LE CONGRÈS DU PARTI RADICAL-SOCIALISTE À BIARRITZ EN 1936.
C'est officiellement, le 21 juin 1901, qu'est créé le Parti républicain, radical et radical-socialiste.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 23 octobre
1936 :
"... Le discours de M. Daladier (suite).
EDOUARD DALADIER |
Hypothèses et vues d'avenir.
Vous aurez donc à juger le passé. Mais, voici qu’à notre grande surprise, alors que la plupart de nos Fédérations prenaient, en somme, une décision que je résume ainsi : "Tout le Front populaire, mais rien que le Front populaire", a été posé brusquement devant l’opinion le problème de l’avenir de la présente majorité. Faut-il que je m'excuse de n’être qu’un Français moyen ? Mais j'avoue ne pas comprendre pourquoi, alors que six mois à peine nous séparent de la plus éclatante des victoires, alors que la majorité républicaine la plus nombreuse et la plus fidèle qui fût jamais, ne cesse de soutenir de ses votes le Gouvernement voulu par le Pays, se pose brusquement cette éventualité de la rupture de la majorité. En même temps, on nous avertit qu'elle entraînera la dissolution de la Chambre actuelle et de nouvelles élections.
Je prends acte de ce fait incontestable que la très grande majorité de nos Fédérations se sont prononcées pour le maintien du Front populaire en demandant avec force qu'il poursuive son action dans l’accord et dans la paix. Je suis d'accord avec elles. J'ajouterai qu’il faut que le Front populaire réussisse. S’il échouait, laissez-moi vous dire que ni la dissolution, ni les élections nouvelles, quel que fut le mode de scrutin, ne permettrait de conjurer le redoutable péril qui résulterait de cet effondrement.
En réalité, les temps actuels ne se prêtent plus aux jeux subtils de la politique traditionnelle. L’avenir du Front populaire ne se joue ni dans les couloirs de la Chambre, ni même dans les hémicycles parlementaires, mais en réalité dans les ateliers, dans les usines et les négoces. Il faut que la vie économique soit ranimée, les échanges accrus, que le développement de la consommation permette à la production de supporter les charges nouvelles. Le plan économique domine nettement aujourd’hui le plan politique. Si l'activité française retrouve son rythme et sa force, toutes les difficultés présentes seront aisément surmontées. Tel est le véritable débat.
AFFICHE FRONT POPULAIRE 1936 |
J’aurai, sans doute, l'occasion au cours de ce Congrès de préciser ma pensée. C’est du progrès de l'économie que dépend le destin du Front populaire. Et nous devons faire en sorte que ce progrès soit rapide et certain. Raison de plus, pour exiger qu'employeurs et employés respectent les accords conclus et qu’ils soumettent leurs différends éventuels à un arbitrage impartial. Raison de plus, pour que soient ménagés les intérêts légitimes de cette multitude de petits industriels, d’artisans, de commerçants, de petits propriétaires, sans lesquels le Front populaire n’aurait jamais réussi, non seulement à vaincre, mais même à se former. Sur neuf millions de chefs d'établissements, il y a près de trois millions de patrons isolés. Ces hommes ne travaillent pas dans le secteur abrité. Ils affrontent chaque jour tous les risques, et ils ont, à ce titre, une sensibilité plus aigüe aux moindres troubles de l’économie. Raison de plus, enfin, pour comprendre que la rénovation économique indispensable exige un climat favorable, et, pour tout dire, la paix sociale. Jamais ne fût plus nécessaire qu'aujourd’hui la paix entre les Français.
CONGRES DU PARTI RADICAL ET RADICAL-SOCIALISTE DU 22 AU 25 OCTOBRE 1936 BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Pour l'unité radicale.
J’ai la certitude que notre cher parti ne décevra pas les espérances que mettent en lui tant de Républicains de plus en plus nombreux. Les décisions de notre Congrès seront la charte qui nous liera les uns et les autres et déterminera notre attitude pendant l’année qui vient. Il est donc nécessaire que sur les grands problèmes du temps présent se poursuive ici un débat large et loyal. Puis, tous, nous nous inclinerons devant les décisions du parti et nous accomplirons notre devoir en suivant fidèlement l’orientation librement définie par notre assemblée.
Du Congrès de Biarritz résultera, plus forte que jamais, l’unité radicale. C'est en vain que nos adversaires s’efforceront de nous diviser. Nous resterons fortement unis, parce que nous avons les uns et les autres, une trop nette conscience de l’importance politique et sociale de l’action radicale, et aussi une trop claire vision de notre devoir envers la République et la Patrie.
Trois rapports venaient ce matin devant le Congrès.
- Commerce et Industrie par M. Salomon Hirsch.
Au nom de la Commission du Commerce et de l’Industrie, je demande en faveur du redressement de notre commerce et de notre industrie :
— Des allégements fiscaux massifs, notamment la réduction des frais de patente, cette réduction toujours promise et jamais réalisée, au contraire, puisque les feuilles d’impôts de 1936 accusent une augmentation sensible sur les feuilles de 1935.
— La réduction de la taxe sur le chiffre d’affaires.
— La révision de la loi sur les assurances sociales.
— La prise en charge par l’Etat des allocations familiales. N'est-il pas lamentable de penser que le petit commerçant, le petit industriel chargés de famille et n’occupant que deux ou trois ouvriers soient obligés de payer à ceux-ci des allégements familiaux qui leur sont refusés à eux-mêmes et dont souvent ils auraient grand besoin.
— A ce qu’il soit fait dans tous les domaines économiques un énergique effort en vue de faire naître une ère de confiance qui mettrait fin à la thésaurisation.
— L’intensification des efforts en faveur de notre tourisme national ; il suffirait pour cela de suivre l’exemple et les initiatives des puissances qui excellent à attirer chez elles les touristes de tous les pays, les Français y compris.
— La réalisation pratique et non théorique des grands travaux votés par le Parlement afin de réduire le chômage à sa plus simple expression.
— Nous demandons aussi au point de vue social que les pouvoirs publics viennent en aide aux commerçants et aux industriels lorsque, arrivés au soir de leur vie, ils n'ont plus ni forces ni ressources. Tous les citoyens français : ouvriers, employés, fonctionnaires, parlementaires mêmes bénéficient d’une retraite, seuls les commerçants et les industriels sont exclus de ce privilège.
— Ils n’émargent ni aux assurances sociales ni aux allocations familiales ; les lois d'assistance les ignorent ; la société a le devoir de les secourir au même titre que tous les autres citoyens.
Il appartient au parti Républicain, Radical et Radical-Socialiste de prendre en main la défense des intérêts des petits et moyens commerçants et industriels : ceux-ci ont besoin d’être aidés non par des moratoires temporaires mais par un allègement fiscal efficace en vue d’assurer la marche normale de leurs entreprises.
Les promesses faites aux travailleurs par la Déclaration ministérielle du 6 juin ont été tenues ; elles pèsent lourdement sur les petites et moyennes entreprises auxquelles des promesses de compensation non moins formelles ont été faites ; il faut que celles-ci soient tenues à leur tour.
Il est temps d’aboutir, aussi concluerai-je en demandant aux parlementaires de notre Parti, au nom de notre Commission du Commerce et de l’Industrie, qu’ils exigent du Gouvernement à la rentrée d’octobre :
— La réalisation des promesses faites au mois de juin. Le retour à la prospérité industrielle et commerciale de notre pays est à ce prix.
- Politique sociale par M. le Dr Rosenthal.
Parmi les différents problèmes qui sont au premier plan de l’actualité sociale, ce sont ceux qui ont trait à la jeunesse qui, cette année, ont plus particulièrement retenu l’attention de la Commission de Politique Sociale.
Comment améliorer le sort de cette jeunesse, si anxieuse du lendemain et que le mécontentement et le désespoir risquent de pousser à des solutions extrêmes ? A cette angoissante question Mlle Aubriot, membre de la Commission, répond après un exposé très clair de la situation actuelle de la jeunesse, par les propositions suivantes :
1°) Répartition de la production : équilibre de la distribution du travail.
2°) Prolongation de la scolarité jusqu’à vers 15 ans, puis orientation professionnelle et leçons de civisme.
3°) Obligation pour le patronat de consacrer une heure par jour à l’apprentissage. Suppression du travail de nuit pour les jeunes.
4°) Création de nouveaux et nombreux terrains de sports et de jeux. Intensification de la politique des loisirs.
Notre collègue déclare qu’une jeunesse saine moralement et physiquement saura accomplir son devoir qui est d’ouvrir la voie nouvelle. La Commission a été unanime pour féliciter notre collègue de son intéressant travail.
Il est à noter que, récemment, Jean Zay, ministre de l’éducation nationale et membre du Bureau du Parti radical, a fait adopter par le Parlement une loi instituant la prolongation de la scolarité jusqu’à 14 ans.
D’autre part, il y a quelques jours, Dezarnaulds faisait connaître par la voie de la presse, qu’il se proposait de soumettre aux Chambres, dès la rentrée, un projet de loi rendant obligatoire l’Education Physique à l’école. Ce projet du Sous-Secrétaire d’Etat à l’Education physique, radical, répond ainsi par avance aux vœux de la Commission de Politique Sociale.
PIERRE DEZARTNAULDS 1936 |
MARCELLE KRAEMER-BACH |
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