L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.
C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.
Comme je vous l'ai indiqué précédemment, voici un autre article sur le "feuilleton" de
l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 19 janvier
1934 :
"Que de questions posées encore et que de surprenantes incohérences dans les recherches judiciaires - hors Bayonne - sur l’Affaire !
Pigaglio a été arrêté. Un nouveau directeur de journal entendu.
... La matinée d'aujourd’hui à Bayonne.
Ce matin, M. d’Uhalt a ouvert les lettres que Stavisky a écrites à sa femme et à ses deux enfants avant de mourir. Ces lettres, nous a dit M. d'Uhalt, sont extrêmement émouvantes, très tendres pour les deux criants, et d'un caractère trop intime pour qu'il en soit donné communication à la presse.
D'ailleurs, elles ne contiennent rien au sujet de l’affaire de Bayonne : il n’y est pas fait allusion aux affaires commerciales ou aux opérations financières de Stavisky.
Le juge d’instruction a déposé les trois lettres dans le coffre des greffes, et il les remettra à Mme Stavisky lorsqu'elle viendra à Bayonne.
M. d'Uhalt a télégraphié à l’expert en bijoux pour le prier de venir à Bayonne le plus vite possible.
Les interrogatoires.
Hayotte sera interrogé le 25 janvier à 14 heures.
Les demandes de mise en liberté provisoire.
Ce matin, M. Camille Aymard a été conduit au Palais de justice à 10 heures, pour assister à la délibération de la Chambre du conseil qui devait statuer sur la prolongation de son mandat de dépôt.
La Chambre a décidé de confirmer le mandat de dépôt.
La délibération s'est terminée à midi.
Cet après-midi, le dossier concernant les demandes de mise en liberté provisoire de Darius et Camille Aymard, sera envoyé à Pau. La Chambre des mises en accusation statuera très probablement de main.
CAMILLE AYMARD PHOTO AGENCE MEURISSE |
Les escroqueries de Stavisky et du Crédit ont eu hier un nouvel écho à la Chambre.
L'Affaire — car on peut maintenant l'écrire avec un grand A — préoccupe de plus en plus l'opinion publique, quoi qu’on en veuille dire, et les pouvoirs publies, ceux-ci à des points de vue divers.
Après les déclarations de M. Camille Chautemps, l'autre jour à la Chambre des Députés, on s'était imaginé qu'on en resterait là, sur le plan parlementaire. Mais hier, une grande partie de la séance fut occupée par un virulent discours de M. Henriot — haché d’interruptions, de questions et de répliques passionnées. Un des faits évoqués à la tribune par l'orateur devait même amener, après la clôture de la séance, un incident d’une rare violence entre M. Henriot et M. de Monzie qu'il avait mis en cause, comme ancien défenseur de Mme Stavisky.
En avons-nous fini avec les débats et les querelles hors du Palais ou des Palais de Justice de France, jusque dans les enceintes du Parlement et les antichambres des ministères. On voudrait l'espérer, mais nous ne croyons pas qu'il faille s'y attendre.
Sans doute, la justice est-elle saisie et le gouvernement a-t-il promis de faire toute la lumière.
Mais on constate que le public s'étonne de certains atermoiements, de certaines contradictions, d'un dispersement en trop d'endroits de l'action judiciaire, lorsqu'il serait souvent aisé de l'exercer sur un seul terrain.
A Bayonne, peu de chose de nouveau.
L'intérêt se fixe autour de deux valises et d'une lettre dont on ignore encore, à l'heure où nous écrivons, si elle fut ouverte â Chamonix ou si elle arriva intacte entre les mains du juge de Bayonne.
Mais s'il en était ainsi, comment aurait-on pu publier depuis plusieurs jours la lettre "à mon fils Claude" ?
Quel voyant extra-lucide aurait pu la lire à travers l'enveloppe ?
Me J.-C. Legrand demande l’inculpation de Voix.
Avant de quitter Chamonix, Me Jean-Charles Legrand a adressé à M. d'Uhalt, juge d'instruction à Bayonne, la lettre suivante :
Monsieur le Juge,
Il m'est apparu nécessaire à la manifestation de la vérité et à la défense de Tissier, mon client, de procéder à quelques vérifications dans les lieux où Stavisky a trouvé la mort.
Mes constatations personnelles, outre diverses indications dont il y aura lieu de faire état ultérieurement, m'ont amené à considérer avec étonnement le rôle joué par le sieur Voix.
Celui-ci, en connaissance de cause, a pourvu à l'entretien de Stavisky, objet d'un mandat d'arrêt, et l'a assisté dans sa fuite. Il serait inexplicable qu'une mesure de justice n'intervienne pas à l'égard de Voix.
Si celui-ci n'était pas l'objet d’une inculpation, les hypothèses les plus regrettables prendraient une forme de certitude.
le suis assuré que votre justice ferme et clairvoyante ne le permettra pas.
Voix convoqué par le juge d’instruction.
Le doyen des juges d’instruction, M. Lapeyre, avait convoqué hier pour 14 heures, Voix qui, jusqu'au dernier moment, accompagna Stavisky dans sa fuite.
Lucette Alberas, amie de Voix, devait être entendue également par le magistrat.
LUCETTE ALBERAS ET HENRI VOIX AFFAIRE STAVISKY 1934 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Henri Voix est arrêté.
M. Lapeyre, doyen des juges d'instruction, a longuement interrogé Henri Voix et Lucette Alberas, qui accompagnèrent Stavisky dans sa fuite.
Voix et son amie, qui avaient été entendus précédemment à la Sûreté générale, ont confirmé leurs premières déclarations.
Henri Voix a déclaré qu’il n'avait cessé de conseiller à Stavisky de se confier à la justice. Dans sa situation, pensait-il, Stavisky n’avait rien à craindre. Telle était, du moins, l’opinion du fugitif qui lui aurait affirmé à diverses reprises qu'il était propre et qu'il n’avait encouru aucun reproche. Henri Voix se détend énergiquement de toucher de près ou de loin à la police. Il affirme qu'à aucun moment il n'a été en possession des bijoux retirés du Crédit Municipal de Bayonne avant la fuite de Stavisky.
M. Lapeyre, à l’issue de l'interrogatoire, a signifié â Henri Voix le mandat d'amener décerné contre lui par le parquet de Bonneville pour recel de malfaiteur. Henri Voix a été envoyé au dépôt, accompagné par deux inspecteurs, en attendant son transfert pour la Savoie.
Le mandat qui le concerne est daté du 14 janvier dernier.
Un mandat d'amener contre Pigaglio.
A la même date, un mandat identique et pour le même délit a été décerné contre Pigaglio, secrétaire et ami personnel de Stavisky.
RENE PIGAGLIO AFFAIRE STAVISKY 1934 PHOTO BNF |
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