département qui ait été gagné à la cause républicaine et, malgré son audace et ses manoeuvres, la réaction essuiera un nouvel échec.



Pau.1ère circonscription. - M. d'Iriart d'Etchepare, député sortant, radical, élu le 19 décembre 1900 en remplacement de M. Cassou nommé sénateur, a été réélu en 1902, au second tour, par 7 392 voix contre 7 4164 à M. d'Ariste, réactionnaire.


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LOUIS D'IRIART D'ETCHEPARE 
DEPUTE BASSES-PYRENEES DE 1900 A 1924


Au premier tour, les suffrages s'étaient ainsi répartis : d'Iriart d'Etchepare, 5 829 ; Madaune, radical, 1 866 ; Gaye, 320 ; d'Ariste, 6 372.


Sincère républicain, très serviable et très actif, M. d'Iriart d'Etchepare est estimé de tous dans sa circonscription. A la Chambre, chacun apprécie la droiture de son caractère, la fermeté de ses convictions et la sûreté de son jugement. Sa réélection à la députation serait certaine, mais il est probable qu'il sera élu sénateur, le 11 mars prochain, en remplacement de M. Cassou, décédé. En ce cas, le candidat républicain sera vraisemblablement, M. Bonnasse-Blanchou, juge au tribunal civil d'Oloron, conseiller général de Nay.


M. d'Ariste se représentera et sera de nouveau battu.



Deuxième circonscription. — M. le comte de Gontaut-Biron, député sortant, réactionnaire, élu le 18 mars 1900 en remplacement de M. Quintaa, républicain, nommé sénateur, a été réélu en 1902 par 11 146. voix, sans concurrent ; il y a eu 1 894 bulletins blancs.


Député obscur et sans influence, M. de Gontaut-Biron aura, cette fois, un concurrent républicain et des plus sérieux : c'est M. le docteur Doleris, maire de Lambeye, chirurgien en chef de l'hôpital Boucicaut à Paris.


Praticien estimé, républicain convaincu, M. Doleris est doué d'un grand talent de parole. Ses compatriotes tiennent en haute estime sa robuste intelligence, son esprit clair, son jugement sûr. Ce savant a les plus grandes chances d'être élu et il représentera avec honneur son pays natal."



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