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dimanche 18 décembre 2022

L'INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS D'AINHOA EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JUIN 1939

L'INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS D'AINHOA EN 1939.


Plus de vingt ans après la fin de la Première Guerre mondiale, en juin 1939, est inauguré le monument aux morts d'Aïnhoa.


 



pays basque autrefois religion monument morts labourd
MONUMENT AUX MORTS AINHOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 26 juin 

1939, sous la plume de Bernard-Hallet :



"Le Monument aux Morts d’Ainhoa a été inauguré hier matin, au cours d’une fête patriotique et religieuse d’une émouvante simplicité euskarienne. 


L'œuvre, dont la maquette est due à Philippe Veyrin se dresse à l’entrée du cimetière paroissial sobre et fine stèle discoïdale.



Aïnhoa... Le village qui sourit au soleil et qui donne l'accent basque à tous ceux qui disent son nom, a lourdement payé l'impôt du sang pendant la grande guerre. Sur cinq cents âmes, vingt-deux morts au front, sans compter un nombre double ou triple de poilus revenus ici et qui, peu à peu, se sont éteints après avoir quitté le brasier de quatre ans meurtris, gazés, mortellement atteints enfin. 



Vingt ans ont passé... 



Vingt fois le souvenir des tertres gazonnés qui, déjà, s'affaissent, au vent triste du nord eu de l’est, est venu, à chaque premier novembre ou à chaque Fête de la Victoire, s’imposer un peu comme un reproche muet au cœur des survivants... Un homme au couvage tenace, M. Terrien, a voulu et réalisé que la population d’Aïnhoa ait aussi le mausolée de ses enfants tombés au champ d'honneur. C’est Philippe Veyrin qui a dessiné la sobre et émouvante image de marbre : une stèle discoïdale que le maître marbrier Foisseau, ancien combattant lui aussi, a exécutée. 



pays basque autrefois peintre dessinateur ainhoa
PEINTRE PHILIPPE VEYRIN 1929
PAYS BASQUE D'ANTAN



En ce matin clair et bleu de dimanche, où la campagne, le ciel et les enfants sont habillés de juin radieux, le village se hâte vers l’église familière et ancienne qui s’embaume des premières roses, tandis qu’elle répand dans le cimetière l’odeur de son encens. Comme elle est déjà espagnole, cette église euskarienne, avec ses boiseries dorées et brillantes, avec ses saints rutilants : Martin entr’ouvrant son manteau, Catherine accordant sa douceur, et Blaise et Paul, et Pierre et Jean, avec leurs crosses ou sa croix où s’accrochent des vibrations rayonnantes de lumière. L’autel surélevé n’est plus qu’un reposoir et la paroisse, ici, rassemblée, une procession qui stationne... Cependant que la messe s’accomplit, douce et grave comme le recueillement des aïeules sous la mantille noire traditionnelle, les voies pures des jeunes filles et les ouragans intermittents des hommes juchés dans les galeries, alternent. Après l’offertoire, c’est un cantique de "De profundis" qui s’élève, si doucement modulé qu’il semble la berceuse tendre de la terre euskarienne à ses enfants plongés dans le dernier sommeil. Et l’on évoque alors les petits de jadis en regardant ceux d’aujourd’hui qui chantent et prient au pied du maître-autel. Ils ont été ces garçons qui s’entassent sur les bancs de bois, qui courbent bas leur tête à cheveux courts à l’Elévation... Ils ont été ces jeunes gens qui exhalent de leur mâle poitrine, ce "Credo", ce "Pater", cet "Agnus Dei" si fervents ! 



pays basque autrefois église labourd
INTERIEUR DE L'EGLISE D'AINHOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Et ils ne seraient plus rien désormais... Mais non, une stèle contient leurs noms, et M. Terrien, à l’issue de la messe célébrée par M. le curé-doyen Olhagaray, et après la sonnerie "Aux champs", et la minute de silence, la remet avec une éloquence pieuse et simple à M. le maire d’Aïnhoa. 



M. Saint-Jean, maire d’Aïnhoa, à son tour prenant le précieux gage du souvenir, remercie avec émotion et y trouve la leçon de sacrifice et d’union de tous les bons Français. 



M. Pierre Daguerre, sous-préfet de Bayonne, parlera de ces morts et des sillons qu’ils ont creusés sur les visages alarmés de ceux qui les aimaient ; il dira la vertu profonde que leur sacrifice fit naître et vivre même longtemps après leur grand départ. Cette confrontation de ceux qui vivent avec le souvenir de ceux qui ne sont plus a ici un caractère d’une indicible émotion, celle que doit surmonter celui qui parle avec un héroïsme simple et grand, puis que c’est à quelques mètres, dans ce même village, que l’une des douleurs majeures de la vie le frappa. C’est pourquoi la leçon trouvée ici a la valeur, l’autorité d'un exemple quand elle tend à relever les vivants de leurs éventuels découragements, et quand elle les assure que la présence de ce dépôt sacré, si riche de souvenir unique, les rend possesseurs d’une grandeur nouvelle ! 



Les enfants viennent ensuite déposer au pied du monument de petits drapeaux tricolores et toutes les roses des jardins d’alentour. 



Des anciens combattants basques défilent aussi, la gorge serrée, le regard triste, les tempes déjà grises sinon blanches... Ceux dont on évoque la mémoire sont partis avec eux, vivants et joyeux, il y a vingt ans... C’est au tour des officiels de s’incliner enfin devant le marbre. 



Il y a là MM. Pierre Daguerre, sous-préfet ; Terrien, Saint-Jean, maire d’Aïnhoa, de Coral, député des Basses-Pyrénées ; Henri Arbeletche, président du groupe basque de l’U. N. des Combattants, Philippe Veyrin, Sauvelette, Halsouet, Dr Dotezac, conseiller général ; Mathieu, Laurens, et le grand artiste Perico Ribera, vieil ami d’Aïnhoa, parent proche du village qu’il a illustré de son talent. 



La fête simple est terminée. 



La grand route voit les voitures s’éloigner, rapides et éblouissantes sous le soleil. 



Et les fleurs embaument doucement au pied de la stèle où palpitera désormais le cœur d’Aïnhoa."



Les morts d'Aïnhoa lors de la Première Guerre mondiale sont :

Etchepare Pierre

Haquin Jean-Pierre

Haquin Martin

Perurena Jean-Baptiste

Irigoyen Jean-Baptiste

Iribarren Pierre

Doyarçabal David

Doyarçabal Jean

Dolhare Jean

Iribarren Grégoire

Duros Armand

Marticorena Arnaud

Marticorena Pierre

Lartirigoyen Pierre

Hardoy Guillaume

Aguerre Jean

Fis Édouard

Pourtau Jean

Aguerre Vincent

Fernandez Jean-Baptiste

Ducos Jean-Baptiste



(Source : Monument à Ainhoa | Les monuments aux morts (univ-lille.fr))








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