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samedi 8 juillet 2023

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1934 (quinzième partie)

 

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.


C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.



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ALEXANDRE STAVISKY


Comme je vous l'ai indiqué précédemment, puisque nous sommes samedi, voici un autre article 

sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 24 janvier 

1934 :



"Ce n'est pas 150 mais 1 200 pièces qui ont disparu du dossier de l'affaire Stavisky.

Le directeur de "La Confiance" aurait touché 3 chèques de Stavisky. 

Le Conseil de l'Ordre des avocats va s’occuper des cas Hesse et Bonnaure. 



Paris, 24 janvier. 

— Le "Petit Parisien" précise, à propos de l’inculpation de Guébin, directeur de la "Confiance", que ce dernier aurait touché de Stavisky, trois chèques, se montant respectivement à 56 825 francs, 100 000 francs, 30 000 francs. 



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M GUEBIN DIRECTEUR LA CONFIANCE
PHOTO AGENCE MEURISSE
AFFAIRE STAVISKY 1934



Les cas Hesse et Bonnaure. 

Paris, 24 janvier. 

— Selon le "Matin", le conseil de l’ordre des avocats aurait commis divers rapporteurs pour l’examen des cas d’avocats parlementaires à qui on reproche d’avoir mis leur autorité politique au service de leur profession. 

Le bâtonnier Me Aubépin serait chargé de recueillir les griefs faits à Me André Hesse. 

Le bâtonnier Me Payen instruirait le cas de Me Bonnaure. 




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DEPUTE GASTON BONNAURE
PHOTO AGENCE MEURISSE



Voix et Pigaglio ont quitté Lyon.

Lyon, 24 janvier. 

— Voix et Pigaglio ont quitté Lyon ce matin pour Bonneville, où ils seront mis à la disposition du juge d’instruction. 



Les lettres trouvées chez Tissier.

Paris, 24 janvier. 

— Me Campinchi, l’éminent défenseur de Joseph Garat, accorde une importance toute particulière aux pièces trouvées récemment au domicile de Tissier, lors d’une nouvelle perquisition. 


"Tissier, n’est-ce pas, a déclaré l’avocat, accuse Garat, — il prétend que Garat a donné des ordres pour que soient émis 200 millions de faux bons, — et Garat s’en défend avec énergie. Comment les départager ? Il est établi que Garat a envoyé six ou sept lettres au ministère des finances afin d’obtenir que des inspections soient faites au Crédit Municipal de Bayonne. 

D’autre part, on a trouvé au domicile de Tissier, huit lettres, et dans lesquelles Garat demande à Tissier de ne pas dépasser dans l’émission des bons, le plafond autorisé. 

J’accorde à ce fait nouveau tant d’importance que, sans plus tarder, j’ai écrit à M. d’Uhalt pour lui demander de réserver à mon client, vers le 5 février, une grande journée d’interrogatoire. A la suite de quoi, si rien n’est changé et si le dossier ne s’est pas enrichi de preuves ou charges nouvelles, je demanderai la mise en liberté provisoire de Joseph Garat." 



Les députés socialistes demandent une commission d'enquête.

Paris, 24 janvier. 

— Le groupe socialiste de la Chambre a adopté les termes d’une proposition de résolution de M. Vincent Auriol qui s’opposera à celle de M. Ybarnégaray, relative à la nomination d’une commission d’enquête. 

Ce texte tend à la constitution d’une commission spéciale chargée d’instruire certains faits ne relevant pas des juridictions ordinaires et constatés au cours des enquêtes sur l’affaire Stavisky

Cet organisme serait doté des pouvoirs judiciaires et fonctionnerait au ministère de la justice. Il serait composé de la façon suivante : Les présidents des deux Chambres, trois sénateurs, sept députés élus par les bureaux des groupes, pour que toutes les tendances soient représentées, le vice-président du Conseil d’Etat, le premier président de la Cour des comptes, le doyen des procureurs généraux de province.

Cette commission, dont les travaux seraient gardés rigoureusement secrets, devrait déposer ses conclusions dans un délai de deux mois. 



Ce matin à l'Instruction à Bayonne. 


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JUGE D'INSTRUCTION M D'UHALT
PARIS-SOIR 16 JANVIER 1934


Ce matin, M. d’Uhalt a continué le classement des pièces des divers dossiers. Il s’occupe plus particulièrement de documents qui ont permis l'inculpation de M. Guébin, le directeur de la "Confiance", contre qui un mandat d’amener à été lancé, ainsi qu’on sait. 

Les deux experts joailliers, MM. Guidou et Pecquet, ont commencé ce matin d’examiner les bijoux au Crédit Municipal, en présence de M. Fenié, juge suppléant remplaçant M. d’Uhalt.



M. Guébin, directeur de "La Confiance" est inculpé.


Ainsi que nous le disions hier, le Sport, pour une fois, a eu raison de la curiosité publique. Alors que les magistrats, le défenseur de Tissier, Me Delmas... et Tissier lui-même se rendaient au Crédit Lyonnais pour lever les scellés des bijoux, en présence de l’ancien directeur du Crédit, les curieux étaient ailleurs. Ils se pressaient autour des voitures du Rallye automobile de Monaco. 


Si bien que ce transport passa à peu près inaperçu. 


Transport, d’ailleurs, rendu en partie inutile par suite de l'absence d’un témoin que la maladie retenait chez lui. N’empêche qu’entre temps Tissier a subi un interrogatoire. 


A part cela, peu d’événements hier — si l’on en excepte le mandat d'amener lancé par M. d’Uhalt contre M. Guebin, directeur de la compagnie d’assurances La Confiance — ô ironie des mots !

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Une communication des défenseurs de Tissier Mes Delmas et J.-Ch. Legrand retient l’attention : 


"Il a été annoncé que l'on aurait retrouvé des lettres dans lesquelles Garat écrivait à Tissier de ne pas dépasser le maximum autorisé pour les émissions de bons. 


On a même précisé que ces lettres auraient été retrouvées au cours d’une des perquisitions effectuées la semaine dernière, au domicile particulier de Tissier. 


Mes Jean-Charles Legrand et André Delmas, avocats de Tissier, sont en mesure d’affirmer de la façon la plus catégorique que cette nouvelle est entièrement inexacte. 


Il est faux qu’au cours des perquisitions, de pareilles lettres aient été retrouvées, soit au domicile de Tissier, soit à Bayonne. 


Tissier n’a reçu, et pour cause, aucune lettre de Garat ni de personne, lui interdisant de dépasser le plafond d’émission des bons.

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On annonce, d'autre part, le retour à Bayonne de M. Sadron, receveur des Finances, venant de Paris où il a fourni, au ministre des Finances, des éclaircissements sur les opérations du Crédit Municipal, à la satisfaction du ministre.

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Cueillons encore dans les renseignements retenus hier : Dans sa cellule à la maison d’arrêt de Pau, Camille Aymard s’occupe à préparer activement sa défense en vue de sa prochaine comparution, fixée à vendredi après-midi, devant la chambre des mises en accusation.


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CAMILLE AYMARD
PHOTO AGENCE MEURISSE

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La protestation du barreau de Bayonne contre la note publiée dans des journaux est très commentée. 

Les deux avocats du barreau de Bayonne intéressés dans l’affaire du Crédit Municipal, mus par un sentiment de délicatesse, n’ont pas pris part au vote.

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M. Gibert, commissaire de police, frappé par le Conseil des Ministres, proteste énergiquement contre la mesure qui l’atteint. On lui prête l’intention de saisir de son cas le Conseil de discipline. 

Et maintenant attendons, toujours avec une philosophie attristée les suites de cette scandaleuse affaire. 



A Bayonne. Le transfert des bijoux



Hier après-midi, M. d’Uhalt accompagné de M. Steeg, substitut du procureur de la République, de son greffier M. Sicres et des deux appréciateurs MM. Guidou et Luquet, s’est rendu au Crédit Lyonnais vers deux heures et demie. 


Le transfert des 53 boites de bijoux s’est opéré en présence de Tissier qu’assistait Me Delmas sans que le public, très occupé par le passage du rallye de Monte-Carlo y prête la moindre attention. 


Au Crédit Municipal, les magistrats et les experts ont procédé à un classement de tous les gages qui ont été numérotés un à un et à l’établissement des procès-verbaux de la journée. 


Ce matin les experts commenceront l’expertise proprement dite en présence des propriétaires des bijoux qui seront convoqués par le juge d’instruction. 


L’immeuble du Crédit Municipal qui contient actuellement pour plusieurs millions de francs de bijoux est étroitement surveillé, une escouade de gardes mobiles avait même pris position dans les couloirs hier après-midi. 



Tissier a été interrogé.


Tissier a été interrogé hier après-midi. L’interrogatoire a porté sur des points de détail, à propos de documents saisis et sur les complicités que Stavisky aurait obtenues dans la capitale pour faciliter les émissions de faux bons. 


Aucune question concernant les gages du Crédit municipal n’a été posée à Tissier. 


Aux termes de cet interrogatoire, il a été décidé de lancer un mandat d’amener concernant M. Guébin, directeur de la Compagnie d’assurances La Confiance



Mlle Sabatier quitte Bayonne. 


Mlle Sabatier, qu’on appelait couramment à Bayonne, Mme Tissier, va, paraît-il, quitter Bayonne pour échapper à la curiosité publique et à la poursuite des photographes. Elle eut même maille à partir avec l’un d’eux qui courait après elle pour prendre un cliché. 


Elle reste à la disposition de la justice en qualité de témoin. 



M. Gibert et M. Garat.


Nous lisons dans La Liberté


M. Gibert a manifesté sa surprise d’apprendre la mesure dont il était l’objet par la T.S.F. avant d’en avoir été averti par la voie administrative régulière. 


Passant aussitôt à l’offensive, le commissaire de police a déclaré aux journalistes qu’en février 1932, son collègue d'Orléans, le commissaire Fressard, était venu spécialement à Bayonne le mettre en garde contre les agissements de Stavisky. 


M. Fressard avait même pris la peine de communiquer à M. Gibert le dossier complet de l'escroquerie — avortée — du Crédit Municipal d’Orléans. 


A la suite de cette intervention, M. Gibert prévint, à son tour, le député-maire Garat, son chef hiérarchique. 


Mais Garat, loin de retenir les renseignements ainsi fournis, affirma au commissaire que l’on pouvait avoir toute confiance en Stavisky. 


Garat sera, sans doute, confronté avec M. Gibert à ce sujet. 



Les autres scandales.

L’affaire Georges Alexandre.


A l’heure actuelle, les diverses sociétés du groupe Alexandre sont les suivantes : 

Capital foncier ; Capital Assurance ; Banque française de l’Union générale des fonctionnaires civils et militaires de l’Etat, des Colonies, des départements, des communes et des grandes administrations ; Capital industriel et commercial ; Maroquineries réunies ; Compagnie Holding immobilière de France ; Rente viagère immobilière ; Société immobilière du Nord et de l’Est ; Groupement national des débitants de tabacs. 


L‘ensemble de ces Sociétés représente un capital actions et obligations d’environ 150 millions de francs pris dans l’épargne publique. 


Près de 2 500 fonctionnaires seraient notamment victimes de l’escroc ; parmi eux se trouvent 3 députés, 18 préfets ou secrétaires généraux, 30 trésoriers-payeurs généraux, 12 présidents de tribunaux, 2 procureurs de la République et 2 substituts, 50 magistrats, 12 commissaires de police, 103 conservateurs d’hypothèques, 307 percepteurs 73 officiers, etc. 


Plusieurs hauts dignitaires de la Légion d’honneur figuraient dans la liste des membres du conseil d’administration de la Banque Française de l’Union des Fonctionnaires, et leur responsabilité pénale se trouve engagée automatiquement, même s’ils ont été de bonne foi. 


L’affaire ne pourra donc, en définitive, être inscrite que par la cour. C’est pourquoi M. Ordonneau se trouvera amené à se dessaisir du dossier en faveur du parquet de la cour."



A suivre...








Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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