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dimanche 7 juillet 2024

LES FÊTES DE PAMPELUNE EN NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1948 (première partie)

LES FÊTES DE PAMPELUNE EN 1948.


Tous les 7 juillet, des dizaines de milliers de "festayres" se rendent à Pampelune (Iruña), en Navarre.




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AFFICHE FÊTES DE SAN FERMIN
PAMPELUNE NAVARRE 1948


Après les fêtes de San Martial à Irun (Guipuscoa) du 30 juin, arrivent dans la saison les fêtes de la San Fermin (ou Firmin) qui sont les 3èmes fêtes les plus importantes au monde, en nombre de participants, après Rio et Munich.



Ces fêtes se déroulent du 6 au 14 juillet, mais commencent véritablement le 7 juillet, jour du 

saint et premier jour de corrida.

Pendant 9 jours, environ 3 millions de personnes viennent faire la fête dans la capitale de la 

Navarre.



Les premières célébrations en l'honneur de Saint Firmin, considéré comme le premier évêque 

de Pampelune, remontent au Moyen-Âge (12ème siècle).

La cérémonie religieuse commémorait le martyre de Saint Firmin à Amiens, dont l'évêque 

ramena une relique du saint en 1186.

A partir de cette date, la dévotion au saint augmente et se consolide même quand la ville de 

Pampelune accueille une autre relique de Saint Firmin, deux siècles plus tard...



Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire V, le 5 septembre 1948, sous la plume de Jean 

Bouquet :



"Pendant 6 jours la ville entière devient une arène sanglante.

De notre envoyé spécial Jean Bouquet.



Elle est bien vraie l’expression française : "Aller à Pampelune"... ! Cinq heures de chemin de fer pour faire 150 kilomètres... Et quel train ! Archicomble au départ de Saint-Sébastien, bourré, submergé par une foule d'hommes à béret basque et à large blouse flottante, le mouchoir rouge vif autour du cou et l’inséparable "bota" (gourde en peau de bouc) en bandoulière. Il fait très chaud. J’ai comme voisin un gros type qui baragouine un français approximatif. Le train roule dans la campagne espagnole. Mon voisin doit deviner ma soif. Il me tend sa "bota" : 


— Buvez un coup !... C’est comme ça que l’on noue connaissance. Quelques minutes après, je sais que ce bavard aimable s’appelle Don Pablo. Il m'a pris sous sa protection et n’arrête pas de parler : 

— C’est la première fois que vous allez à la Feria de Pampelune ? Alors vous n’avez jamais vu d’encierro ? (ici un air de profonde commisération). Moi, señor, je vais à la Feria depuis trente-huit ans.

— La Feria de cette année sera-t-elle "bien" ? 

— Je pense. Les toreros engagés pour les cinq corridas sont parmi les plus célèbres de l’heure : les frères Dominguin, Parrita, Antonio Caro, Paquito Munoz et d’autres... Les toros, eux, proviennent des meilleurs élevages. 



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TOREROS PARRITA MARTORILL ET DOMINGUIN
ARENES DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Des heures durant, nous bavardons ainsi et voici le terminus : Pamplona, le Pampelune du bout du monde. 



En temps normal, c’est une ville bien calme de la Navarre, un paisible marché agricole de 50 000 habitants. Cette semaine sa Feria traditionnelle qui, en majesté, vient après celle de Séville, la transfigure. Les visiteurs affluent de toute la région. Les seuls étrangers sont des touristes sud-américains dans des voitures grosses comme des locomotives et quelques Français du pays basque, attirés par l’amour du toro. Durant la "fiesta", la population fait plus que doubler.  



Toutes les chambres des hôtels sont retenues un an à l’avance. Il faut se rabattre sur les "fondas" (auberges).  



Quelle hérésie d’ailleurs de vouloir dormir à Pamplona pendant la Feria ? Pendant la Feria, on honore San Fermin, le premier évêque et le patron vénéré de la ville. On l’honore pendant six jours de fête. Ou plutôt pendant une seule fête, qui dure six fois vingt-quatre heures, sans désemparer. 



Bienheureux San Fermin ! Ses fidèles (nombreux) se donnent bien du mal pour lui complaire. Les plus ardents sont ces jeunes Navarrais qui forment ce que l’on nomme les "cuadrilla". Ils parcourent les rues plusieurs fois par jour accompagnés d’un petit orchestre. Ils dansent, sautent, virevoltent, multiplient les entrechats et jetés-battus, claquent des doigts, jouent des castagnettes, chantent ou scandent au refrain avec un entrain jamais démenti. Le matin, ils sont plus d’un millier dans la "plaza de toros", pour la course des six vachettes emboulées qui les font voltiger généreusement et sans mal sur leurs cornes, pour la plus grande joie des spectateurs. 



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PLAZA DE TOROS
PAMPELUNE NAVARRE



A 17 heures, ils défilent avant la corrida sur la place del Castillo. Ce sont eux encore qui danseront sur les gradins dans une cacophonie assourdissante aussi bien pour mortifier le torero, dont le travail leur a déplu, que pour le glorifier après une belle "faena". Eux enfin qui, pendant la dernière nuit des fêtes, parcourront une dernière fois la ville, leurs grosses caisses à moitié éventrées, s’essuyant les yeux en chantant sur un air de complainte : 


"Ay de mi, Ay de mi, se acabo San Fermin" (Pauvre de moi, pauvre de moi, les fêtes de Saint Firmin sont terminées). 


— Ils sont en bronze, me dit Pablo, mon cicérone, en bronze et en caoutchouc. 

— Mais tout de même, il leur arrive de se reposer. 

— Oui, bien sûr, ils s’étendent parfois une heure ou deux sans se soucier de l’heure. Vous les verrez aussi s’assoupir à une table de café, ou assis au bord d’un trottoir, la tête entre les mains, ou encore allongés dans l’ombre fraîche d’un couloir. Ils dorment peu, mais mangent et boivent mieux encore. Leur fidèle gourde ne les quitte que pour s’emplir à nouveau d’un vin généreux. Du vin seulement. L’authentique absinthe d’avant-guerre (d’avant 14), que l’on peut déguster pour 10 pesetas (140 fr. le verre) en mangeant olives et langoustines ne les tente aucunement. Pas plus d’ailleurs que ce chocolat espagnol si épais et si parfumé. Ils lui préfèrent des plats plus relevés et plus populaires, le "bacalao" ou cet "ajoarriero" auprès duquel l’aïoli provençal paraît fade. Rien d’étonnant après de tels mets que les Navarrais se retrouvent une vigueur nouvelle. 



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FÊTES DE SAN FIRMIN 1949
PAPELUNE NAVARRE




Ils vibrent si intensément au cours des cinq corridas consécutives de la Feria ! Lorsque, le deuxième jour Pepe et Luis Miguel Dominguin eurent combattu magnifiquement leurs quatre toros, l’enthousiasme ne connut plus de bornes. C’est en triomphe que les deux frères furent portés jusqu’à leur hôtel. Dans la rue, chacun se félicitait, sans même se connaître, d’avoir eu le bonheur d’assister à un tel événement. 


— Je vous dis qu’on en reparlera encore dans vingt ans. 

— "Que corrida barbara ! que torero !" 



L’animation étourdissante de la ville ne se ralentit pas, au contraire, à la tombée de la nuit. Dans les délicieux jardins du Bosqueutto, la fête foraine bat son plein. Sur la place del Castillo, la musique municipale déverse, suivant la traditionnelle formule, des flots d’harmonie auxquels succédera le fracas des détonations du feu d’artifice. Dans la rue de la Estafeta, c’est le toro de fuego, avec ses pétards et ses fusées qui est réservé aux enfants. Enfin, sur le "paseo" de Serasate, tous les danseurs se sont donnés rendez-vous, au son perçant et nasillard des "gaitas" et du tambour, moins agréable que fifres et tambourins de Provence, tous les airs du folklore basque et navarrais défilent, tandis que jeunes gens et jeunes filles rivalisent de grâce et d’entrain dans des figures à deux ou à quatre d’une ravissante harmonie. 



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PLACE DU CHÂTEAU 
PAMPELUNE NAVARRE



Quand la dernière bombe du feu d’artifice a éclaté, quand la dernière note des "gaitas" s’est égrenée dans la nuit, il n’est pas encore décent de songer à prendre du repos, il s’agit de réveillonner, de parcourir une fois de plus les rues où il y a encore foule à 4 heures du matin."



A suivre...





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