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mardi 13 août 2024

UN POÈME DE MME ROSEMONDE GÉRARD SUR LE PAYS BASQUE EN AVRIL 1926

UN POÈME DE ROSEMONDE GÉRARD EN 1926.


Rosemonde Gérard, née Louise-Rose-Etiennette Gérard, le 5 avril 1866 et morte le 8 juillet 1953, est une poétesse et comédienne française.

Elle a épousé Edmond Rostand le 8 avril 1890 et a eu deux enfants avec lui, Maurice et Jean.




pays basque autrefois écrivain cambo chantecler aiglon arnaga
POETESSE MME ROSTAND ROSEMONDE NEE GERARD


Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia, le 18 avril 1926 :



"Le pays basque.

"L'Arc-en-Ciel", tel est le beau titre donné par Mme Rosemonde Gérard au nouveau recueil de vers que la poétesse consacre à l'éloge lyrique et fervent de ce magnifique pays basque qu'aimèrent Loti et Rostand et dont elle a su traduire avec art la magique splendeur.




pays basque autrefois écrivain cambo chantecler aiglon arnaga
POEMES L'ARC-EN-CIEL
DE ROSEMONDE GERARD



Je t'aime, Pays basque inoubliable, toi

Qui répands sans compter ton soleil sur les toits ;

Qui jettes brusquement, d'un nuage de suie, 

La parole d'argent des lumineuses pluies 

Auxquelles le gazon répondra par des fleurs ; 

Je t'aime, Pays basque aux cent mille couleurs 

Et plus désespérant que l'arc-en-ciel lui-même ; 

Pays basque, charmant et terrible, je t'aime !

Toi qui blanchis tous les chemins ; toi qui lias 

Les hivers aux printemps par des camélias,

Et qui mets une rose au bord de chaque averse ;

Toi qui sais fabriquer tout un tapis de Perse 

Rien qu'avec une flaque où le ciel se mira ;

Toi qui, en la nommant brusquement "chistera", 

Devant un mur blanchi pour la folle bataille 

Fais voler dans les airs la longue main de paille, 

Et poses fièrement sur la beauté du soir

Comme un grain de beauté ton petit béret noir !



Je t'aime, Pays basque, entouré de mystère,

De symboles profonds, de jardins solitaires.

Arbre qui se referme autour d'un rossignol !

Ciel où viennent mourir les refrains espagnols !

Route où les pas sont blancs car l'espadrille est blanche !

Ah ! comment oublier sous les piments en branche

Ces balcons noirs que l'air voulait pâlir en vain !

Ah ! comment oublier le fidèle ravin

Qui d'un pas de Roland voulut garder l'empreinte !

Et ce grand arbre, dont une relique sainte 

Habitait la maison d'écorce, et qui, dessous, 

— Je le revois, cet arbre, au tournant d'Itxassou, —

Abritait, comme un fruit qui sous les feuilles brille, 

Un enfant toujours nu et toujours en guenille 

Qui ne pouvait vraiment qu'à un fruit ressembler

Et si beau qu'on avait envie de le voler !



Je t'aime, Pays basque aux couchants d'améthyste !

Pays miraculeux où l'on devient si triste

Qu'il semble que l'on a contracté brusquement 

L'inguérissable mal de tes chênes géants 

Qui les fait tous pâlir sous une brise tiède.

Pour toi non plus on ne connaît pas de remède 

Lorsque tu t'es glissé dans nos yeux éperdus, 

Pays mystérieux, et qu'on ne peut pas plus 

Comprendre que les mots qui sortent de ta lèvre ; 

Pays qui sais donner et le calme et la fièvre, 

Car il fait chavirer les cœurs sur l'horizon

Autant qu'il fait pencher les toits de ses maisons ; 

Pays de rêve, de misère, et de folie,

Si beau qu'on ne peut plus l'oublier de la vie, 

Plus beau que Naples même où l'on prétend mourir.

Trop beau pour que jamais on puisse y revenir !"







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