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jeudi 22 août 2024

LE CHÂTEAU D'APHAT À BUSSUNARITS EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS

LE CHÂTEAU D'APHAT À BUSSUNARITS.


La maison noble d'Apat est citée dans la liste des feux du royaume de Navarre en 1313 sous le nom de "appate" et en 1366 sous celui de "palacio dapate".

La seigneurie appartient en 1413 à la famille d'Ahaxe et au 16ème siècle à une branche de la famille de Saint-Esteben.




pays basque autrefois château basse-navarre
CHÂTEAU D'APAT BUSSUNARITS BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Je vous ai déjà présenté les châteaux suivants : Urtubie (Urrugne), ArcanguesMaytie (Mauléon), 

BidacheHaïtze (Ustaritz), Beraün (Saint-Jean-de-Luz), Artigaux (Moncayolle), Lacarre

Irumberry (Saint-Jean-le-Vieux), Ahetzia (Ordiarp), Ruthie (Aussurucq), CherauteAhaxe

CharritteMenditte, Eliçabia (Trois-Villes), Elhorriaga (Ciboure), Larrea (Ispoure) Saint-Pée-

sur-NivelleMouguerre,  Mauléon,  Sault (Hasparren), Jaureguia (Armendarits), Garro 

(Mendionde), Beyrie sur JoyeuseEtchauz (Saint-Etienne-de-Baïgorry), Luxe-

Sumberrauteles châteaux sans histoire, et le château de Laxague à Ostabat, voici aujourd'hui le 

château d'Aphat à Bussunarits-Sarasquetteil.



Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée Basque N° 6 de 1933 :



"Château d'Apat à Bussunaritz.



Le château d'Apat se trouve près du petit village de Bussunaritz et a été autrefois le siège d'une seigneurie qui portait son nom. On ne sait rien de ses origines. En 1360 seulement, il en est fait mention, pour la première fois, lors du mariage d'une demoiselle d'Apat avec Arnaud-Guilhem de Gramont, ricombre de Navarre.



En 1413, le seigneur en était Jeannicot d'Ahaxe. Le roi l'avait dispensé de toute imposition en considération de sa noblesse et des services qu'il lui avait rendus avec armes et chevaux. On voit, d'après cela, qu'il était chevalier, car pour être classé en Navarre dans cette catégorie de la noblesse, il fallait servir à cheval.



Au 16ème siècle, une branche des Saint-Esteben se substitue, par mariage, aux seigneurs d'Ahaxe. Pierre de Saint-Esteben chevalier, était échanson ordinaire du roi et gentilhomme de la chambre. Il obtint la charge de lieutenant du roi au château-neuf de Bayonne.



Une de ses filles, Catherine, épousa le vicomte d'Echauz. Parmi les enfants qui naquirent de ce mariage, il faut citer Bertrand d'Echauz qui devint évêque de Bayonne et archevêque de Tours.



Le fils de Pierre de Saint-Esteben, nommé Jean, lui succéda et bénéficia aussi de la faveur royale ; en 1548, il était échanson ordinaire du roi Henri II et, l'année suivante, il faisait partie de la bande des cents gentilshommes attachés à la personne du souverain. Peu de temps après il obtint d'être nommé gouverneur du château de Dax.



La famille était nombreuse à cette époque, car on trouve, dans la seconde partie du 16ème siècle, quatre Saint-Esteben d'Apat tués au cours d'opérations contre les Espagnols. Cependant elle ne tarda pas à décliner. Bertrand, fils du précédent, termina la dynastie et n'eut aucun héritier mâle. Que la seigneurie ait été vendue ou que ce fut par un mariage, elle était passée, vers l'année 1600, à Jeanne de Lamothe, mariée à Pierre de Lostal de Saint-Palais.



Cette nouvelle dynastie eut une courte durée. Une fille et héritière des Lostal épousa, en 1664, Guillaume de Sarrasquette qui fut le premier d'une lignée de plusieurs générations et dont les descendants possèdent encore le domaine d'Apat.



Pendant le 18ème siècle, ces gentilshommes firent du reste peu parler d'eux. Ils fournirent surtout des militaires et quelques ecclésiastiques. Un de ces derniers fonda le collège de Larressore devenu plus tard le petit séminaire et transformé, depuis la guerre, en hôpital pour les tuberculeux.



Durant cette période les Apat s'allièrent à plusieurs familles nobles de la Basse-Navarre, les Irumberry, les Urdos, les Saint-Martin, les Sorhouette, les Ansa. Il convient de mentionner l'un d'eux inspecteur des haras de Navarre en 1771.




pays basque autrefois château basse-navarre
CHÂTEAU D'APAT BUSSUNARITS BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



On n'est guère mieux renseigné sur ce que devinrent les Apat pendant la période révolutionnaire. Qu'ils aient émigré ou non, ils restèrent en possession de leurs biens de Bussunaritz où on les retrouve, en 1819. En cette année en effet, l'un d'eux, Joseph, épousa Clémence de Sicart d'Aloigny.



Jules qui naquit de cette union, entra dans la marine et prit part, comme officier, à la guerre de Crimée. Il y gagna la croix de la Légion d'Honneur sur le champ de bataille.



Ayant pris sa retraite, en 1865, comme lieutenant de vaisseau, à l'âge de 42 ans, Jules d'Apat se retira à Bussunaritz où il passa le reste de ses jours, sauf pendant la guerre de 1870. Nommé alors commandant de la garde mobile de l'arrondissement de Pau, il servit avec distinction dans l'armée de l'Est ce qui lui valut la rosette de la Légion d'Honneur.



De retour à Apat il conserva, jusqu'en 1880, le commandement du 142e Régiment d'Infanterie territoriale. Entre temps, il s'occupait activement des intérêts de sa commune comme maire et de ceux du pays de Cize comme syndic. Il mourut sans postérité en 1892.



Jules d'Apat avait une soeur mariée à M. Van-den-Zan, d'origine belge. De ce mariage naquirent six enfants dont un, Léon, hérita des biens de Bussunaritz qu'il laissa, en mourant, à sa veuve, mère aussi de six enfants.



Madame Van-den-Zan est la propriétaire actuelle du domaine d'Apat dont elle dirige l'exploitation avec une activité et une compétence qui en ont fait un des plus beaux du pays de Cize.



Le château peut être classé parmi les intéressantes demeures du Pays Basque. Comme ceux d'Uhart et de Laxague, il est situé au fond d'une vallée, entouré d'arbres séculaires et dominé par le pittoresque village de Bussunaritz.



C'est un édifice de forme carrée, flanqué de quatre tours circulaires surmontées d'un toit pointu recouvert de tuiles plates. Les quatre côtés sont percés d'ouvertures de dimensions diverses et disposées sans aucun souci de la symétrie. On remarque, dans les tours, des embrasures pour canons aujourd'hui murées. Au-dessus d'une ancienne porte d'entrée, également murée, sont des armoiries en très bon état de conservation.




pays basque autrefois château basse-navarre
CHÂTEAU D'APAT BUSSUNARITS BASSE-NAVARRE
BMB N°6 1933
PAYS BASQUE D'ANTAN



Cette constatation est d'autant plus intéressante que les écussons des maisons nobles, si nombreux autrefois, ont disparu presque complètement du pays basque français.



Il n'est pas douteux que l'édifice se compose de deux parties d'époques très différentes. Le mur de refend était la muraille extérieure à une date où le château avait des dimensions moitié moindres de celles qu'il a aujourd'hui.



Deux constatations viennent à l'appui de cette opinion. L'ancienne porte murée dont il vient d'être question, étant données ses dimensions et sa situation, ne pouvait être que l'entrée principale. Elle est en effet contiguë à une tour dans laquelle se trouve l'escalier conduisant aux étages supérieurs et elle ouvrait sur un vestibule d'où l'on pénétrait dans cette tour.



En second lieu, la nature des matériaux n'est pas la même partout. Tandis que, dans la partie la plus ancienne, il a été fait usage de moellons de grand appareil, les pierres de la partie la plus récente sont de dimensions beaucoup plus petites.



Il est donc probable qu'à l'origine, l'édifice ne comprenait pas plus de deux ou trois pièces par étage et qu'il aura été agrandi dans la suite, comme l'ont été plusieurs autres demeures nobles du pays. Quant aux époques de sa construction et de ses agrandissements, on ne saurait les fixer avec certitude. Cependant il semble qu'on puisse attribuer la partie nouvelle au 17ème ou au 17ème siècles ; en voici la raison. Les armoiries sont celles des Sarrasquette. Or on connaît la date du mariage d'Etchepare de Sarrasquette avec Catherine d'Apat. Ce ne peut être que postérieurement à cette époque, c'est-à-dire après 1664 que les agrandissements ont été réalisés, car les armoiries de Sarrasquette y ont été apposées au plus tôt lors du mariage.



Quoi qu'il en soit le château d'Apat a grand air tout en conservant un caractère familial dont on saisit tout le charme dès qu'on en a franchi le seuil. le grand vestibule qui le traverse de part en part est coupé, en son milieu, par une large voûte en forme d'anse de panier, pratiquée dans le mur intérieur. Des deux côtés s'ouvrent des pièces de grandes dimensions auxquelles peu de modifications semblent avoir été apportées depuis longtemps. On s'y sent dans un milieu de traditions où les influences ataviques se décèlent dans bien des détails.



Ca et là d'anciens meubles, de vieux portraits de famille, etc..., et, religieusement conservés, au-dessous d'un heaume moyenâgeux, des armes, des képis, des décorations du dernier des Apat, réunis en panoplie et qui semblent symboliser le rôle de ces anciens gentilshommes depuis l'époque des croisades jusqu'aux temps modernes.



Dans un semblable milieu, à l'exemple et sous l'influence d'une mère pénétrée des principes qui font la force des familles et d'un pays, nul doute que les descendants des anciens seigneurs de Bussunaritz ne sachent continuer les nobles traditions des nombreuses générations d'ancêtres qui les ont précédés."







(Source : Château d'Aphat à Bussunarits-Sarrasquette - PA00084366 - Monumentum)






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