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lundi 26 décembre 2022

À LA FRONTIÈRE DE LA NAVARRE, DU LABOURD ET DU GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN AVRIL 1936

À LA FRONTIÈRE AU PAYS BASQUE EN AVRIL 1936.


Depuis très longtemps, les journalistes ont visité le Pays Basque et effectué des reportages. 




QUINZAINE AERONAUTIQUE TOURISTIQUE ET POSTALE
BIARRITZ 1936



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal hebdomadaire La Femme de France, le 26 avril 1936 :



"Tourisme féminin aux frontières de trois provinces.

Navarre - Labourd - Guipuzcoa.



Il semble que les Pyrénées, si sauvages par ailleurs, ne puissent résister à la douce ambiance du pays basque : douceur des lignes comme du climat. 



A l'extrémité opposée de là chaîne, les Pyrénées Orientales se terminent par des crêtes sèches et arides, avant de plonger par une haute falaise de roche grise dans les eaux bleues de la Méditerranée. Près de l'Atlantique, au contraire, les montagnes s'épanouissent en collines arrondies, et une intense végétation en couvre les pentes.



La Bidassoa, qui sépare sur une certaine longueur le Labourd du Guipuzcoa, est une étrange rivière dont l'aspect change sans cesse suivant le site et aussi suivant l'heure de la marée. Près d'Hendaye, vous êtes tantôt sur les rives d'un lac, tantôt au bord d'une plaine de sable et de vase où brillent de minces filets d'eau et que divise le rapide courant de la rivière. Traversez le plateau ondulé qui sépare Hendaye de Béhobie, endroit où la route suit de nouveau le bord de la Bidassoa. La rive française est constituée par une verdoyante colline où la roche se montre parfois entre les arbres. Ce sont des falaises de grès dont la nuance va du gris au jaune et dont les longues strates sont régulièrement inclinées. La rivière coule juste au bas des pentes. Quand la marée haute arrête le courant de la Bidassoa, les eaux sont si calmes qu'elles semblent se fondre dans le double dessin renversé des arbres et des buissons qui s'y mirent ; dès que l'Océan cesse de contenir la rivière, le courant reprend sa force et de longues rides brisent la surface brillante de l'eau.


BEHOBIE ET BEHOBIA 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN


La rive espagnole est plus plate. Un large sentier la borde, reliant les guérites des douaniers. Ce sont de très jolies guérites, soigneusement construites, couvertes de fleurs et de plantes grimpantes. Des cultures, des prairies surtout, s'étendent jusqu'à la route qui va d'Irun à Elizondo. Plus au sud, recommence le moutonnement des collines couronnées par des bouquets d'arbres découpés en silhouette sur l'horizon brumeux. Près de la rivière et sur la pente des collines sont des maisons, des maisons blanches au toit rouge brun, isolées presque toujours. Plus en amont, on voit la vallée se creuser, des sapins sombres couvrent de petits tertres et tapissent les ravins ; tout au fond, les collines se succèdent en s'élevant peu à peu jusqu'à former de véritables montagnes.



A un coude de la vallée, suivez la route de Biriatou, qui monte vers la gauche dans une végétation de plus en plus luxuriante. Au delà du village, la montagne se redresse et s'élève par de longues pentes vertes, hérissées d'arbres à leur sommet. Biriatou est situé bien au-dessus de la vallée de la Bidassoa qui, sur une courte distance, sépare ici encore la France de l'Espagne et le Labourd du Guipuzcoa.




BIDASSOA ET BIRIATOU 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN



A mesure qu'on s'élève, le site devient plus sauvage, aussi bien sur les pentes de la montagne que sur lés rives de plus en plus lointaines de la Bidassoa. Maintenant, la crête que vous parcourez est sillonnée par le nombre infini des pistes sinueuses laissées par lès moutons. La montagne n'est plus que cailloux, ajoncs et fougères.



De nouveau, voici la frontière. Ici, ce n'est plus la Bidassoa, devenue entièrement espagnole, mais la crête de la montagne qui sépare la France de l'Espagne, et vous côtoyez, non plus le Guipuzcoa, mais la Navarre. La vue est devenue réellement très belle. Au loin, vers le nord : Biarritz, Saint-Jean-de-Luz et sa baie, la ligne brillante de la Nivelle, la vaste conque d'Hendaye. Tout près, la pente plonge brusquement vers des ravins où lace une route. Les taches blanches de quelques rares maisons apparaissent à mi-hauteur des collines. Les lignes simples du paysage se suivent en plans successifs, de plus en plus estompés et dont le dernier est formé par une haute montagne : ce sont les Pyrénées Navarraises.



Sur la crête, quelques bornes, sans autres indications, placées de loin en loin, délimitent les deux pays. Des troupeaux de moutons de petite taille, à la longue toison, à la tête fine, ondulent sur les pentes. Toute la montagne est habitée : des ânes, des chevaux pourvus d'une longue crinière et d'une longue queue, errent en liberté totale; ânons et poulains, haut perchés sur d'immenses pattes, les accompagnent sagement.



Au col d'Ibardin on retrouve la route. Un tronc de sapin, à peine écorné, couché sur deux rustiques chevalets, indiqué aux véhicules l'arrêt obligatoire. Une baraque mal construite abrite les carabinieros. Deux de ceux-ci, coiffés du bonnet de police, revêtus de l'uniforme gris-vert, enveloppés de longs manteaux, arrivent de patrouille et donnent aimablement des renseignements sur le pays. Disant adieu à la Navarre, suivez la route durement empierrée qui descend dans une forêt de chênes dé petite taille, sous lesquels poussent de hautes fougères. Dés ruisseaux dégringolent dans dé profonds et étroits ravins. A droite, la Rhune prend un aspect imposant. Voici Herboure, où sont des maisons de douaniers, accueillantes sous leur peinture jaune clair et leurs jolis grillages.



FERME ET RHUNE 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN



La route suit maintenant un plateau doucement ondulé, dans l'habituel décor du pays basque : fermes entourées d'un petit jardin bien entretenu, grands pâturages à moutons avec des fougères et quelques touffes d'ajoncs, chars à boeufs dont certains, rares aujourd'hui, ont encore les roues pleines du temps jadis. Ici ou là, une dépression permet d'apercevoir au loin Hendaye et Fontarabie. On arrive à une large route goudronnée, bordée de grands arbres. Tout près, voici Urrugne et son clocher carré, sur le passage des cars, à proximité du chemin de fer conduisant à Hendaye, à Saint-Jean-de-Luz ou à Biarritz.



Je ne puis penser à Urrugne sans me souvenir d'un trop aimable chien qui nous accompagna malgré nous, depuis Hendaye. Passant à Urrugne, il songea que nous serions heureux, lui et nous, de Iuncher. Le temps de prendre la photo ci-contre, et je m'aperçus que notre ami à quatre pattes déposait à mes pieds une volaille tuée et plumée, qu'il venait de dérober dans une cuisine. La juste indignation de la propriétaire de ce friand morceau nous engagea à renier immédiatement toute parenté avec le chien, qui s'enfuit, sans oublier sa poule, poursuivi par des cris et des cailloux également inopérants. Deux jours après, obligés de passer à nouveau par Urrugne, toujours avec le chien qui persévérait à nous suivre, nous fûmes heureux de profiter d'une pluie d'orage pour nous dérober aux regards méfiants de la population."



EGLISE D'URRUGNE 1938
PAYS BASQUE D'ANTAN




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