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vendredi 13 janvier 2023

UN CHANT AU PAYS BASQUE EN 1860 (première partie)

UN CHANT BASQUE EN 1860.


Parmi les nombreux chants connus au Pays Basque, figure le Chant d'Altabiscar.



pays basque autrefois bataille roncevaux
ROLAND A RONCEVAUX
CHANT D'ALTABISCAR


Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Gaulois, le 14 octobre 1860 :



"Notre collaborateur Dell' Bricht, parti depuis un mois pour les Pyrénées, vient de nous envoyer la traduction d'un chant basque composé à l’occasion d'une bataille célèbre. Il accompagne son envoi des observations suivantes :


Je suis depuis un mois dans les Pyrénées, et j’y goûte le repos le plus complet que je puisse rêver.


La nature est souriante, le ciel bleu, le soleil ardent, l'eau vive et claire ; les prairies vertes sont émaillées de fleurs aux corolles multicolores ; c'est un pays adorable.



Les Basques sont des gens curieux à étudier ; ce sont de beaux hommes à l’œil vif, à l'allure rapide, infatigables au travail comme au plaisir, toujours chantant ou sautillant et aimant à la folie le jeu de pelote, qui est leur jeu national.



On m’a raconté que, du temps de l'Empire, quatorze soldats, ayant appris qu'il y aurait dans leur pays, — à Baïgorry,— une importante partie de paume, quittèrent ensemble leur régiment, campé aux bords du Rhin, gagnèrent la partie, et rentrèrent sous le drapeau la veille de la bataille d’Austerlitz.



Les Basques sont aussi d'excellents danseurs. Lorsqu'il y a quelque fête au village voisin, tous les laboureurs y arrivent au pas de course, conduits par le violon de leur ménétrier respectif, et se livrent jusqu'au soir aux sauts les plus désordonnés.



Vous savez ce que disait Le Pays sur l’amour des Basques pour la danse : "Un enfant y sçait danser avant que de savoir appeler son papa et sa nourrice. La joye y commence avec la vie, et n'y finit qu'avec la mort. Elle paroist en toutes leurs actions. Les prestres en ont leur part aussi bien que les autres. J'ai remarqué qu'aux nopces c'est toujours le curé qui mène le branle."



L’auteur de la Vie du cardinal d’Amboise raconte que Louis XII étant à Milan, les cardinaux de Narbonne et de Saint-Séverin y dansèrent avec lui.



Mais si la danse est un honneur parmi les hommes, les Basques manifestent peu d'estime pour les filles qui se livrent a ces amusements frivoles ; voici une chanson intitulée Dantza y auciac (les sauts basques), qui en est la preuve la plus mordante :


Il se trouve peu de filles bonnes

Parmi celles qui se couchent tôt

Et qu'on ne peut tirer du lit

Avant huit ou neuf heures.

Le mari d'une semblable 

Aura nombre de trous à ses culottes,

Et don faridon.


Peu de femmes bonnes sont bonnes danseuses,

Bonne danseuse, mauvaise fileuse,

Mauvaise fileuse, bonne buveuse,

Et don faridon,

Des femmes semblables,

Sont bonnes à traiter à coups de bâton.



Le chant est aussi en honneur chez le peuple dont je m’occupe. Je vous dirai dans une prochaine lettre quelques chants satiriques, moraux ou amoureux que j'ai entendus ici.



En attendant, je vous envoie une traduction du Chant d’Altabiscar, composé en l'honneur de la victoire que remportèrent, au huitième siècle, les Basques, sur l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne, commandée par son neveu Roland.



pays basque autrefois bataille roncevaux
ROLAND A RONCEVAUX
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce chant terrible, cri de vengeance et cri de victoire !


Un cri s'est élevé

Du milieu des montagnes basques,

Et l'etcheco jauna

A ouvert l'oreille et a dit : Qui est là ? Que me veut-on ?

Et le chien qui dormait aux pieds de son maître

S'est levé et il a rempli les environs d'Altabiscar de ses aboiements.


Au col d'Haneta un cri retentit ;

Il approche en frappant à droite, à gauche, les rochers :

C'est le murmure sourd d'une armée qui vient,

Les nôtres y ont répondu du sommet de la montagne,

Ils ont fait entendre le signal de leurs cors, 

Et l'etcheco jauna aiguise ses flèches.


Ils viennent! ils viennent ! Quelle haie de lances ! 

Comme les bannières de toutes couleurs flottent au milieu d'eux ! 

Quels éclairs jaillissent au milieu de leurs armes ! 

Combien sont-ils ? Enfant, compte-les bien ! 

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze,

Treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt.


Vingt, el par milliers d’autres encore ; 

On perdrait son temps à les compter. 

Unissons nos bras nerveux et souples, déracinons ces rochers, 

Lançons-les du haut de la montagne en bas, 

Jusque sur leurs têtes ; 

Écrasons-les, frappons-les de mort.



Que voulaient-ils de nos montagnes ces hommes du Nord ? 

Pourquoi sont-ils venus troubler notre paix ? 

Quand Dieu fit ces montagnes, il voulut que les hommes ne les franchissent pas. 

Mais si les rochers en tournoyant tombent, ils écrasent les troupes, 

Le sang ruisselle, les débris de chair palpitent.

Oh ! combien d’os broyés ! quelle mer de sang !


Fuyez ! fuyez, vous à qui il reste de la force et un cheval. 

Fuis, roi Carloman, avec tes plumes noires et ta cape rouge ; 

Ton neveu bien-aimé, Roland le robuste, est étendu mort là-bas.

Son courage ne lui a servi à rien pour lui.  

Et maintenant, Basques, laissons ces rochers, 

Descendons vite en lançant nos flèches à ceux qui fuient.



pays basque autrefois bataille roncevaux
OLIPHANT DE ROLAND A RONCEVAUX
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ils fuient, ils fuient ! où est donc la haie de lances ? 

Où sont les bannières de couleurs flottant au milieu d’eux ? 

Les éclairs ne jaillissent plus de leurs armes souillées de sang. 

Combien sont-ils ? Enfant, compte-les bien !

Vingt, dix-neuf, dix-huit, dix-sept, seize, quinze, quatorze, treize 

Douze, onze, dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un. 


Un ! il n’en paraît pas un de plus. 

C'est fini. Etcheco jauna, vous pouvez rentrer avec votre chien, 

Embrasser votre femme et vos enfants, 

Nettoyer vos flèches, les serrer avec votre cor, et ensuite vous coucher et dormir dessus. 

La nuit, les aigles viendront manger ces chairs écrasées, 

Et tous ces os blanchiront dans l'éternité."



A suivre...





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