"UNE HISTOIRE DES BASQUES" PAR ADRIEN PLANTÉ.
Pierre, Raymond, Adrien Planté, né le 4 octobre 1841 à Orthez (Basses-Pyrénées), mort le 27 mars 1912 à Orthez (Basses-Pyrénées), est un député français, historien, félibre et homme de lettres.
ADRIEN PLANTE |
Voici ce que rapporta à ce sujet, en 1897, M. Adrien Planté, Président de la Société des Sciences,
Lettres et Arts de Pau, lors du Congrès de Saint-Jean-de-Luz de la Société d'Ethnographie
Nationale et d'Art Populaire :
"Les Basques ont-ils une histoire ?
... III
Il nous reste à voir ce que devient, en présence des événements de l'histoire moderne, la nationalité basque.
Sur le versant septentrional des Pyrénées, la confédération basque brisée, le Labourd, enlevé aux Anglais chassés de Bayonne par Gaston de Foix, se confondit avec le royaume de France, qui lui conserva certaines précieuses immunités, et notamment une vie municipale élargie. La Soule resta, avec sa coutume "gardée et observée de toute ancienneté, terre franche, d'origine libre et franche, de franche condition, sans aucune tache de servitude". Ce sont les termes de l'article premier de ses Fors : passant de la vicomté de Béarn à la couronne de France, puis rentrant dans les domaines des princes béarnais, domaines qui, avec la Navarre démembrée (Basse-Navarre), vicomte de Béarn, comté de Foix, duché d'Albret et ses puissantes annexes, formèrent le royaume de Navarre, dont les rois de France portèrent le titre et dont ils respectèrent les Fors jusqu'à la veille même de la Révolution : le roi Louis XVI fut le dernier roi qui prêta serment aux Fors de Béarn et Navarre.
Après les tristesses du démembrement, viennent celles, bien cruelles aussi, des guerres de religion : le Pays Basque-Français résiste, se défend, comme il a appris de ses ancêtres à se défendre contre tout ce qui n'est pas sa constitution et sa foi ; mais le calme se fait, la paix se rétablit grâce aux charmes ensorcelants, aux irrésistibles sympathies qui se dégagent du jeune prince de Navarre, l'enfant du château de Pau, aimable et bon, à l'esprit alerte, aux fines reparties, dont la philosophie pratique, la générosité sans égale, ouvrent tous les coeurs, comme son épée vaillante, jamais lassée, fait tomber les portes de toutes les forteresses... Et voyez-les alors, vos pères, se lancer à la suite de son panache légendaire, avec leurs frères gascons et béarnais, dans les grandes chevauchées héroïques à travers la France conquise : battant Joyeuse à Coutras, Mayenne à Arques et à Ivry, et sous les murs de Paris, surpris par leur audace, charmé par leur générosité, scellant de leur sang magnanime la pierre fondamentale de l'édifice magnifique de notre unité nationale.
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Encore une fois, Messieurs, saluons les exploits de nos pères et ne les oublions jamais...
Un jour d'épreuve plus poignante et plus cruelle se montre encore...
Le moment est venu où la vieille société française, ébranlée jusque dans ses fondements les plus profonds, doit prendre une orientation nouvelle.
L'heure des grands rajeunissements a sonné : c'est le réveil d'un monde nouveau.
L'oeuvre colossale de la Révolution française commence par un appel à tous les dévouements, comme à tous les sacrifices. Sur l'autel de la patrie chacun viendra déposer ses droits, ses privilèges, ses libertés, pour aider à l'organisation définitive de cette unité qui a déjà fait couler tant de sang.
L'émotion en Navarre, en Soule, en Labourd, en Béarn, est à son comble ; il faut que ces vieux pays francs et libres envoient des députés aux États généraux de Versailles.
OUVERTURE DES ETATS GENERAUX 5 MAI 1789 |
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