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vendredi 2 juin 2023

UN PORTRAIT DE M LÉON BÉRARD SÉNATEUR DES BASSES-PYRÉNÉES EN JUILLET 1931

LEON BÉRARD EN 1931.


Léon Félix Joseph Louis Bérard, né le 6 janvier 1876 à Sauveterre-de-Béarn (Basses-Pyrénées) et mort le 24 février 1960 à Paris, est un avocat et homme politique français.



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LEON BERARD
SENATEUR BASSES-PYRENEES 1927 ET 1936



Voici ce que rapporta à son sujet la revue hebdomadaire La Côte basque : revue illustrée de 

l'Euzkalerria, le 12 juillet 1931, sous la plume de Maurice Reclus :


"Nous lisons dans "Gringoire" un portrait si fidèle et si attachant de M. Léon Bérard "nouste Léon", que nous ne résistons pas à la tentation de le reproduire pour nos lecteurs qui apprécieront comme nous l’art du peintre : Maurice Reclus.



On se tromperait fort en rangeant M. Léon Bérard au nombre des représentants de ce qu’il était convenu d’appeler avant guerre (l’expression a un peu vieilli) la "République athénienne". M. Léon Bérard a, en effet, d’autres titres à l’intérêt et à l’estime de ses contemporains que ce contraste piquant, qu’on se plaît à signaler chez certains hommes politiques, entre l’austérité démocratique et le goût de la littérature et de l’art. C’est que, démocrate autant que quiconque, il l’est avec une distinction rare et qu’ainsi apparaît comme toute naturelle son inclination pour les choses de l’esprit.



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PHOTO DE LEON BERARD
AGENCE ROL



Tout, chez lui, est à base de culture, et les idées qu’il professe en politique sont d’origine aussi haute que celles qu’il sait si bien exprimer sur les créations du génie, sur les destinées de l'intelligence ou sur l’éducation nationale. Il n’a jamais besoin de changer de registre selon qu’il lui faut s’adresser à la foule ou à l’élite, tout simplement par ce que, dans son cas, le civique et l’intellectuel ne font qu’un.



M. Léon Bérard est un classique. Il ne l’est pas seulement par son respect et son amour pour les maîtres, par son éloquence où l’harmonie le dispute à l’élégance et à la mesure ; il l’est plus profondément, plus essentiellement par sa référence constante aux idées générales et par son propos délibéré de les plier à la discipline et au contrôle de la raison. On n’a pas assez remarqué, à mon sens, que l’esprit classique est le point culminant de l’esprit critique : M. Léon Bérard a cet esprit-là au plus haut degré. Mais il sait à merveille en éviter les écueils qui sont, d’une part, la sécheresse et d’autre part le scepticisme.



M. Léon Bérard a la foi. Il croit vraiment à la raison. La raison n’est pas à ses yeux cette déesse farouche qui promène le glaive avec le niveau, telle que se la représentent certains esprits simples. Elle est pénétrée d’humanité, la tolérance est sa loi.



Bon ! me direz-vous : pourquoi employer de si grands mots alors qu’il suffirait de dire que M. Léon Bérard est tout simplement un libéral ! Eh oui ! voilà, en effet, le mot qui convient lorsque sans doute il ne songerait guère. Que l’on veut sainement parler de l’actuel garde des Sceaux. Libéral, M. Léon Bérard l’est avec résolution et, si je puis écrire ainsi, avec enthousiasme. C’est le type même du républicain à l’image des fondateurs du régime ; c’est, en politique, l’homme de la maison ouverte et de la main tendue. Je dirai — comme on a pu le dire de Jules Favre, de Waldeck-Rousseau, d’autres encore — qu’il est girondin plus que jacobin, ce qui n’exclut nullement chez lui ce goût de l'autorité et ce sens de l’Etat aux quels on reconnaît les hommes de gouvernement.


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LEON BERARD
INAUGURATION MONUMENT BOSSUET A DIJON



Si le libéralisme souriant de M. Léon Bérard ne l’a jamais incliné à une poli tique de facilité ou de faiblesses, ses dons heureux d’intellectuel et d’orateur ne l’ont jamais détourné d’agir. Libéral, il est et reste militant. Le long séjour qu’il a fait au ministère de l’Instruction publique lui a permis de se montrer grand réalisateur. On n’a pas oublié avec quelle ténacité, avec quel courage il sut mener sa grande réforme de l’enseignement secondaire fondée sur le primat des humanités.



M. Léon Bérard, après une retraite marquée, à de trop rares intervalles, par de retentissantes interventions à la tribune de la Chambre, puis au Sénat, sur les sujets qui lui tiennent à cœur, est aujourd’hui vice-président du Conseil et détenteur des Sceaux de la République en des circonstances qui, on en conviendra, rendent particulièrement difficile un poste où les initiés voient avec raison la plus malaisée et la plus périlleuse des hautes charges gouvernementales. Sa compétence de juriste éprouvé y fait merveille autant que sa finesse béarnaise. Le monde politique et le monde tout court, où l'affabilité du ministre de la Justice lui a valu tant d’amitiés, ont accueilli avec une faveur marquée ce retour au pouvoir qu’il n’a rien fait pour hâter et auquel sans doute il ne songeait guère. Quel Parisien n’a entrevu, au moins une fois, dans les milieux où l’on se soucie encore de culture et d’esprit, sa silhouette si personnelle dont on dit, et dont il laisse dire, qu'elle évoque celle du grand Condé ? Plus près de la cinquantaine que de la soixantaine, M. Léon Bérard a gardé une jeunesse d’allure qui correspond bien à celle de son esprit toujours en éveil, jamais en apprêt. Sa voix chaude et profonde est celle de l’orateur-né. Il n’y a dans son cas — il s’en faut de tout — nulle solennité, mais cette dignité d’attitude qui correspond à la droiture de la pensée et qui confinerait à la gravité si, entre intimes, M. Léon Bérard ne préférait (et il a bien raison) donner carrière à la plus délicate des fantaisies. Son érudition, sans être voyante, est du meilleur aloi ; il n’ignore rien de l’histoire, et rien des lettres ou de la philosophie ne lui est étranger. Il s’est, une fois pour toutes, installé dans le bon sens ; sa politique est celle des idées claires ; sa République est celle de la sagesse ; sa cité est celle d’un Renan qui, plus confiant dans la vertu propre de la démocratie que l’auteur de La Réforme intellectuelle et morale, tiendrait qu’il n’y a pas de bonne tyrannie et s’élèverait d’instinct contre tout ce qui n’est point de la liberté.



Juriste libéral, mais profondément conscient de la nécessaire prérogative de l’autorité publique, M. Léon Bérard est essentiellement homme de gouvernement, et son étonnant sens politique en fait un gouvernant de premier plan. Rompu aux grandes affaires comme aux grandes idées, apte à la négociation, républicain de doctrine et de vocation, national jusqu’au bout des ongles, en communion étroite de sentiments avec la France rurale dont il tire ses origines comme avec la France pensante qui le tient pour l’un des siens, il ne doit rien aux factions, il n’a rien du partisan."



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