DISCOURS-PROGRAMME DE MARCEL RIBETON À BAYONNE EN 1941.
Par la loi du 16 novembre 1940, Vichy veut "réorganiser les corps municipaux".
Sous le régime de Vichy, le 12 décembre 1940, est promulguée au Journal officiel la loi du 16 novembre "portant réorganisation des corps municipaux".
Dans les communes de plus de 2 000 habitants, le Conseil municipal, le maire et les adjoints n'étaient plus élus mais nommés.
Le maire, qui n'est plus obligatoirement choisi parmi les conseillers municipaux, et les adjoints sont nommés par le ministre, secrétaire d'Etat à l'Intérieur, dans les communes de plus de 10 000 habitants, dont Bayonne.
Les nouveaux édiles devaient disposer de la qualité de Français au sens où l'entendait le régime, les nominations devant en outre traduire ses nouvelles priorités, c'est-à-dire "être faites de telle sorte que le conseil municipal compte obligatoirement parmi ses membres un père de famille nombreuse, un représentant de groupements professionnels de travailleurs, une femme qualifiée pour s'occuper des oeuvres privées d'assistance et de bienfaisance nationale" (article 13).
Presque simultanément, une loi du 14 novembre 1940 permet de déclarer démissionnaire d'office pour des raisons "d'ordre public ou d'intérêt général" tout conseiller municipal, comme tout conseiller général ou d'arrondissement, la démission d'office étant prononcée par le préfet dans les communes de moins de 10 000 habitants, par le ministre dans les autres cas.
Une loi du 16 novembre 1940 ajoute à cette procédure celle de la révocation des élus municipaux, prononcée par le même motif par le ministre après mise en demeure adressée par le préfet.
Voici ce que rapporta au sujet du nouveau maire de Bayonne, Marcel Ribeton, la Gazette de
Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 30 juin 1941 :
"Au Conseil Municipal de Bayonne.
Un discours-programme de M. Ribeton Maire de Bayonne.
Une adresse au Maréchal, chef de l’Etat.
Le nouveau Conseil Municipal de Bayonne a tenu samedi soir à l'Hôtel de Ville sa première séance sous la présidence de M. Ribeton, maire. Tous les conseillers étaient présents sauf MM. Deville et Etchepare, excusés, ainsi que MM. le commandant Ninous et Bonnet, prisonniers de guerre.
MAIRIE ET THEÂTRE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Après avoir procédé à l'installation officielle de ses collaborateurs choisis par ses soins, choix qui fût approuvé par l’Administration préfectorale, M. le Maire donna connaissance du programme administratif dont il entend réaliser l'ensemble pour le plus grand bien de la ville dont les intérêts viennent de lui être confiés.
M. Ribeton s'exprime en ces termes :
"Messieurs,
Avant d'aborder l'ordre du jour, je me dois de vous tracer schématiquement — et sans fleurs de rhétorique — le programme dont j’entends commencer la réalisation.
J’ai trois objectifs : l'hygiène publique, le chômage, le ravitaillement.
L'hygiène publique : Vous connaissez, Messieurs, les taudis de Bayonne, la situation actuelle ne peut pas durer. Je prépare, d'ores et déjà, les modifications nécessaires, du règlement municipal d'hygiène qui me donnera des armes et dont j’assurerai la stricte application.
Nous ne devons plus voir le scandale des poubelles. Pour ce qui est des taudis, maison par maison, nous exigerons un minimum d'hygiène, nous pourvoirons à la construction de nouveaux logements et nous exproprierons, sans merci, les immeubles spécialement insalubres.
Il ne me paraît pas être permis à un propriétaire de percevoir des loyers d'immeubles qui soient des sources de gangrène physique. Je vous proposerai, dans quelques instants, d'étendre le périmètre d'interdiction des débits de boisson. Je veillerai à la modernisation de l'Hôpital. Notre Hôpital qui est un hôpital magnifique, doit contenir tous les moyens de dépister une maladie et de la traiter. Il doit être un centre régional, à l’usage de tous.
Je vous proposerai, dans quelques jours, l'installation dans les immeubles Dubarry — donnés à la Ville dans ce but, il y a quelques 15 ans — d'une maison maternelle qui comprendra : une maison pour les mères pré et post-natale — un jardin d’enfants — une goutte de lait — des consultations d'enfants.
L'hygiène publique ne doit pas seulement être physique, mais morale. Sans crainte de critiques, j’userai des moyens que me donne la loi pour exclure les journaux pornographiques, les spectacles licencieux et pour assurer l'hygiène de la rue.
Le chômage : Il n’y a, pour l'instant, que peu de chômeurs à Bayonne — du moins officiellement — mais il existe des travaux à effectuer qui permettraient d’atténuer le chômage, s'il se produisait, el qui s’avèrent même nécessaires en tous temps.
Je veux parler de la réfection des voies dites privées, dont vous connaissez tous l’état lamentable et dont vous savez qu'il existe 22 kilomètres.
Je parlerai encore de l’abattoir qui est à refaire et des travaux municipaux dont je ne veux citer que les plus importants : le parc des sports qu’il faut achever, notamment par la réfection du terrain d’honneur et la construction d’un fronton, les égouts, la voirie, les immeubles communaux et les canalisations d’eau qui, faute du crédits d’entretien, ont beaucoup souffert.
Le ravitaillement : Messieurs, je ne veux pas prendre cette solution paresseuse qui consiste à dire — et qui est en partie vraie — que le ravitaillement n’intéresse pas les municipalités. J’estime, au contraire, que bien que démuni des moyens d’action directs, je dois m'en occuper spécialement. Il faut veiller à la distribution régulière des cartes de rationnement et de ravitaillement, sans aucune faveur — pour qui que ce soit et pour quelques motifs que ce soit. Il faut assurer la police des halles et marchés en n’ayant d’autre but que l'intérêt public. Il faut s’enquérir soigneusement et s'adresser à l'autorité supérieure respectueusement, mais avec insistance, une insistance renouvelée, les suggestions qui nous paraîtront devoir amener un meilleur état de choses.
Je crois devoir vous dire quelques mots de questions municipales graves qu’il faudra résoudre.
La place des Basques. Vous savez, Messieurs, qu'en 1927, la Ville de Bayonne a vendu les terrains de la place des Basques, sans observer les formalités exigées par les lois sur les lotissements. Je ne veux faire ici, le procès de personne. Qu’il vous suffise de savoir pour l’instant, que la faute n'en est, ni à la Ville, ni à ses représentants..."
UN COIN DES JARDINS BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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