... Il s'agit, en effet, d'un ouvrage militaire qui a dépendu, à toutes les époques, du domaine royal et grâce auquel les rois d'Angleterre et, après eux, les rois de France, ont pu maintenir leur autorité dans le pays. C'est dire que l'histoire du château se confond avec celle de la province.
Nous ne saurions, sans sortir du cadre de ces études, en faire l'historique. C'est pourquoi nous nous bornerons à retenir de cette histoire générale les événements importants qui l'intéressent plus ou moins directement.
CHÂTEAU DE MAULEON BULLETIN MUSEE BASQUE N°7 1934
La Soule a été une des premières vicomtés créées dans la région du Sud-Ouest ; mais on ne sait rien de précis sur ses origines. En effet, la seule pièce sur laquelle on puisse s'appuyer, la charte d'Aalon, qui désigne Aznar-Azinarius comme premier vicomte de Soule, de 845 à 862, a été reconnue fausse sur plusieurs points et par suite on ne peut pas considérer les dates qu'elle donne comme rigoureusement exactes. On n'est sûr de la filiation des vicomtes qu'à partir de l'an 1040 avec Raymond-Guillaume 1er.
Malheureusement on n'est guère mieux fixé sur les événements qui suivirent. A cette époque troublée, la Soule subit des fluctuations politiques importantes. Ses vicomtes, en guerres perpétuelles avec leurs voisins, passèrent successivement sous la vassalité des rois d'Aragon, de Navarre et des ducs de Gascogne. Tout ce que l'on peut dire c'est que, depuis les temps les plus reculés, la capitale a toujours été Mauléon.
L'origine du château se confond très probablement, sans qu'on puisse l'affirmer, avec celle du fief. D'après les textes les plus anciens, il y aurait eu, depuis la plus haute antiquité, une simple tour sur l'éminence qui domine la vieille ville de Mauléon.
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Quand et dans quelles circonstances cette tour a-t-elle été remplacée par un ouvrage plus important ? Il n'est pas possible de répondre avec précision ; sans doute progressivement et à diverses époques. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'au XIIIe siècle, il y avait autre chose qu'une simple tour. Il résulte, en effet, d'un texte ancien, qu'en 1257, le vicomte Raymond-Guillaume V ayant eu des démêlés avec son suzerain le roi d'Angleterre, le sénéchal de Guienne, Longue-Epée et le seigneur de Navailles envahirent le pays. Raymond-Guillaume mourut les armes à la main en défendant sa terre. Sa veuve Marquéze et son fils organisèrent la défense ; mais la ville et une des barbacanes du château tombèrent au pouvoir du sénéchal et le donjon allait subir l'assaut lorsque le vicomte de Béarn intervint et fit signer la paix. Il occupa ensuite le château en attendant la confirmation par le roi des conditions fixées.
D'après cette relation, il ne s'agissait plus seulement d'une tour, mais d'un véritable ouvrage militaire comptant au mois deux barbacanes et un donjon.
Le fils et successeur de Raymond-Guillaume, Auger de Mauléon, ne le garda pas longtemps. Auger était un féodal ambitieux et querelleur qui, pendant plusieurs années, entretint le trouble dans ses états et chez ses voisins. Mais, s'en étant pris au prince Edouard, fils du roi d'Angleterre, qui était alors gouverneur de la Guienne, il ne fut pas en mesure de résister à un ennemi aussi puissant et, en 1261, il dût lui céder sa vicomté en échange d'autres possessions dans le Marensin.
Peu de temps après, la guerre ayant recommencé entre le roi d'Angleterre et Philippe-le-Bel, roi de France, Auger occupa de nouveau son ancien domaine, mais ce ne fut que temporairement et, en 1307, il l'abandonna définitivement. Le roi Edouard rattacha la Soule directement à la couronne et s'y fit représenter par un gouverneur appelé capitaine-châtelain. Cette organisation subsista aussi bien sous les rois de France, que sous les rois d'Angleterre.
La résidence des capitaines-châtelains était la même que celle des vicomtes, c'est-à-dire Mauléon. Ils administraient la justice civile et criminelle comme présidents de la cour de Licharre ; ils géraient le domaine royal dont une partie des revenus constituait leurs appointements et ils veillaient au maintien de l'autorité royale dans la province.
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Le premier de ces fonctionnaires royaux fut Oger de la Mothe. Il est probable qu'on entreprit à cette époque d'importantes modifications au château car il est question de réparations effectuées sous Odon de Miossens successeur d'Oger de la Mothe. Des lettres patentes du 20 juillet 1319 autorisent ce dernier à poursuivre les agrandissements déjà en cours.
Quelques années plus tard, en 1350, le capitaine-châtelain Guillaume de Caupenne ayant imposé au pays des redevances jugées trop lourdes, les Souletins se révoltèrent, à l'instigation du seigneur d'Olhaïby. Mais la répression ne se fit pas attendre et les prisons du château hébergèrent, pendant quelque temps, Olhaïby et ses complices.
Pendant les 100 ans qui suivirent on ne trouve aucun événement bien important. Si des troubles se produisirent dans le pays comme conséquence de la rivalité des Luxe et des Gramont, sans doute le château reçut-il, à cette occasion, quelques prisonniers de la faction opposée à celle qui le détenait. C'est du moins ce qu'on semble autorisé à conclure de la chanson de Bertereche. Quoi qu'il en soit ce ne fut qu'un épisode sans grand intérêt de l'histoire de la Soule.
Au commencement du 15ème siècle, le capitaine-châtelain était Louis de Beaumont. Le 18 Novembre 1446, le roi d'Angleterre lui prescrivit de payer certains droits féodaux à Jean de Foix, comte de Candale et de Benauge. Louis de Beaumont protesta et fit remarquer qu'il avait avancé, de ses deniers personnels, 2 000 livres sterling pour la construction d'une nouvelle tour qui augmentait beaucoup la valeur défensive du château et il demanda à être remboursé de ses avances. Le roi se rendit à ces raisons et, par lettres du 16 Mars 1447, il retira l'ordre qu'il avait donné et informa le capitaine-châtelain qu'il lui laissait la jouissance de sa charge jusqu'à ce qu'il fut rentré dans ses débours. Mais Louis de Beaumont ne put pas bénéficier bien longtemps de cette faveur. L'occupation anglaise touchait à sa fin et, quelques mois plus tard, en Juillet 1449, le comte de Foix, lieutenant général du roi de France, Charles VII, en Guienne envahit le pays, à la tête d'une forte armée, et vint mettre le siège devant Mauléon.
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La ville, dépourvue de murailles et défendue par de simples fossés, se rendit aussitôt ; mais, Louis de Beaumont, à la tête des troupes dont il disposait, s'enferma dans le château et se prépara à la résistance. En raison de la disproportion des forces, celle-ci ne put pas être de longue durée.
... Le siège avait duré deux mois et Louis de Beaumont ne capitula qu'au mois de Septembre, après avoir perdu tout espoir d'être secouru. Il obtint du comte de Foix la vie sauve pour lui et les assiégés, à la condition de ne pas porter les armes contre le roi de France pendant un an. Cette capitulation était honorable ; néanmoins le roi d'Angleterre la considéra comme une trahison et, par lettres du 13 Novembre 1449, il confisqua le domaine de Curton situé dans l'Entre-deux-mers et qui appartenait à Louis de Beaumont.
Le vicomte de Béarn retint le château de Mauléon en vertu de la déclaration que Philippe VI roi de France avait faite en 1339, qu'il abandonnerait la Soule à celui qui en ferait la conquête. Cependant il ne put pas la conserver. Lorsque Charles VII mourut, Louis XI déclara la province domaine royal. Après bien des pourparlers et malgré les protestations de la princesse de Viane et les raisons qu'elle invoqua pour invoquer la vicomté à François Phebus de Foix, le roi de France fit mettre le château sous sa main et les choses restèrent ainsi pendant plusieurs années. Enfin, en 1510, la Soule fut définitivement et irrévocablement réunie à la couronne de France.
A peine la paix avec l'étranger était-elle conclue que le pays devint le théâtre de querelles sanglantes entre les membres des deux factions de Beaumont et de Gramont. En 1494, le sénéchal des Lannes reçut mission de rétablir l'ordre. Il arrêta plusieurs Souletins plus ou moins compromis et les livra au capitaine-châtelain qui les enferma dans les prisons du château. Les détenus ne furent libérés que plus tard, après avoir fourni caution.
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Vers cette époque ces fonctionnaires royaux obtinrent de se faire seconder par des lieutenants et eux-mêmes ne résidèrent à Mauléon que par intermittences. Du reste, pendant la première moitié du 16ème siècle, le pays de Soule jouit d'une longue période de tranquillité jusqu'au jour où le prosélytisme de Jeanne d'Albret fut la cause de nouveaux désordres."
A suivre...
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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