L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.
C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.
Comme je vous l'ai indiqué précédemment, puisque nous sommes samedi, voici un autre article
sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 22 janvier
1934 :
"La Sûreté générale a rassemblé 658 chèques de Stavisky.
Ce que dit M. Mireur, Préfet des Basses-Pyrénées, sur la nomination de Tissier.
L’instruction de l'affaire du Crédit Municipal de Bayonne avait marqué samedi déjà un temps d'arrêt plus long que les jours précédents. Elle est aujourd’hui en repos complet.
Quel sera, aujourd’hui, l’emploi du temps du magistrat ? M. d'Uhalt poursuivra l'examen des fameux chèques distribués par Stavisky avec tant de largesse. Il espérait pourtant commencer l’expertise des bijoux déposés en gage au Crédit municipal, mais il a dû. par télégramme, retarder l’arrivée de M. Langerock, l’expert joaillier parisien. Cette opération, en effet, ne peut avoir lieu qu’en présence de Tissier, assisté de ses deux défenseurs, Me Jean-Charles Legrand et Me André Delmas. Le dossier de toute l'affaire est à Pau, entre les mains des conseillers de la chambre des mises en accusation. La date de cette expertise, attendue avec tant d'impatience, est subordonnée à la durée de l’examen, par les magistrats palois, des cas Aymard et Darius.
Il en est de même pour d'autres opérations importantes qui étaient inscrites au programme de la semaine qui vient. Le juge de Bayonne, privé de son dossier, ne peut pas suivre son instruction avec toute la célérité dont il n'a cessé de faire preuve depuis le début du scandale.
L’arrivée dans la nuit de Me Alfred Dominique a fait songer à Albert Dubarry, dont on a peu parlé depuis son premier interrogatoire sur le fond, voici huit jours. Me Dominique a regagné Paris dans l'après-midi. Il n'a eu aucune entrevue avec M. d'Uhalt.
Me Fressenge, avocat de Camille Aymard. est arrivé à la fin de la matinée. Il est reparti pour Pau après avoir eu un bref entretien avec M. d’Uhalt. Interrogé sur l'intérêt du document trouvé au domicile de Camille Aymard au cours d'une récente perquisition, le défenseur de l'ancien directeur de La Liberté a répondu :
"Ce document, dont on a fait un épouvantail, n’a rien de mystérieux. C’est une lettre dactylographiée, datée du mois de mai 1933. Je l’aurais de moi-même versée au dossier. Une personnalité politique donne son avis personnel en réponse à une demande de mon client sur le fonctionnement du Crédit municipal de Bayonne."
Une déclaration de M. le Préfet des Basses-Pyrénées à propos de la nomination de Tissier.
ROBERT MIREUR PREFET DES BASSES-PYRENEES DU 28 AOÛT 1924 AU 22 SEPTEMBRE 1934 |
Notre confrère A. Charles-Morice correspondant du "Journal" écrit :
"Quand Gustave Tissier fut nommé directeur du Crédit Municipal de Bayonne, c’est, selon le règlement administratif, le préfet des Basses-Pyrénées, M. Mireur, qui prit cette décision. Profitant de mon séjour à Pau où j’avais accompagné Camille Aymard et Pierre Darius, transférés de la prison de Bayonne à la prison de Pau, j’ai été, tantôt, rendre visite au préfet, qui rentrait précisément de Paris. M. Mireur avait été appelé au ministère de l’Intérieur pour fournir quelques explications détaillées sur les louages du Crédit Municipal de Bayonne.
En cet hôtel de la préfecture qui cédera bientôt la place à une demeure plus moderne, M. Mireur a hier voulu me consacrer quelques instants.
— Que vous dire ? Une double enquête, l’une administrative, l'autre judiciaire, est ouverte. Je dois donc garder un silence absolu...
— Monsieur le Préfet, dans quelles conditions avez-vous nommé Tissier à la direction du Crédit municipal de Bayonne ?
— Ma décision ne fut que de pure forme. Trois personnes étaient proposées ; comme de coutume, j’ai désigné la première, qui semblait présenter toutes garanties d'honorabilité et de compétence.
Je rappelle au préfet en quels termes formels M. Joseph Garat, la nuit de son arrestation, le mit en cause ; je lui rappelle aussi certaines campagnes de presse menées, il y a six mois. Mais M. Mireur, fonctionnaire prudent et courtois, répète seulement :
— Une enquête administrative est ouverte.
Notre entretien était visiblement terminé."
M. Raynaldy reçoit le procureur général de Pau.
EUGENE JEAN-JACQUES RAYNALDY MINISTRE DE LA JUSTICE DU 26 NOVEMBRE 1933 AU 27 JANVIER 1934 |
M. Ancely, procureur général à Pau, s'est rendu, hier matin, à la chancellerie où il a mis le garde des sceaux au courant de l’état de l’instruction relative à l’affaire du Crédit municipal de Bayonne.
Une note de Me J.-C. Legrand.
Me Jean-Charles Legrand vient d'envoyer à M. d’Uhalt, juge d’instruction à Bayonne, une note où il demande au magistrat :
"De vouloir bien rechercher, dans l'intérêt général de l’information, les conditions dans lesquelles Stavisky semble avoir été connu par les services intéressés longtemps avant les déclarations de Tissier."
Suivent quelques questions précises où le défenseur de Tissier cite les noms de plusieurs personnes dont il estime l'audition absolument nécessaire.
Précautions inopportunes.
Nous trouvons, sous ce titre, le filet suivant dans l'Ere Nouvelle :
Un fait déplorable, qui n’est aucunement imputable au gouvernement, mais tient à l’application vraiment sans tact d'un vieux règlement fait par des agents subalternes, est signalé par les dépêches venues du Béarn. M. Camille Aymard a été montré publiquement à Pau les menottes aux mains.
Si grave que soit l’inculpation qui pèse sur celui-ci, il nous semble que sa qualité de prévenu, le fait qu’il s'est lui-même présenté à la Sûreté générale dès qu'il a connu le mandat d’amener décerné contre lui et l'évidente intention qu'il a de ne point s'évader auraient dû lui épargner une humiliation inutile.
Et les bijoux ?
Nous lisons dans La Liberté :
Avant de suivre, à Chamonix, Stavisky et ses "amis" durant les trois jours qui précédèrent la tragique arrestation, - ce que nous ferons demain. - il nous faut aujourd'hui revenir sur un point capital de la troublante équipée qui commença dans le trouble le 25 décembre et s'acheva dans le sang le 8 janvier.
Nous avons vu hier Stavisky s'efforçant de négocier les bijoux que, quelques jours avant son départ pour la Haute-Savoie, il avait reçus de Tissier. Il en aurait tiré 80 000 francs, plus les 6 000 que lui apporta Pigaglio. Certains ont dit que Serge Alexandre avait emporté une somme beaucoup plus considérable. Quoi qu'il en soit, le joaillier devait encore posséder au début de janvier une grande partie des pierres précieuses déposées par Stavisky.
Tissier a depuis longtemps parlé : il a dit dans quelles conditions et à qui il avait remis cette véritable fortune.
M. d'Uhalt, le juge de Bayonne, maintes fois interrogé à ce sujet, a répondu qu'il saurait, quand il voudrait, le sort qui avait été réservé aux bijoux, le moment n'est-il pas venu de vouloir ?
JUGE D'INSTRUCTION M D'UHALT PARIS-SOIR 16 JANVIER 1934 |
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