L'INTERDICTION DES CORRIDAS À BAYONNE EN 1895.
A la fin du 19ème siècle, de nombreux débats ont lieu, en France, au sujet des corridas : autorisation ou interdiction.
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 6
septembre 1895 :
"Courses de taureaux.
Des courses de taureaux devaient avoir lieu dimanche dernier aux Arènes Bayonnaises avec Mazzantini et sa double cuadrilla. La location avait donné de brillants résultats. Environ 6 800 places étaient déjà retenues, et la journée s’annonçait sous les plus heureux présages quand on apprit que la fantaisie avait pris à M. Leygues, ministre de l’Intérieur, de contrarier toute une population en interdisant ces courses.
L’arrêté concernant cette interdiction, pris le jeudi soir, 29 Août, en Conseil des ministres, a été signifié au Comité des Arènes le samedi soir. Il était bien temps, alors que plus de 25 000 francs de frais avaient été engagés déjà, alors que des trains de plaisir organisés en faveur de ces mêmes courses avaient écoulé déjà tous les billets disponibles, alors que Biarritz avait renoncé à ses courses de vélocipèdes au profit de la corrida bayonnaise, alors que nos hôtes, à qui déférence est due, avaient, en grand nombre, retenu leurs places pour Bayonne et renonçaient, en laveur des courses locales, aux courses de Saint-Sébastien aux quelles ils auraient tant voulu assister !
Il était bien convenable d’expulser de France, comme un vulgaire malfaiteur, un homme de mérite, un parfait caballero, Mazzantini, qui séjournait paisiblement au Grand-Hôtel, avec sa famille !
TOREADOR MAZZANTINI 1903 |
Quelque orgueil que nous inspire notre qualité de Français, nous avons rougi dimanche, en présence des mesures arbitraires et ridicules qui ont été prises, nous avons rougi d’être les administrés de l’actuel et probablement éphémère ministre de l’Intérieur français.
En vain le Comité des Arènes, la Municipalité de Bayonne, le député Lafont, le sénateur Haulon, le sous-préfet, le préfet, ont exposé au ministre les inconvénients d’une mesure tardive et odieuse, le préjudice matériel et moral fait à notre région, et demandé un sursis pour l’application de la loi, M. Leygues s’est contenté de s’offrir une angine imaginaire et de n’accorder au surplus aucune satisfaction.
GEORGES LEYGUES MINISTRE INTERIEUR 1895 |
Le dimanche matin, les troupes ont été consignées, les arènes gardées militairement, la gendarmerie mobilisée, Mazzantini et ses picadores expulsés, la population dupée, et, en présence de ces circonstances, la municipalité et le Conseil municipal tout entier ont démissionné et adressé, au sous-préfet, la lettre qui suit :
TOREADOR MAZZANTINI ET PICADOR A TERRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Monsieur le Sous-Préfet de Bayonne,
Le Maire de Bayonne, ses adjoints, les membres du Conseil Municipal, réunis aujourd'hui, ont décidé de donner leur démission et vous prient de la transmettre à qui de droit.
C’est pour eux le seul moyen légal de protester contre l’interdiction des courses de taureaux qui étalent, depuis longtemps, fixées au 1er Septembre. Ils n’ont pas à se prononcer sur les questions administratives ou légales des Courses, mais ils ne sauraient admettre une interdiction tardive et intempestive, compromettant les intérêts de la ville de Bayonne ; ils ne sauraient admettre, non plus, que les démarches pressantes de la municipalité, des sénateurs et députés n’aient pu aboutir à une tolérance pratiquée depuis longtemps.
La population bayonnaise, légitimement froissée d’une mesure tardive qui l’atteint dans ses intérêts et dans sa dignité, attend, de ses conseillers municipaux, la seule protestation qui lui soit possible : la démission.
Ils vous prient d’agréer, etc.
Ont signé : Tous les Conseillers municipaux.
ARENES BAYONNE 1900 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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