L'INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS D'AINHOA EN 1939.
Plus de vingt ans après la fin de la Première Guerre mondiale, en juin 1939, est inauguré le monument aux morts d'Aïnhoa.
MONUMENT AUX MORTS AINHOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 26 juin
1939, sous la plume de Bernard-Hallet :
"Le Monument aux Morts d’Ainhoa a été inauguré hier matin, au cours d’une fête patriotique et religieuse d’une émouvante simplicité euskarienne.
L'œuvre, dont la maquette est due à Philippe Veyrin se dresse à l’entrée du cimetière paroissial sobre et fine stèle discoïdale.
Aïnhoa... Le village qui sourit au soleil et qui donne l'accent basque à tous ceux qui disent son nom, a lourdement payé l'impôt du sang pendant la grande guerre. Sur cinq cents âmes, vingt-deux morts au front, sans compter un nombre double ou triple de poilus revenus ici et qui, peu à peu, se sont éteints après avoir quitté le brasier de quatre ans meurtris, gazés, mortellement atteints enfin.
Vingt ans ont passé...
Vingt fois le souvenir des tertres gazonnés qui, déjà, s'affaissent, au vent triste du nord eu de l’est, est venu, à chaque premier novembre ou à chaque Fête de la Victoire, s’imposer un peu comme un reproche muet au cœur des survivants... Un homme au couvage tenace, M. Terrien, a voulu et réalisé que la population d’Aïnhoa ait aussi le mausolée de ses enfants tombés au champ d'honneur. C’est Philippe Veyrin qui a dessiné la sobre et émouvante image de marbre : une stèle discoïdale que le maître marbrier Foisseau, ancien combattant lui aussi, a exécutée.
PEINTRE PHILIPPE VEYRIN 1929 PAYS BASQUE D'ANTAN |
En ce matin clair et bleu de dimanche, où la campagne, le ciel et les enfants sont habillés de juin radieux, le village se hâte vers l’église familière et ancienne qui s’embaume des premières roses, tandis qu’elle répand dans le cimetière l’odeur de son encens. Comme elle est déjà espagnole, cette église euskarienne, avec ses boiseries dorées et brillantes, avec ses saints rutilants : Martin entr’ouvrant son manteau, Catherine accordant sa douceur, et Blaise et Paul, et Pierre et Jean, avec leurs crosses ou sa croix où s’accrochent des vibrations rayonnantes de lumière. L’autel surélevé n’est plus qu’un reposoir et la paroisse, ici, rassemblée, une procession qui stationne... Cependant que la messe s’accomplit, douce et grave comme le recueillement des aïeules sous la mantille noire traditionnelle, les voies pures des jeunes filles et les ouragans intermittents des hommes juchés dans les galeries, alternent. Après l’offertoire, c’est un cantique de "De profundis" qui s’élève, si doucement modulé qu’il semble la berceuse tendre de la terre euskarienne à ses enfants plongés dans le dernier sommeil. Et l’on évoque alors les petits de jadis en regardant ceux d’aujourd’hui qui chantent et prient au pied du maître-autel. Ils ont été ces garçons qui s’entassent sur les bancs de bois, qui courbent bas leur tête à cheveux courts à l’Elévation... Ils ont été ces jeunes gens qui exhalent de leur mâle poitrine, ce "Credo", ce "Pater", cet "Agnus Dei" si fervents !
INTERIEUR DE L'EGLISE D'AINHOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire