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lundi 5 décembre 2022

LE CENTENAIRE DU "COURRIER DE BAYONNE" EN SEPTEMBRE 1929 AU PAYS BASQUE

LE CENTENAIRE DU "COURRIER DE BAYONNE" EN 1929.


En 1829, paraît le premier numéro du journal "Courrier de Bayonne et de la péninsule" et il disparaît définitivement en novembre 1947 sous le nom de "Le Courrier".




JOURNAL LE COURRIER DE BAYONNE


Ce journal a paru sous diverses titres de 1829 à 1940 :

  • De 3 octobre 1829 au 3 avril 1852 : Le Courrier de Bayonne et de la Péninsule

  • Du 4 avril 1852 au 31 janvier 1909 : Le Courrier de Bayonne

  • Du 1er février 1909 au 30 avril 1911 : Le Courrier de Bayonne et du Pays basque

  • Du 1er mai 1911 au 11 août 1912 : Le Courrier de Bayonne, Biarritz et Pays basque

  • Du 12 août 1912 au 31 mars 1913 : Le Courrier de Bayonne et du Pays basque

  • Du 1er avril 1913 au 18 novembre 1913 : Le Courrier de Bayonne et du Pays basque et 
L'Echo des Basses-Pyrénées

  • Du 19 novembre 1913 au 31 mai 1922 : Le Courrier de Bayonne et du Pays basque

  • Du 1er juin 1922 au 19 janvier 1925 : Le Courrier de Bayonne, de Biarritz et Pays basque

  • Du 20 janvier 1925 au 31 décembre 1938 : Le Courrier de Bayonne, Biarritz et du Pays 
basque

  • Du 3 janvier 1939 au 1er juillet 1940 et du 11 septembre 1944 à novembre 1947 : Le Courrier.



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien national Le Figaro, le 24 septembre 1939, sous la 

plume de Hubert Morand :



"Le centenaire du "Courrier de Bayonne".



Notre confrère le Courrier de Bayonne vient de fêter son centenaire. Son premier numéro a paru le 3 octobre 1829, sous le titre de Courrier de Bayonne et de la Péninsule. Il paraissait alors le mardi et le samedi, "immédiatement après l'arrivée du courrier d'Espagne", et ses bureaux étaient rue du Bourg-Neuf, dans le quartier du Petit-Bayonne, tout près de la rue Jacques-Laffitte où le Courrier est installé actuellement. Il appartenait à un groupe de républicains bayonnais ; son premier gérant fut M. Lavigerie, père du futur cardinal, et son premier rédacteur, un juif portugais, Brutus Mendez, que l'on croit avoir été un oncle de Catulle Mendès. Les opinions du Courrier alarmèrent le gouvernement de Charles X, qui lui fit un procès, et le journal disparut à la fin de juillet 1830, en même temps que la monarchie des Bourbons. 



Un ancien directeur du Courrier, M. Foltzer vient de publier un très intéressant historique du journal, dont voici le résumé.



Après la Révolution de Juillet, quand les esprits furent revenus au calme, le journal reparut, en août 1831, sous le titre de la Sentinelle de Bayonne, laquelle devint, en 1833, la Sentinelle des Pyrénées. Le plus important de ses rédacteurs était Bernard Lamaignère, révolutionnaire de 1789 et de 1830, supportant la royauté de Louis-Philippe à la condition que le Souverain consentit à n'être qu'un "roi-soliveau", et protestant contre le déploiement des processions à travers la ville. Comme lui, ses collaborateurs se déclaraient démocrates et écrivaient avec passion des articles de politique avancée. Aussi la Sentinelle se vit-elle intenter plusieurs procès politiques pour délits d'attaque contre l'inviolabilité de la personne du Roi, d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement ou de certaines classes de personnes telles que les magistrats. Toutes les fois que ces procès furent portés devant le jury, la Sentinelle fut acquittée, mais le tribunal civil de Bayonne condamna le journal à une très forte amende pour avoir inséré une note considérée comme diffamatoire envers deux magistrats d'Orthez, et le jugement fut confirmé par la cour d'appel et par la cour de cassation. Quelque temps après, en septembre 1848, la Sentinelle des Pyrénées expira. Le rédacteur en chef, Jean Lamaignère, fils de Bernard, mourut quelques jours plus tard. 


pays basque autrefois
LE COURRIER DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


L'Eclaireur des Pyrénées naquit presque aussitôt des cendres de la Sentinelle et suivit une politique semblable. Il eut pour rédacteur en chef un avocat parisien, Capo de Feuillide, que Lamartine honorait de son amitié. Il soutint la candidature du poète à la présidence de la République, mais Lamartine n'obtint que 174 voix dans les arrondissements de Bayonne contre 3 296 voix au prince Louis-Napoléon. Capo de Feuillide attira plusieurs procès à son journal par ses articles imbus de l'esprit démocratique ; le dernier de ces procès fut suspendu, le 3 décembre 1851, au milieu de violentes manifestations au conseil municipal et dans la rue, et le lendemain, l'Eclaireur avait vécu.  



Le 4 avril 1852 paraissait le premier numéro du Courrier de Bayonne, qui ne devait plus changer de titre jusqu'à nos jours. Le journal appartenait alors à la Veuve de Jean Lamaignère, qui dirigeait en même temps une imprimerie, et qui trouva un collaborateur du plus grand dévouement nommé Moncla. L'aîné de ses fils, Alfred Lamaignère, dirigea ensuite le journal jusqu'à sa mort, en 1906. Sous le Second Empire, le Courrier fut nettement bonapartiste, puis il fit partie des journaux dits conservateurs, avec certaines tendances plébiscitaires ; il s'adapta enfin, avec les directeurs qui suivirent, MM. Pouzac et Roger de Cardenal, à la politique des républicains modérés. Avec M. Foltzer, il devint libéral, et il l'est resté sous la direction de M. Jean de L'Espée, qui est à sa tête de puis 1925. 


pays basque autrefois
LE COURRIER DE BAYONNE BIARRITZ ST JEAN DE LUZ 1939
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les fêtes du centenaire ont commencé, le dimanche 15 septembre, par une messe solennelle célébrée dans la cathédrale de Bayonne, en présence de Mgr Gieure, évêque de Bayonne ; Lescar et Oloron. A l'Evangile, M. l'abbé Garay, Curé de Saint-Charles de Biarritz, a prononcé un fort beau discours, dans lequel il a félicité le journal de son dévouement a la cause catholique. Certains passages de ce discours étaient pleins de malice et d'humour ; on en jugera par ce passage : 


"Avec quelle impatience est attendue chaque soir la feuille amie ! La journée de travail achevée, on se précipite au kiosque pour la prendre, on l'arrache au vendeur qui passe, on l'emporte dans l'intimité du chez-soi. Là, sous la lampe familiale, au coin de l'âtre, si c'est l'hiver, on la déploie, on va vite à la seconde page qui étale les faits divers, les comptes rendus et, au fil d'articles pleins de verve, on retrouve, on revit, on savoure pour soi tout seul les émotions ressenties la veille, celles un peu violentes du match de football, de la course de taureaux, de la partie de pelote, ou celles plus douces d'une conférence, d'un concert, d'une belle cérémonie. Puis, on passe à la troisième page, la page funèbre, où les morts font leurs adieux aux vivants. Il faut voir si par hasard l'on ne serait pas d'enterrement le lendemain. Car il ne sera pas fait d'autres invitations. Et c'est une pieuse coutume pour le Bayonnais attaché aux traditions locales, c'est même une sorte de passe-temps sacré que d'accompagner jusqu'au seuil de l'autre monde le partant qui s'en va silencieux sur son char, tandis que ceux qui le suivent causent entre voisins des nouvelles du jour, 1e long des glacis dont les hautes frondaisons semblent continuer la voûte de l'église d'où l'on sort et mènent au champ de repos. Enfin, après avoir parcouru la lugubre nomenclature et pris ses décisions, notre lecteur revient pour finir à la première page et s'endort agréablement en lisant l'article de fond." 



L'orateur a rappelé à l'auditoire que le Courrier pouvait se faire gloire de deux illustres amitiés : le cardinal Lavigerie, né à Bayonne et attaché au journal par des liens de famille, et le cardinal Touchet, qui avait été chanoine de Bayonne. Le discours de l'abbé Garay a été très goûté. 



Le 16 septembre, matinée littéraire et artistique, au théâtre, sous la présidence de M. Alfred Camdessus, le distingué rédacteur en chef du Courrier. Il s'agissait de proclamer les prix d'un concours de poésie qui avait été ouvert, comme Figaro l'a annoncé, en l'honneur du centenaire du journal. Le jury était formé de MM. Jean Rameau, l'abbé Jean Lamarque, Edouard Dulac et Louis Ducla. L'abbé Lamarque, rapporteur, a rendu compte avec beaucoup de finesse et d'esprit de cette épreuve, à laquelle avaient participé quarante-cinq concurrents. Les quarante-cinq poètes avaient accordé leur lyre pour chanter Bayonne, Biarritz, le pays basque ou les gloires locales. Le premier prix a été décerné à M. Jean Suberville, lauréat du grand prix de poésie de l'Académie française, en 1921, pour son poème épique Le Dieu inconnu.



Les solennités religieuses et littéraires du centenaire accomplies, les rédacteurs, les typographes et les employés du Courrier ont pris part à une série d'excursions, banquets et réjouissances, auxquels le directeur du journal, M. Jean de L'Espée, a très aimablement convié de nombreux représentants de la presse régionale et de la presse parisienne, ainsi que de la presse espagnole. Ces fêtes, qui comportaient des bals, des parties de pelote, des courses d'aviron, un concours d'élégance automobile, et même un rallye-ballon et une représentation de guignol pour les enfants, ont duré toute une semaine et ont eu pour cadre les points les plus pittoresques et les plus célèbres du pays basque et de la Côte d'Argent : Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Ciboure, Espelette, Hasparren, etc., — sans compter Saint-Sébastien, — et notamment Martiénia, la belle demeure que M. de L'Espée habite aux environs de Guéthary. "


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"Au concours du Centenaire du Courrier de Bayonne, dont nous venons de parler, on a lu ce poème de M. Jean Suberville, qui a remporté le premier prix : 


Toi que j'aimai déjà lorsqu'à mes yeux d'enfant 

La ligne de Bayonne en double rail fervent 

Scintillait au soleil, se déroulait sans trêve, 

Longeant les gaves purs, contournant les monts bleus,

Pour s'en aller vers toi, terminus fabuleux 

Du long voyage et du beau rêve ! 



Je t'aimai plus encor quand je te vis un soir, 

Etagée et fleurie ainsi qu'un reposoir, 

Haute et vieille cité qui te drapes de morgue 

Et tends au ciel ta cathédrale où tour à tour

La terre basque prie et chante dans la tour, 

La mer basque gronde dans l'orgue ! 



Va ! sous tes airs vieillots, j'ai perçu ton secret ! 

Tes routes où sans fin l'aventure apparaît, 

 T'ont fait de siècle en siècle une âme de coquette !

Tu rêves accoudée au pont de Saint-Esprit 

Et tu regardes, l'œil clair et le cœur attendri?

Quel passant fera ta conquête... 



Mais, ô cœur fier, de tels amours furent si grands 

Que les poètes seuls et les seuls conquérants 

Ont pu cueillir la fleur piquée à ton corsage ! 

L'Impératrice en crinoline t'a souri ; 

Et deux Napoléons que ta beauté surprit, 

Ont baisé ta main au passage, 



Gautier jette sur toi des mots en confetti 

Et passe ! Ramuntcho que t'amène Loti, 

Autour de tes couvents rôde et pleure sa belle... 

Hugo souffle toujours sous tes cieux étoilés 

Dans le cor d'Hernani, qu'aux prochains défilés 

Le cor de Roncevaux appelle ! 



Chantecler, gorge d'or, te chante le réveil

Et sur tes flots d'argent, fait lever ton soleil ! 

Ne vois-tu pas enfin, quand les guitares tristes 

Greiottent dans la nuit sous tes balcons étroits, 

Des fantômes passer qui devant chaque croix 

Soulèvent leurs bérets carlistes ? 



Je t'aime pour ta foi, ton rire et ta fierté. 

Ville qui vis debout sur ton faîte indompté. 

Aussi fidèle et pieux que Dieu te fut fidèle ! 

Je t'aime pour ton lis, ta rose et ton laurier. 

Pour ton cœur à la fois fol, mystique et guerrier, 

Autel, jardin clos, citadelle ! 



Mais je t'aime surtout depuis l'heure ou tes fils, 

Mariniers de l'Adour et bruns pelotaris

Désertant les quais bleus, la blanche maisonnette, 

Ont lancé la grenade au fronton de Verdun 

Et planté pour jamais dans le ventre du Hun, 

O Bayonne, ta bayonnette !"




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