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samedi 20 mai 2023

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1934 (huitième partie)

 


L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.


C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.



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ALEXANDRE STAVISKY


Comme je vous l'ai indiqué précédemment, puisque nous sommes samedi, voici un autre article 

sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 16 janvier 

1934 :



"On nous avait prédit un temps d'arrêt dans l’instruction de l’affaire du Crédit Municipal.

La journée d’hier fut en effet quasi insignifiante.


L'instruction, nous avait-on dit, durant trois jours au moins sera calme — entendez par là qu'elle ne serait marquée par aucun fait saillant à l'instruction. Ce n’est certes pas M. d'Uhalt, juge d'instruction, qui pouvait s'en plaindre. Les forces physiques ont tout de même une limite. 


Il n’en a pas moins entendu M. Bonnaure dans un bref interrogatoire d'identité. Puis il a passé la main pour une audition des membres du Conseil d’administration qui ont donné des explications complémentaires sur le fonctionnement du Crédit municipal. 



Quant aux perquisitions prévues et déjà remises, elles ont été renvoyées une nouvelle fois. A ceux qui ne sont pas dans le secret du cabinet du juge, il est permis de se demander ce qu'elles pourraient apporter de bien nouveau. 


Il ne nous reste plus qu’à attendre les événements, à Bayonne ou à Paris. 



La journée d’hier fut calme à Bayonne. 


Ainsi que nous l’avions fait prévoir, la journée d’hier fut très calme à l’instruction. Le juge a fait subir à M. Bonnaure, député, un simple interrogatoire d’identité. M. Bonnaure avait l’intention de quitter Bayonne le soir pour Paris. Il reviendrait la semaine prochaine. 



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DEPUTE GASTON BONNAURE
PHOTO AGENCE MEURISSE


Les journaux avaient annoncé que le juge d'instruction de Bayonne ayant rejeté la mise en liberté provisoire demandée par Maîtres Fressenge et Boucheron, pour Aymard et Darius, les deux défenseurs avaient fait opposition à l'ordonnance rendue. 


M. Ancely, procureur général du parquet de Pau, déclare que la date de l'audience à laquelle sera examinée la requête des avocats sera fixée d’ici deux ou trois jours. 


On croit savoir, dans ces conditions, que le pourvoi pourra être examiné au cours d'une audience de la chambre des mises en accusation, à la fin de la présente semaine. 



Le témoignage des membres du Conseil d’administration.


Dans l'après-midi, ont été entendus successivement MM. Behotéguy, Noël, Desmarais, Georges Parié et Durand, membres du Conseil d'administration du Crédit municipal. Leur témoignage a demandé assez de temps. 


Leur audition s'est poursuivie assez tard dans la soirée. Ils furent reçus dans le cabinet de M. le président du tribunal civil. Leur rôle n’a jamais donné, en effet, lieu à aucune suspicion. La justice a voulu simplement être éclairée sur les circonstances qui précédèrent la découverte des faux bons de Tissier et sur le fonctionnement même du Crédit municipal. 


L'un d'eux a déclaré : "Afin de payer l'échéance de septembre, concernant les bons de l’Urbaine, Tissier devait, pour se procurer les fonds nécessaires, soit obtenir le retrait des gages représentant, disait-il, une somme très supérieure, soit les mettre en vente."


Avisé que ces gages ne seraient pas retirés à temps, il en prépara la vente aux enchères publiques, et prit l'initiative de faire imprimer lui même, dans ce but, des affiches et des catalogues de cette vente. 


Mais, alarmés, les emprunteurs, avisés que cette vente allait être pour eux une désastreuse opération, firent auprès du juge des référés de Bayonne une opposition, et obtinrent une ordonnance de sursis jusqu’à fin décembre. 



Une plainte de Me J.-C. Legrand.


Interviewé à Bayonne, par téléphone, sur les déclarations de Me Freyssenge, Me Jean Charles Legrand a déclaré : 


"Je viens d'être informé que l'avocat de Camille Aymard avait trouvé inadmissible que je fasse poser à son client, par le juge d’instruction de Bayonne, différentes questions. Cette indignation me surprend.


En effet, dans une interview accordée à l'Echo de Paris par M. Camille Aymard, le 11 janvier de cette année, Camille Aymard affirmait que Stavisky avait largement subventionné le Comité Mascuraud et le parti radical. 



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CAMILLE AYMARD
PHOTO AGENCE MEURISSE

J’ai aussitôt demandé au juge d’instruction d'inviter M. Aymard à répéter cette accusation et à la justifier. 


D’après le communiqué donné par l'avocat d’Aymard, celui-ci, interrogé par le juge, n'a pas justifié son accusation et ne l'a même pas renouvelée. J’en prends acte et je passe."  


— Que pensez-vous, demandons-nous, de l’incident personnel soulevé par votre confrère ? 


— "Je suis très flatté, répond Me Charles Legrand, de l’intérêt que me porte mon confrère et de voir qu’il s’occupe plus de moi que de son client, mais je néglige son opinion sur des questions qu’il m’a paru nécessaire de faire poser.  


Ces questions étaient sans doute embarrassantes puisqu’elles ont donné lieu à un incident et n’ont obtenu aucune réponse. 


Comme j’estime qu’un pareil incident déconsidère ma profession, par la publicité que M. Freyssenge a voulu lui donner, je viens de saisir M. le bâtonnier d'une plainte contre mon confrère. Dites bien, en outre, que je ne me laisserai intimider par aucune diversion." 



La détention de M. Garat.



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JOSEPH GARAT MAIRE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Sous ce titre, la France de Bordeaux publie les lignes suivantes : 


"Nous avons annoncé que M. le juge d’instruction avait déclaré qu’à M. Garat serait à nouveau signifiée son inculpation, le 27 janvier.  


C’est en vertu de la loi du 14 février 1933, la mise en liberté se pose tous les quinze jours, et impose l’obligation de signifier le maintien de sa détention à l'inculpé, si cette mise en liberté ne lui est pas accordée. 


Nous avons pu avoir des nouvelles de M. Garat, à la maison d’arrêt. Sa santé est bonne." 



Les contribuables devant le scandale Stavisky.


On nous communique


La Fédération Nationale des Syndicats et Groupements de Contribuables, 22, rue Lafayette, à Paris, tient à affirmer l'indignation profonde que ressentent ses adhérents devant l’extraordinaire scandale du Crédit Municipal de Bayonne. 


L'impunité accordée à un escroc avéré, pillant l’épargne grâce à la complaisance de politiciens et de membres du gouvernement, qui ne pouvant rien ignorer de l'homme qu’ils protégeaient, se sont faits ses véritables complices, soulève la révolte des consciences de toutes les classes de l’opinion. 


Les contribuables qu’on ruine, qu’on frappe, qu'on arrête à toutes occasions ne peuvent accepter que la protection de la justice aille seule aux révoltés et aux malfaiteurs, lorsque ceux-ci ont des appuis politiques. 


La Fédération Nationale des Syndicats et Groupements de Contribuables considère que ceux qui ont la direction de l’Etat ont trahi une fois de plus les intérêts du pays ; que la responsabilité qu’a en conséquence endossée l’Etat dans cette affaire sera supportée par les contribuables, que dans ces conditions ceux-ci sont en droit de se refuser à apporter les fonds qui leur seront réclamés pour solder le montant d'escroqueries que l’on avait favorisées. 


Elle décide donc, dès maintenant, d’alerter tous ses Syndicats affiliés pour leur demander d'élever une protestation et que tous les fautifs soient frappés avec la dernière rigueur, et rendus responsables sur leurs biens personnels. 


Faute de quoi, elle engagera ses adhérents et tous les Français à suspendre immédiatement le paiement des impôts.



M. J.-C. Legrand part pour Chamonix.


La Liberté annonce que Me J.-Ch. Legrand est parti pour Chamonix, où il va se livrer à une enquête personnelle sur les circonstances, chaque jour plus mystérieuses, de la mort de Stavisky.


 C'est le même journal qui dit : 


"Treize magistrats s’occupent de l'affaire Stavisky ! Quel luxe, mais surtout quel désordre et quelle incohérence ! 


H suffit de suivre au jour le jour la marche de l’instruction, de relever les contradictions qui se succèdent à un rythme accéléré, de montrer les "trous" d'une enquête faite au petit bonheur, sans méthode, sans idées directrices, pour voir où nous conduit cette abondance insolite et inusitée de magistrats. 


Il y a à Bayonne un juge d’instruction, M. d’Uhalt, saisi par un réquisitoire du parquet de cette ville. 


Mais c’est à Paris que la Sûreté générale "cuisine" les témoins de son choix, convoquant les uns, perquisitionnant chez les autres, se gardant bien de faire parler ceux qui pourraient en savoir trop long sur tel ou tel personnage compromis.  


C’est à Paris qu’on examine les chèques de Stavisky. 


C’est de Paris que M. Fontaine, substitut, paré du titre de "chef de la section financière du Parquet", téléphone à M. d’Uhalt pour lui indiquer qu’il y a lieu d’inculper X, Y ou Z. 


C’est à Paris que quatre juges d’instruction interrogent les "témoins" expédiés à Bayonne comme inculpés. 


Que devient dans tout cela, au milieu de cet arbitraire et de ce désordre, la loi du 7 février 1933 sur les garanties de la liberté individuelle, que l'on n’a fait jouer, jusqu’ici, qu’au profit de malfaiteurs dangereux ?" 


Enfin La Liberté public l'opinion d’un ex-champion de tir disant que "techniquement le suicide de Stavisky parait impossible".



Que sont devenus les dix millions de bijoux portés de Bayonne à Paris par un complice le 22 décembre ? 


De Maurice Icart dans Paris-Soir


Les nouveaux arrivés à la prison ont éloigné de l'actualité le curieux homme que fut Tissier à Bayonne. Personne ne peut parler de lui, car il n’avait ici ni relations ni amitiés. Ses aveux spontanés qui furent à l’origine de l’énorme scandale et probablement la cause de toutes les révélations qui se succèdent depuis quinze jours, jetant la fièvre et le trouble dans le pays, nous ont conduit à demander à des magistrats autorisés quels intérêts avaient fait agir cet homme dont le nom restera attaché à la plus considérable escroquerie du siècle. Nul ne peut le comprendre. 


On nous dit : 


— Tissier n’a rien, aucun argent. Son régime alimentaire à la prison est celui des prisonniers vagabonds ; il ne peut même pas payer trois francs par jour que l’administration pénitentiaire réclame pour installer et entretenir dans sa cellule un réchaud à pétrole. 

— Je n'ai pas d'argent, dit-il, pour me chauffer comme les autres ! 


Dès le premier jour, il commit les faux et, trois ans après, le dernier jour, il retirait des coffres du Crédit municipal 10 millions de bijoux pour les expédier ou plutôt les faire remettre par un complice, aujourd'hui recherché, à son maître Stavisky. Les recherches de la police à ce sujet réserveraient des surprises."


A suivre..








Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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