ESPELETTE (EZPELETA) EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1923

ESPELETTE EN 1923.

En 1923, la commune d'Espelette compte environ 1 250 habitants et est administrée par M. Louis Galan.

ENTREE DU VILLAGE D'ESPELETTE 1931
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Petite Gironde, le 23 novembre 1923 :

"Un village Basque.

Espelette.

Pour la troisième et dernière fois, la commission du Touring-Club vient de publier le résultat de son concours des villages propres et coquets. Il faut espérer que cette épreuve, qui a commencé à donner d’excellents résultats, pourra être reprise plus tard. 

Dans le Pays basque, dans ce centre qui se pique d'être touristique, huit localités seulement ont les honneurs du tableau. Ce chiffre est lamentable.

Ah si la commission avait voulu signaler le charme naturel des villages, leur situation pittoresque, leurs coteaux, leurs vallées, leurs montagnes, tous les villages basques auraient pu lever le doigt pour réclamer avec raison une citation, une mention ! Mais la commission, plus sage, n'avait mandat que pour signaler l'effort municipal et même privé, s'activant à augmenter ou tout au moins à entretenir le charme du paysage, pour obtenir cette propreté physique qui influe si heureusement sur la propreté morale. Mais cet effort presque partout reste indécis et souvent même n'existe pas. 

Il convient de rappeler les noms des villages basques où cet effort a été remarqué et qui, dans ce concours, noue ont sauvé la face. Espelette arrive toujours en tête, en première catégorie ; Louhossoa, Ainhoa, Ascain, dans la seconde ; Lacarre et Sare dans la troisième ; Larceveau et Saint-Jean-le-Vieux ferment le ban dans la quatrième et dernière. 

On aurait mauvaise grâce à marchander leurs titres. Espelette, le jour du marché, est un bien vilain bourg. La foire s'y tient partout et y prend ses aises. Presque toutes les maisons font auberge. Revenez le lendemain, et vous trouverez un Espelette méconnaissable, raclé, balayé, propre dans les cours les plus reculés, sur toutes les faces. C'est l'œuvre d'une municipalité soucieuse et Intelligente. Les maisons sont vieilles, mais les balcons sont ornés, et chacun soigne sa façade. Les pourceaux n’ont pas le droit de circulation, et les chats font patte de velours pour traverser la place. Avec son diplôme d’élégance, Espelette n’est plus menacé de perdre son titre de chef-lieu cantonal, que lui disputait Cambo, — où les langues travaillent plus que les balais, dit le proverbe. Si Espelette n'a pas ces villas où la vanité le dispute au plus déplorable goût architectural, Espelette montre avec un juste orgueil son vieux château, son église, une belle jeunesse féminine, qui joue aux quilles le dimanche... Il y a bien le revers de la médaille, mais nous ne le dirons pas. 

CHÂTEAU D'ESPELETTE 1929
PAYS BASQUE D'ANTAN

Louhossoa a depuis longtemps des écoles et des maîtres remarquables. Il est sorti de cet endroit des hommes qui font honneur au Pays basque. Il commande un important carrefour de routes, sur lequel la mu nicipalité fait vigilance. 

Ainhoa, frontière, est un adieu de regret pour ceux qui s’éloignent, et la plus gracieuse bienvenue pour ceux qui viennent. 

Ascain, la patrie de Ramuntcho, est le type des villages ouverts à la clientèle touristique ; Lacarre et Saint-Jean-le-Vieux sont au centre d'une contrée qui rappelle par sa belle tenue la Touraine, le Jardin de la France. Le nom de Sare, dans cette nomenclature, est bien placé pour faite le dépit de Cambo, sa rivale. Larceveau, dans son genre, est aussi bien qu'Espelette. 

PLACE D'ASCAIN 1923
PAYS BASQUE D'ANTAN

La promotion s'est arrêtée là, parce que partout ailleurs elle n’a pas trouvé de programme ni d'embellissement, ni de sérieux entretien. Heureux encore quand un village fait les frais d’un cantonnier municipal. La plupart des écoles n'ont pas de jardin scolaire, et souvent pour leur construction les importantes subventions de l'Etat ont abouti à un gâchis déplorable. Si la commune est éclairée à l’électricité, l’éclairage public n'a pas été imposé à la Société avec la fermeté nécessaire, et pour l'adduction d'eaux potables, les seules sources sont des "mares".

Il n y a pas lieu, au Pays basque, d'être très fier de cette situation. On n'y entretient pas la petite flamme sacrée qui s’appelle l'amour-propre local, et qui permet à chaque enfant de dire à son camarade du voisinage : "J'aime mon village plus que ton village, parce que j'y al beaucoup de beautés. que le tien n'a pas..." 

Notre département limitrophe, celui des Landes, nous fournit de nombreux exemples de ce qu'on obtient eu suivant, de générations en générations, une marche continue vers le progrès, vers la réalisation d'améliorations consécutives. Toutes les localités de la Chalosse, notamment, ont une distinction qui fait plaisir à voir.

CULTURE DES BETTERAVES DANS LA CHALOSSE
LANDES D'ANTAN

Pour aimer sa petite patrie, il faudrait mieux la connaître, et malheureusement les enfants et même les grandes personnes ignorent son histoire. On ne sait pas qui a construit ce château, qui résiste encore, si encore moins pourquoi des usines se sont accumulées là. S'il y a eu des hommes qui ont illustré la commune, il se peut que, même au cimetière, leurs noms soient introuvables. Cette impiété pour les choses du passé ont la principale cause de l’indifférence des vivants pour laisser un nom, un souvenir de leur passage sur la terre natale. Nous apprenons l'histoire ancienne, l'histoire sainte, l'histoire de France ; mais celle que nous négligeons le plus et que nous passons sans jamais connaître, celle qui devrait pourtant nous tenir le plus à cœur, est l'humble et pleure histoire locale."

 

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