UN PEUPLIER EN MÉMOIRE D'EDMOND ROSTAND EN 1925.
Edmond Rostand, né le 1er avril 1868 à Marseille (Bouches-du-Rhône) et mort le 2 décembre 1918 à Paris, est un écrivain, dramaturge, poète et essayiste français.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia, le 31 décembre 1924, sous la plume de
Pierre-Plessis :
"Le Carnet d'Aladin.
Le Peuplier d'Edmond Rostand.
Vendredi soir, décembre 1924.
Sombrement vêtue, simple, un peu hautaine sans d'ailleurs y prendre garde, joignant à l'accent volontaire de ses gestes l'interrogation douloureuse de ses yeux, Mme Mante, sœur d'Edmond Rostand, achève au piano de jouer pour nous La Cathédrale engloutie. Ce salon lambrissé et laqué est éclairé par des lustres vénitiens et parfumé de violettes. Derrière les vitres, l'hiver a dépouillé les arbres. La nuit ternit déjà le sable, les murs et les herbes. Mme Mante interprète Debussy en grande et fougueuse artiste, avec délicatesse et passion. Mais si ses doigts se jouent des touches en virtuose, il semble que sa pensée demeure lointaine, indifférente même à cette agonie d'Apocalypse, à toute cette rumeur de flots et à ces cloches étouffées... Mystère de la tendresse ; prélude d'une plus tendre plainte ! le musicien n'éveillait en nous qu'une symphonie de grelots légers, une route entre deux montagnes, et des chansons dans le soir... Le visage du souvenir est si lumineux qu'il s'impose à l'esprit ou au cœur quelles que soient les forces qui le combattent ou les ténèbres qui l'assaillent. Mme Mante abandonna le piano et, quand tous les invités furent partis, c'est notre souvenir qu'elle appela.
JULIETTE MANTE-ROSTAND ET SES 4 ENFANTS |
— Le poète de Cyrano est trop oublié, dit-elle. Ah ! je ne parle pas des indifférents. Mais déjà beaucoup de ceux qui l'aimèrent et qui le connurent laissent au hasard des saisons le soin de fleurir sa tombe et d'honorer sa mémoire. Son âme sensible et généreuse doit errer, en ces jours anniversaires, des frontons du pays basque aux croix de nos champs de bataille !... Savez-vous combien de Parisiens assistèrent l'autre matin à la messe à Saint-Pierre-du-Gros-Caillou ? Une trentaine !... Et pourtant, qu'on le veuille ou non, il fut le modèle des amis, et le modèle des poètes. Ne croyez-vous pas que depuis sa mort la foi en la poésie soit tombée ?... Il fut l'un des derniers et des plus grands à lutter pour l'honneur des rimes, plus attaché à la servitude de la lyre qu'aux servitudes de la gloire... Ce solitaire n'aimait que l'air pur, les cœurs purs, la sagesse et le silence, la liberté et le courage, ses collines et sa Patrie !...
EGLISE ST-PIERRE-DU-CAILLOU PARIS 7EME ARRONDISSEMENT |
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