LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ET DE PRODUITS CHMIQUES DE MOUGUERRE EN 1922.
Au début de 1918, M. Fabius Henrion crée la "Société d'Etudes et de Produits Chimiques", pour exploiter une fabrique de soude à Mouguerre.
Voici ce que rapporta à ce sujet le Journal Officiel de la République française, le 30 avril 1922 :
"Annexe N° 4718.
(Session ord. — 2° séance du 6 juillet 1922.)
Projet de Loi approuvant une convention passée par le ministre de la guerre en vue du développement de la fabrication du carbonate de soude et de la soude caustique, présenté au nom de M. Alexandre Millerand, Président de la République française, par M. André Maginot, ministre de la guerre et des pensions, et par M. Charles de Lasteyrie, ministre des finances. — (Renvoyé à la commission de l’armée.)
Exposé des motifs.
Messieurs, la question de la production de la soude caustique nécessaire aux fabrications do guerre a préoccupé les ministères de la guerre et de l’armement pendant tout le cours des dernières hostilités.
La soude est en effet indispensable à la fabrication du phénol synthétique, matière première de l’explosif le plus employé — la mélinite — ainsi qu’à la préparation du dinitrophénol et de nombreux autres produits entrant dans la fabrication des explosifs et produits chimiques de guerre.
Les trois principales soudières de France étant situées dans les environs de Nancy, tout près de la ligne de feu, le grand quartier général avertit à plusieurs reprises le service des poudres qu'il serait peut-être force d'abandonner ces établissements à l'ennemi. Chaque fois le service des poudres insista pour que ces usines fussent spécialement protégées, en signalant que leur perte représenterait une réduction immédiate de plus de 300 000 kilogr. par jour dans la production des explosifs.
SOUDIERE LA MADELEINE 54 NANCY |
Cependant, par prudence et pour se couvrir contre tonte éventualité, on crut devoir constituer un stock de soude et de carbonate de soude au moyen d’achats importants à l'étranger.
Ces achats furent vivement critiqués devant la commission de l’armée du Sénat, par M. Henry Bérenger, chargé de suivre la marche du service des poudres, dans les termes suivants :
"Quant à la soude caustique, nous avons vu avec surprise depuis quelques mois se multiplier des achats importants à l’étranger... Ils sont d’autant plus inadmissibles que l’administration aurait pu et dû se mettre en mesure, même avant la guerre, de fabriquer sur notre territoire toute la soude nécessaire... Le monopole de fait perpétué en faveur d’une société étrangère semble être la seule raison pour laquelle l’administration n’a pas autorisé depuis vingt ans de nouvelles soudières en France.
Le résultat de cette situation a été :
1° De faire hausser d’une façon abusive le prix du sel et de la soude ;
2° D’en limiter la production en France ;
3° De paralyser l’industrie des matières colorantes au profit de l’Allemagne ;
4° D’obliger enfin en pleine guerre le service des poudres à se procurer annuellement en Amérique plus de 20 000 tonnes d’un produit que le sol de France peut, quand on le voudra, fournir à des frais infiniment moindres.
Nous devons mettre le Gouvernement en demeure de se procurer exclusivement avec les ressources du sol national la soude caustique nécessaire à la défense nationale."
Ce rapport fut adopté par la commission, le 8 novembre 1916.
REGLEMENT DES ATELIERS SOCIETE D'ETUDES ET PRODUITS CHIMIQUES MOUGUERRE 1949 |
Postérieurement, le 3 août 1917, à la Chambre des députés, au cours d’interpellations de M. Marcel Cachin sur un projet de concession de mines de sel gemme et de M. Louis Tissier sur le maintien d’un monopole de fait des sels industriels au détriment des usines de guerre et de la production nationale, le ministre des travaux publics fut amené à déclarer que le Gouvernement, soucieux de mettre fin à un monopole de fait des plus nuisibles à l’industrie nationale, se proposait de créer une soudière d’Etat, et l'ordre du jour pur et simple fut adopté avec cette signification expresse qu’il comportait approbation des déclarations du Gouvernement.
Dès le mois d’octobre 1917, le ministre de l’armement fit entreprendre par les services des mines et des poudres une étude, pour la réalisation d’une soudière d’Etat et, à la suite de ces travaux, il demanda, fin octobre 1918, à son collègue des finances, de vouloir bien comprendre, dans le projet de douzièmes provisoires afférents au premier trimestre 1919, qu’on ajoutât dans le budget des poudres une somme de 10 millions pour construction d’une soudière nationale.
La fin des hostilités entraîna l’ajournement de ce projet et les difficultés financières qui ont suivi la conclusion de la paix n’ont pas paru permettre de le reprendre.
L’occasion se présente, à l’heure actuelle de décider si, sous une autre forme, il n'y a pas lieu de poursuivre une politique qui a pu réunir l’approbation des deux Chambres.
Au commencement de 1918, un industriel M. Fabius Henrion, a fondé la "Société d’études et produits chimiques" en vue d’exploiter, à Mouguerre, aux environs de Bayonne une soudière munie de tous les perfectionnement qui étaient restés jusqu'ici le monopole de la maison Solvay. Ce groupe fut encouragé dans son entreprise, sinon officiellement nu moins officieusement, par le ministre de l'armement qui ne pouvait qu’être, satisfait do voir créer une nouvelle soudière hors des atteintes de l’ennemi.
FABIUS HENRION |
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