LE CONGRÈS DU PARTI RADICAL-SOCIALISTE À BIARRITZ EN 1936.
C'est officiellement, le 21 juin 1901, qu'est créé le Parti républicain, radical et radical-socialiste.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 22 octobre
1936 :
"Le Congrès du Parti Radical-Socialiste s'est ouvert ce matin à Biarritz.
... Discours de M. Leculier, ancien député du Jura (suite).
Spécialisation de cultures.
— Une diminution importante des frais d'exploitation sera également obtenue en s’attachant, avec le concours des services agricoles, des Ecoles nationales d’Agriculture, des Stations de Recherches, à l’adaptation des cultures, à la spécialisation de la production.
Non pas qu’il faille préconiser la monoculture, loin de là, mais nous pensons qu’il est déplorable que des milliers de cultivateurs s’obstinent sur des terres ingrates, à des cultures non appropriées dont les récoltes insuffisantes re rémunèrent ni leurs efforts ni leurs dépenses.
Nous savons bien que subsiste encore, dans nombre de campagnes, la vieille coutume ancestrale de récolter autant que possible sur la propriété tout ce qui est indispensable à la famille paysanne.
Mais, de même que le paysan a renoncé à se vêtir de la laine de ses propres moutons, il viendra à une conception plus rationnelle de la vie rurale ; éliminant les cultures déficitaires, il adoptera celles qui conviennent le mieux à son sol.
L'ensemble de ces mesures appliquées avec sagacité et persévérance diminuerait de façon certaine les frais inhérents aux exploitations agricoles.
2° Augmentation des prix et organisation de la production.
— La diminution des prix de revient n’est qu’une solution partielle du problème ; il faut la compléter par la revalorisation des cours.
Or, nous posons en principe qu’aucune revalorisation n’est possible tant qu’il y aura surabondance de produits.
ATTELAGE DE BOEUFS BASSES-PYRENEES 1936 |
Concurrence des produits étrangers.
— Des restrictions importantes viennent d'être imposées à la culture pour le blé et le vin, on a limité les emblavures, on a arraché des vignes. Mais il serait paradoxal d’appliquer ces mesures à nos cultivateurs, de les soumettre à une discipline sévère sur certains points, alors qu’on jetterait par ailleurs le désarroi dans les cours en important des produits étrangers dont notre pays n’a nul besoin.
On a contingenté, il est vrai, les importations, et les ministères qui se sont succédé depuis 1932 ont fait de louables efforts pour améliorer la situation, mais beaucoup de produits français sont encore fâcheusement concurrencés par l’étranger. Il faudrait admettre que, tant que la production française fournit aux consommateurs, en quantité suffisante, les denrées qui leur sont nécessaires, aucun produit similaire ne doit pénétrer sur notre marché.
Le contingent ne serait donc à envisager que dans le cas d’une insuffisance de la production nationale et il devra être fixé d'après l’écart entre cette production et les besoins de la consommation.
On s’explique mal, d'ailleurs, la résistance que, toujours, les agriculteurs ont rencontrée pour l'application de ce principe, alors que, sans le formuler peut-être, on s'en est cependant constamment inspiré lorsqu'il s'est agi de l'industrie.
Quand notre marché ne sera plus troublé par la concurrence inadmissible des produits étrangers. dont l’apport doit être étroitement réglé, en généralisant les mesures de réglementation et de discipline, comme on l’a fait pour le blé et le vin, on pourra, avec une production adaptée aux besoins de la consommation, agir de façon efficace pour la revalorisation des cours.
ATTELAGE 1935 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Amélioration de la qualité.
— Parmi les mesures susceptibles de concourir à ce résultat, l’amélioration de la qualité des produits agricoles est l'une des principales. Toutes les fois, en effet, que l’on étudie la situation d'une de nos productions ou que l'on est appelé à prendre, à son sujet, des mesures législatives, on retrouve ce problème de la qualité.
Que celle-ci soit constante et assurée, la consommation intérieure augmente et, dans bien des cas, un courant d’exportation se crée. Partout les produits de qualité sont recherchés, toujours ils auront des débouchés. Faut-il rappeler l’exemple bien typique des vins, eaux-de-vie, des fruits de table, des produits laitiers ?
Dans cette lutte pour la qualité, les efforts individuels sont précieux, mais, s’ils ne sont pas dirigés par les pouvoirs publics avec une organisation économique et technique, ils risquent souvent d’aboutir à des résultats insuffisants et décevants.
Ce qui s'est produit pour le beurre est un exemple frappant du relèvement des cours qui peut être atteint par cette méthode. Qu’on nous permette de le citer pour illustrer notre démonstration.
Le beurre représente une recette annuelle de plus de deux milliards de francs pour une production de 180 milliers de kilos environ.
Sur ces 180 millions de kilos, cinq millions seulement sont susceptibles de subir sans aléas le stockage frigorifique, ce sent les beurres de crème pasteurisée.
On les obtient avec des crèmes d’abord pasteurisées, puis ensemencées de ferments lactiques sélectionnés.
Le reste de notre production est le plus souvent obtenu par des crèmes à maturation spontanée et dans des conditions telles que le beurre rancit dans un délai relativement court.
La production du beurre étant excédentaire pendant les quelques mois d'été et déficitaire pendant l’hiver, il résulte, de ce défaut de qualité, qu’on ne peut constituer, pendant les mois excédentaires, les stocks qui assureraient les besoins de la consommation lors des mois déficitaires.
De sorte que, pendant la belle saison, l’abondance des beurres entraîne la chute des cours, à tel point que d’aucuns ont été amenés à demander des crédits importants pour financer une exportation saisonnière, destinée à décongestionner le marché. Opération onéreuse, opération néfaste, puisque, mettant à la disposition de la clientèle étrangère des beurres de qualité inférieure elle discrédite notre production. Vienne l’hiver, le beurre manque et nous devons, en France, faire appel à des beurres étrangers dont nous pourrions aisément nous passer si la qualité étant meilleure le stockage de notre production estivale avait été possible.
Or, dans les pays voisins, le Danemark en particulier, le beurre est fabriqué en très grande quantité ; mais la technique y est si perfectionnée qu’il sc conserve de façon parfaite et qu'à l'exportation il fait le tour du monde et s’impose partout. En France même, lorsque nous avons, en hiver, recours aux beurres étrangers, nous voyons la clientèle adopter la qualité danoise qu’elle préfère.
Nous pouvons, cependant, faire aussi bien que les Danois et produire une qualité égale. Les vaches danoises ne sont pas meilleures beurrières que nos normandes ou nos parthenaises. Dans ce pays du Nord, on rencontre, tout comme chez nous, ces micro-organismes nuisibles ; oïdium, pénicillium par exemple, qui tarent une production.
La technique consistant à détruire, avant le barattage de la crème, tous les ferments nuisibles, pour ne conserver que les ferments lactiques utiles, est applicable en France, au moins dans les coopératives et les laiteries industrielles. sinon dans les fermes elles-mêmes.
Notre pays aura alors une production beurrière de qualité, la consommation augmentera, le stockage permettra de stabiliser les cours, les importations seront supprimées, et si un jour nous pouvons exporter, il s’agira d’un produit de qualité et les opérations désastreuses d’exportation que l’on a pratiquées ne seront plus à craindre.
Cette rénovation de la production beurrière doit être réclamée et recherchée par nos producteurs, mais elle n’est possible qu’avec l’aide de l'Etat, de nos écoles, de nos laboratoires. Voilà un exemple typique de l'utile collaboration entre la Science et l’Agriculture, de la nécessité de mettre à la disposition du monde rural les moyens techniques modernes.
PAYSANNE ET SES OIES DESSIN DE LAM |
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