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mercredi 14 décembre 2022

LE NAUFRAGE DU "PADOSA" À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE LE 14 DÉCEMBRE 1907 (première partie)

LE NAUFRAGE DU "PADOSA" EN DÉCEMBRE 1907.


Dans la nuit de tempête du 14 décembre 1907, le "Padosa", trois-mâts suédois vient s'écraser sur les rochers, au large de la Grande Plage de Biarritz.


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16 DECEMBRE 1907 NAUFRAGE DU PADOSA BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 15 

décembre 1907 :



"Le Naufrage du "Padosa".



Dans des éditions spéciales, nous avons, au lendemain du drame poignant dont Biarritz a été le théâtre, donné au public les détails de ce naufrage et, dans le numéro hebdomadaire d'aujourd'hui, nous ne pouvons que reproduire, en les complétant les renseignements et les documents déjà fournis. 



En perdition. 

16 décembre. 



Une terrible catastrophe s'est produite dans la nuit de samedi à dimanche, causée par la tempête d’une extrême violence qui sévissait sur le Golfe de Gascogne. Vers 6 heures et demie du soir, la nouvelle se répandit qu'un voilier venait se jeter à la côte, du côté de la Grande Plage et, aussitôt après, les appels de détresse de la sirène du bord, les signaux du bateau, attirèrent une foule énorme en demandant du secours. Bientôt on eût pu constater la présence de tous nos braves marins : Million, avec des paillons imbibés de pétrole, allumait des feux sur la plage pour instruire les matelots de la situation de la terre. Des cordages furent amenés, des hommes se jetèrent à l'eau avec des câbles, essayant, mais très inutilement, de vaincre la mer démontée pour approcher du navire, qui était venu s’ensabler près des rochers qui continuent le plateau où s’élève l'Hôtel du Palais. 



Il n'y avait pas 150 mètres du rivage au voilier, et l'on dut bientôt se convaincre que les secours de terre étaient presque impossibles. Aucune barque n’eut pu tenir la mer dans ces parages semée de brisants ; de barque de sauvetage, il n'y en a point ; le canon porte-amarre fut amené — avec quel que peu de retard ; on mit eu place l'appareil pour la manœuvre des câbles qui devaient assurer le va et vient qu'on espérait établir bientôt entre la terre et le navire inconnu en perdition ; quand le canon fut en batterie, on lança une première amarre qui manqua le but, puis — à de trop longs intervalles — cinq autres amarres, dont le vent soufflant avec furie semblait se jouer en les portant à des distances invraisemblables. Cependant, la dernière amarre atteignit le bateau et s'accrocha à une partie de la coque, que l’on ramena très tard dans la nuit, jusque près du bord. Mais il était trop tard pour que les marins pussent la trouver, la saisir, et s’en servir pour leur salut. 



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MARINS SAUVETEURS ET CANON PORTE-AMARRE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Un autre obstacle, déplorable celui-ci, se présentait ; la foule immense des spectateurs ne pouvait être contenue et gênait considérablement la manœuvre des filins, cordages et appareils. Il faudrait bien, en pareil cas, qu’on pensât à faire venir de la troupe en nombre suffisant pour maintenir les gens au-delà des limites où leur présence est une si grande gêne. 



Cependant, les heures s’écoulaient, mortelles et angoissantes. Des dévouements admirables s’offraient en pure perte, les initiatives généreuses et dignes d’éloges se multipliaient. 



La nuit n’était pas tout à fait noire. Une sorte d’obscure clarté permettait de suivre les yeux l’agonie du navire que l’on voyait se pencher, se disloquer, s’émietter peu à peu ; la mer commençait à charrier des épaves, où l'on cherchait vainement une indication, un bout de filin ou de cordage permettant de communiquer avec les naufragés. 



L'Hôtel d'Angleterre avait fait envoyer une provision de feux grégeois, de feux..., avec lesquels on produisit des lumières, grâce auxquelles les marins purent voir ce qui se passait à terre. D'autres citoyens avaient apporté des feux d'appel, des flammes de bengale ; on épuisa ainsi la provision du Comité des Fêtes. En même temps, la Ville faisait donner toute la lumière des lampes à arc de la plage : l'Hôtel du Palais allumait tous ses feux, et cet éclairage, jeté sur le rivage, fut de beaucoup d’utilité pour le travail de sauvetage. Plusieurs automobilistes apportèrent des phares d’une intense lumière et une automobile appartenant à la comtesse Orloff-Davidoff, resta toute la nuit avec ses feux projetés dans la direction du bateau. Toute la nuit aussi, l’appareil lumineux du Cinéma, installé au Casino Municipal, projeta ses rayons de clarté sur la Plage. 



Il a été établi que les marins du pauvre voilier n’ont pas eu conscience, pendant les premières heures, du grave danger qu'ils couraient. Ils auraient pu, au début, munis de ceintures de liège, aborder assez facilement sur la grève, étant donné surtout que la mer, quoique furieuse, n’offrait pas encore ce terrible danger des épaves accumulées dont elle assomme les malheureux en détresse. Mais, ainsi que cela nous a été affirmé plus tard, le capitaine croyait tenir jusqu’au jour ; il se croyait simplement ensablé el ne connaissait pas la côte dangereuse où son bateau devait infailliblement périr.



La catastrophe. 



Vers dix heures cependant, les premiers craquements se firent entendre ; ils eurent dors conscience du péril. On les entendit prier tous ensemble des appels lamentables. 



L’Océan, continuant son œuvre, déchiquetait le navire et apportait à la côte tout ce qu'il arrachait : agrès, bastingages, barques ; puis, à 11 h. 14 exactement, un craquement sinistre se fit entendre ; le voilier s’ouvrit et disparut presque tout entier dans les flots. 



Cependant, un morceau de l'arrière émergeait encore, portant les marins qui semblaient, contre tout espoir, espérer encore un impossible secours. 



Mais au bout de dix ou quinze minutes, cette épave disparaissait aussi et la foule, anxieuse, cherchait en vain des yeux, sur la mer furieuse et noire, une trace de ces êtres humains, qui semblaient irrémédiablement perdus. 



Les minutes passaient, longues comme des heures ; plus d’une demi-heure s'écoula ainsi sans que l'on vit autre chose qu'un effroyable fouillis de bois brisés, de matériaux et d'objets divers, s’entrechoquant dans les vagues. 


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16 DECEMBRE 1907 NAUFRAGE DU PADOSA BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Sauvetage.



Tout à coup, un cri fut poussé par des marine : "Un homme à la côte !". On se précipita avec des cordes, avec des bouées, avec des échelles. Et, les uns après les autres, dans les criques voisines des falaises du Palais, cinq naufragés purent être sauvés au prix des plus grands efforts. Pendant ce temps, trois autres victimes étaient successivement recueillies près de la petite plage voisine de la villa "Les Vagues". 



Les naufragés furent admirablement soignés. Tout le corps médical était là, aidé par des concitoyens d’un dévouement à toute épreuve. 



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16 DECEMBRE 1907 NAUFRAGE DU PADOSA BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Leu plus beaux hôtels, les grandes villas s’offraient à recevoir les malheureux : l’Hôtel Continental, l’Hôtel Victoria avaient tout préparé pour eux ; mais on alla au plus près ; les hommes recueillis du côté de la de la Grande Plage furent conduits à l’Hôtel du Palais ; ceux qu’on sauva de l'autre côté, furent reçus à la villa "San Fernando", par le Dr Lacroze et sa famille. 



Ce fut pour tons un grand soulagement, de voir aboutir enfin tant d’efforts courageux, tant de vœux ardents et émus. 



Nous ne prétendons pas rendre ici justice à tous ceux qui se sont prodigués et dévoués. Dans un pareil cas, on ne peut tout voir ; mais nous signalerons sincèrement ce qui est parvenu à notre connaissance.



On a remarqué le dévouement de tous les marins qui ont tenté ce qui était humainement possible. Le capitaine Mazon, conseiller municipal, était là des premiers avec M. Goalard, et ils prodiguèrent leurs conseils et leur concours. Le commissaire de marine de Bayonne, MM. Long-Savigny, premier adjoint, remplaçant le Maire actuellement à Paris, M. Cassiau, deuxième adjoint, et la plus grande partie des conseillers municipaux restèrent là presque toute la nuit. 



Remarqué aussi M. Arthur Bonsonbv, secrétaire du Premier Ministre Anglais, Sir Campbell Bannermann, la plupart des médecins de Biarritz, M. Lhermeneau, capitaine des pompiers, qui se distingua par son activité. 



Noms devons signaler aussi le dévouement du Commander Caulfeild, commandant en retraite de la marine anglaise, qui se porta bravement au-devant de la chaloupe du Padosa an moment où celle-ci allait atterrir. Le commandant fut violemment heurté par l'avant de la chaloupe et dut être transporté à son domicile, où il s’est alité ; M. Fourquet, dit "Carcabueno", toujours présent et solide quand il s’agit de grand dévouement ; les marins Mimiague, Pommiès père et fils, Emile Henry, dit "Pinthiaïre", et tous leurs intrépides camarades, qui firent, en cette occasion, comme toujours, tout ce qu'il est humainement possible de faire ; un grand nombre de nos concitoyens, qui apportèrent aux gens de mer le concours précieux de leur initiative et de leur abnégation ; l’agent Romatet, qui a été assez sérieusement blessé au genou, M. Latrie, serrurier à la Compagnie des Eaux, blessé sur diverses parties du corps, et en particulier à la mâchoire, M. Chandesse, poélier, assez sérieusement blessé à la tête et contusionné sur le corps."



A suivre...



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