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mercredi 10 juillet 2024

DÉRAILLEMENT MEURTRIER D'UN TRAIN À LOUHOSSOA EN LABOURD AU PAYS BASQUE LE 3 SEPTEMBRE 1925 (première partie)

 

UN TRAIN DÉRAILLE À LOUHOSSOA LE 3 SEPTEMBRE 1925.


Le 3 septembre 1925, le train 3234 a déraillé au kilomètre 222/100 sur la ligne Bayonne - Saint-Jean-Pied-de-Port et a fait quatorze victimes.



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DERAILLEMENT LOUHOSSOA 
ARTICLE EXCELSIOR 8 SEPTEMBRE 1925



Cette ligne Bayonne - Saint-Jean-Pied-de-Port a été concédée à la Compagnie du Midi par une 

convention signée entre le ministre des Travaux Publics et la compagnie le 9 juin 1883.



La ligne est mise en service en plusieurs étapes :


Le 3 septembre 1925, c'est le premier accident grave survenu sur cette ligne.



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 4 

septembre 1925 :



"L’accident de Chemin de fer de la ligne de Saint-Jean-Pied-de-Port. 

Hier soir, un train a déraillé entre Bidarray et Louhossoa il y a eu deux tués et plusieurs blessés. Le train est renversé. L'accident est-il dû à un excès de vitesse ?

(De notre envoyé spécial). 



Un terrible accident de chemin de fer est venu jeter la consternation dans l'après-midi de la belle journée d’hier. Il s’est produit sur la ligne de Saint-Jean-Pied-de-Port à Bayonne, sur un chemin de fer à voie unique, où la circulation est peu active et l’imprévu de cette catastrophe a, si l’on peut dire, ajouté encore à l’horreur. Si la voie ferrée est peu fréquentée, la route, au contraire est sillonnée par de nombreuses autos, les touristes parcourant volontiers la magnifique vallée de la Nive. Ceci a permis l’organisation rapide des secours et la nouvelle s’est répandue très vite à travers le pays, amenant sur les lieux les intéressés, c’est-à-dire les parents, les amis qui croyaient avoir quelqu’un dans le train et aussi un grand nombre des spectateurs assistant à la partie de pelote de Cambo qui, pour la plupart, y étaient venus en automobile. 



L’accident qui s’est produit entre Bidarray et Louhossoa, à l’heure réglementaire du passage du train, c'est-à-dire vers 4 heures et demie, a dû être connu assez tôt à Bayonne, au moins en même tempe qu'il le fut à Cambo. Cependant, à sept heures et demie, au moment où nous avons quitté l'endroit de la catastrophe, le train de secours n’était pas arrivé. 



Etant à Cambo à la partie de pelote, nous avons accompagné M. le docteur Colbert, maire de Cambo, qui aussitôt prévenu s’est rendu sur les lieux, ainsi que M. Ybarnégaray, député ; le docteur Camino, conseiller général et M. Darmaillac, juge au tribunal de Bayonne. Nous avons immédiatement procédé à une enquête. La fatalité, qu’on se plaît si souvent à évoquer, n'a rien à voir dans cet accident. 



L’enquête judiciaire établira les responsabilités et l’opinion publique réclamera des sanctions sévères, car malheureusement, les dégâts matériels qui sont énormes, sont aggravés par la mort de deux personnes et les blessures de plusieurs autres. Et il faut bien déterminer ceci : que si le train, au lieu de chavirer à droite, c’est-à-dire du côté de la route, était tombé à gauche, dans le ravin où coule la Nive, les morts auraient pu se chiffrer par plusieurs dizaines. 



Nous donnons ci-dessous des détails sur cet affreux accident. 



Comment on apprit l’accident à Cambo.



A la partie de pelote, alors que l’intérêt allait grandissant, on vint discrètement avertir le docteur Colbert et le docteur Camino. qui étaient sur les gradins, qu’un accident de chemin de fer venait de se produire à Itxassou et qu’il y avait des blessés. 



Ayant entendu cette communication et sachant que je pourrais être utile parce qu’infirmière expérimentée, je suivis le docteur Colbert qui accepta avec empressement mes offres de service. Immédiatement montés dans son auto, nous sommes passés chez lui pour prendre sa trousse et les pansements et nous avons pris la route d’Itxassou. Au passage à niveau, on nous dit que l’accident s’est produit en amont, vers Bidarray. Nous nous hâtons et nous arrivons au point kilométrique 229-127. Il y a déjà un rassemblement sur la route. Un jeune prêtre, l’abbé Laborde, vicaire à Ossès, très ému, nous accueille et nous mène à une voiture de livraison dans laquelle nous trouvons étendue une jeune fille mourante et plusieurs autres blessés. 



Déjà, tous ont été soignés par M. le docteur Collet, de Paris, qui se trouvait en automobile à l’endroit même et au moment précis où s’est produit l'accident. 



Tout a été fait. Notre intervention est inutile. 



Une jeune femme accroupie près de la mourante, sa sœur aînée, croyons-nous, semble une statue du désespoir et de l’épouvante. 



Tous les autres blessés sont silencieux. Leurs regards passent par dessus nous sans s’y arrêter. On n'entend que le râle de la moribonde. 



Nous descendons, profondément émus, et on nous dit qu’il y a un mort dans le train, qui n’a pu être dégagé. 



Pour retirer la jeune fille qui, comme l’autre victime, était à la portière, il a fallu creuser profondément sous le wagon renversé. 



L’aspect du train.



Le train est là, dans un état qui dépasse tout ce que l'imagination la plus vive aurait pu concevoir. La locomotive qui fume encore est restée sur la voie, mais hors des rails. Le tender et le fourgon ont déraillé hors de la voie, à droite, et quatre wagons de troisième classe qui suivent sont couchés sur le côté, les roues complètement en l’air, les portières de droite reposant à plat sur le sol. 



Derrière, deux wagons de première et de deuxième classe et le fourgon de queue sont couchés sur le talus de la route qui tes a arrêtés dans leur chute. 



Sur un parcours de plus de 200 mètres, la voie est complètement saccagée : les traverses arrachées, les rails en miettes, le ballast défoncé. Des écrous, des morceaux de fer sont projetés au loin. C'est un spectacle d’épouvante. 



Le déraillement a commencé exactement au point kilométrique 229-350. La locomotive ne s'est arrêtée qu’au point 229-127. Il a donc commencé immédiatement après la courbe, sur un tronçon de ligne droite. 



D’après les dires des témoins.



La plupart des gens qui viennent à nous attribuent l'accident à la vitesse excessive du convoi. D'autres incriminent d’état de la voie. 



M. le docteur Collet, de Paris, actuellement à Saint-Jean-de-Luz, revenait d'une excursion à Saint-Jean-Pied-de-Port. Il suivait la voiture de son beau-frère. M. Marcel Devillette, entrepreneur à Paris. Il a eu la sensation que le train luttait de vitesse avec d'automobile de celui-ci. Il n’eut qu'à arrêter sa voiture et à descendre le talus pour porter secours. Il utilisa la boite de pharmacie du train et a constaté qu’il n’y avait rien pour faire des piqûres, ni seringue, ni ampoules. Une piqûre d’huile camphrée ou de caféine faite immédiatement à la jeune fille aurait peut-être pu la sauver. Moi qui me rappelle la pauvre petite figure émaciée et tragique, je pense qu'une piqûre de morphine aurait pu lui adoucir les affres du terrible passage. 



M. Marcel Devillette nous fait le récit suivant : 


S’étant trouvé arrêté au passage à niveau, il avait fait un signe de la main au mécanicien. Il rattrapa le train après Bidarray, à l'endroit où la route et la voie sont parallèles. Au moment où il arrivait à la hauteur de la locomotive, le tachymètre indiquait 70 kilomètres. 



A ce moment-là, le mécanicien fit un signe du bras. M. Devillette ayant la route libre devant lui, accéléra la vitesse sans s’occuper davantage du train, mais Mme Devinette vit celui-ci osciller. Effrayée, elle cria à son mari de ralentir. Au même moment se produisît la catastrophe. 



Je demande à Mme Devillette si le bruit a été formidable. 



Elle me dit n’avoir rien entendu. En ce moment horrible toute sa vie était réfugiée dans ses yeux. Elle a "vu" le train sauter puis, comme saisi par une main infernale, brusquement renversé. C’est tout !... 



M. l'abbé Laborde, dont le dévouement a été si actif, était dans le train. Il n’a rien remarqué d’anormal, bien que la vitesse lui ait paru plus grande qu’à l'ordinaire. 



M. Man, instituteur à Bayonne, qui accompagnait avec M. Bonnemans, également instituteur à Bayonne, une colonie de vacances de quinze garçonnets, n’a pas trouvé la vitesse excessive. Il pense que l’état de la voie n'était peut-être pas excellent, car le train avait beaucoup "dansé". Au moment de la catastrophe, M. Bonnemans et lui eurent toutes les peines du monde à empêcher les enfants de se mettre à la portière. Puis, brusquement, ils roulèrent les uns sur les autres "comme un château de cartes qui s’écroule". 



Ils s’échappèrent par les portières qui étaient maintenant le plafond du compartiment. Deux enfants contusionnés, pansés par le docteur Collet, avaient été dirigés en auto sur Bayonne



D’autres personnes nous disent qu'à leur avis le train allait trop vite. Le long trajet accompli par la locomotive — presque 300 mètres — semble à première vue, confirmer leur dire. 



L'une d’elles nous dit qu’elle avait remarqué, à la courbe, "que tout dansait". Selon cette personne, le fourgon qui se trouvait derrière le tender et qui était très peu chargé et par conséquent très léger a dû, par ses oscillations, provoquer le déraillement du tender placé immédiatement devant lui."



A suivre...





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