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samedi 17 août 2024

LE CULTE DE LA DANSE EN SOULE AU PAYS BASQUE EN 1909

LE CULTE DE LA DANSE EN SOULE EN 1909.


Les danses souletines sont parmi les plus anciennes du Pays Basque et sont d'une grande diversité.




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COMPOSITEUR CHARLES BORDES


Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia, le 6 septembre 1909 :



"Le Culte de la Danse en Soule.



A propos des Fêtes Traditionnelles basques données à Saint-Jean-de-Luz les 29 et 30 août et des danses souletines exécutées à cette occasion, nous recevons cette note de M. Charles Bordes, fondateur des "Chanteurs de Saint-Gervais" et Directeur de la Schola Cantorum : "De toutes tes provinces basques, la Soule est peut-être celle où l'amour de la danse est le plus vivant, le plus respecté, le plus aimé, entretenu avec un véritable culte par toute une jeunesse belle, saine, ardente et souple qui maintient comme elle le peut et par la seule force et le respect de la tradition, les divertissements chorégraphiques que leur ont légué leurs ancêtres. 



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FONDATEURS DE LA SCHOLA
CHARLES BORDES
VINCENT D'INDY ET GUILMANT


"Chargé autrefois, et à plusieurs reprises, par le Ministère de l'Instruction Publique de mission au Pays Basque afin d'en recueillir les traditions populaires et surtout les chansons, je fus frappé à la vue des danseurs Souletins non seulement de leur agilité mais de la complication apparente de leurs pas, de leur correction et surtout du soin qu'ils prenaient à en surveiller l'ordonnance. C'était le temps des beaux danseurs, il y a déjà vingt ans. Ces traditions chorégraphiques comme toutes les traditions dites populaires, les chansons, les contes de veillées, les Pastorales, étaient les vestiges d'œuvres de lettrée et musiciens reconnus, de chorégraphies consacrées, dont la tradition populaire s'était emparée pour les déformer peut-être, les ennoblir souvent, les réincarner en leur donnant la marque du milieu et de la race où elles s'étaient réfugiées. Frappé des racines que cette chorégraphie toute populaire semblait prendre dans nos traditions françaises de la danse de théâtre aux XVIIe et XVIIIe siècles qui, du théâtre, s'étaient transportées dans les écoles de danse de régiment comme il en existait autrefois, ce qui fut un bienfait, pour enfin venir échouer au village dans de lointaines vallées pyrénéennes du Pays Basque où elle fleurit encore pour le régal de nos instincts plastiques et de nos yeux, au lendemain de la dure leçon que les danseurs russes du ballet impérial de Saint-Pétersbourg sont venus nous donner ce printemps, alors que chez nous la danse par les hommes est absolument discréditée et oubliée au théâtre, il m'est venu l'idée un peu saugrenue mais originale quand même de prouver qu'il existait en France un pays, le Pays Basque, où la danse par les hommes est encore vivante et respectée. Je rêve donc, après avoir fait exécuter à ces jeunes gens leurs danses traditionnelles basques d'adapter ce qui leur reste de traditions françaises de chorégraphie d'Art aux rythmes du célèbre ballet des Scythes d'Iphigénie en Tauride du grand Glück ; ballet dansé au XVIIIe siècle par les seuls hommes que l'on remplace souvent à notre époque par de vulgaires travestis.



Je me suis attaché pour cette tentative de reconstitution, un homme de l'art vieilli dans le métier, M. Rougier, qui fût un de nos derniers danseurs de théâtre et fût longtemps maître de ballet. Il vint à Tardets, et c'est le fruit un peu hâtif de quelques jours d'études en plein pays basque sur un groupe de jeunes gens intuitifs et passionnés que nous venons vous présenter aujourd'hui.



Soyez indulgents à la hardiesse de la tentative et au résultat obtenu. Puissent-ils prouver l'excellence de la danse masculine au théâtre, et faire germer à la suite de ces fêtes la nécessité de créer, en plein pays basque, à Tardets, une école de danse pour enfants et jeunes garçons susceptible de devenir plus tard une pépinière de danseurs de théâtre qui, élevés à la fois dans l'amour et le respect de leurs danses traditionnelles locales et de l'art chorégraphique de nos grands Maîtres de l'Opéra français seraient appelés à devenir peut-être un jour, comme au XVIIIe siècle, des Vestris, ou comme de nos jours en Russie, des Niginsky ou des Folkine."






Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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