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jeudi 29 août 2024

FOUILLES ROMAINES À SAINT-JEAN-LE-VIEUX EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1966 (première partie)

FOUILLES ROMAINES À SAINT-JEAN-LE-VIEUX.


Entre 1965 et 1975, ont eu lieu des fouilles historiques et archéologiques sur le site d'Imus Pyrenaeus, à Saint-Jean-le-Vieux, en Basse-Navarre.





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FOUILLES ROMAINES SAINT-JEAN-LE-VIEUX 1966
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée Basque N° 34 en 1966, sous la plume de Jean-

Luc Tobie :



"Fouilles romaines à Saint-Jean-le-Vieux.


Présentation du site.


Le site auquel la tradition donne le nom de "Camp Romain" est situé à l'ouest du village de Saint-Jean-le-Vieux, sur la terrasse de la rivière Laurhibar ; il est constitué par deux grands champs rectangulaires qui occupent les parcelles n° 423-425-427 du Plan Cadastral, présentant l'un par rapport à l'autre une dénivellation de brusque de 1m. 50 environ. Cet ensemble forme une terrasse bien délimitée au Nord par la route nationale 133, au Sud et à l'Ouest par la petite route menant à Aïncille, à l'Est enfin, par un chemin encaissé conduisant à un pont sur le Laurhibar et rejoignant la route d'Aïncille. Le chemin et la route dominés de 5 à 7 mètres par les glacis du camp fort visibles et tout à fait rectilignes empruntent apparemment le tracé de l'ancien fossé.



Ce camp se présente donc comme un ensemble homogène, de forme rectangulaire, mesurant environ 180 mètres de long sur 120 de large, bien délimité sur trois côtés et nettement surélevé par rapport aux prairies qui descendent en pente douce vers la rivière.



Sur tout le côté Ouest de l'ouvrage (dominant la route d'Aïncille) court un fort talus, atteignant parfois 3 mètres de hauteur pour une largeur de 4 mètres à la base, qui évoque par ses proportions un agger défensif.



Sur la frange Est du "camp" s'élève une butte d'une vingtaine de mètres de haut et d'une trentaine de mètres de diamètre à la base, connue sous les différents noms de "Kaxkomendi", de "Tertre romain", ou encore de "Camp de César" et dont l'origine et la destination ont quelque peu intrigué les esprits depuis que l'on y découvre régulièrement d'incontestables vestiges antiques.



Les dernières trouvailles faites en 1963 sur cette motte et en divers points du village par M. B. Duhourcau, trouvailles qu'il a consignées dans un rapport à la Direction des Antiquités Historiques d'Aquitaine, nous apportèrent d'utiles indices pour nos investigations.



M. B. Duhourcau fait état, dans ce même rapport, de la découverte d'un groupe de cuves funéraires grossières aujourd'hui presque toutes disparues. Il en subsiste une dans la propriété Laco située à 200 mètres du "Camp Romain" dans laquelle on récupéra après la guerre, un moyen bronze à l'effigie de Septime Sévère qui est actuellement en possession du rapporteur.



Enfin et surtout, la tradition place à Saint-Jean-le-Vieux le site d'Imus Pyrenaeus, station sur la voie romaine de Bordeaux à Astorga, mentionnée dans l'Itinéraire d'Antonin et dont le tracé a été étudié par L. Colas.



La motte féodale.



Cette série de données nous permit d'axer nos recherches sur deux centres précis. La butte de "Kaxkomendi" tout d'abord. Le problème qu'elle pose semble assez facilement résolu, mais, même s'il ne subsiste aucun doute dans l'esprit des chercheurs de notre région quant à sa datation approximative, il serait souhaitable qu'une étude particulière, tant archéologique qu'historique dissipât définitivement les croyances qui font du tertre un édifice contemporain du "Camp Romain". Ce tertre présente toutes les caractéristiques de la motte féodale traditionnelle des 11ème ou 12ème siècles. Dans le cas de Saint-Jean-le-Vieux, les assises du donjon qui la couronnait étaient encore visibles au début du siècle. Quant au fait qu'elle renferme des tessons de céramique romaine ou tout autre vestige antique, il s'explique par son édification même. Traditionnellement l'on construisait une motte de ce genre avec la terre retirée des larges douves qui la cernaient ; cette méthode simple évitait les inconvénients de transport d'un remblai trop lointain et permettait dans une même action de doubler la défense, en ce sens que plus les douves étaient profondes et larges, plus la motte était élevée et puissante. Ainsi le creusement de ce fossé qui échancrait le camp romain proprement dit dans sa partie Sud-Est (son tracé quoique comblé est parfaitement visible dans ce secteur), entama la couche archéologique romaine, tirant ainsi, pour l'édification de la motte, de la terre chargée de vestiges de toutes sortes.



La répartition apparente de la céramique dans tout le volume de cette motte, s'explique par la méthode de construction qui voulait que l'on s'élève en déversant la terre à partir du sommet du cône.



La campagne de sondages.



Le deuxième point était le camp proprement dit.



Quatre sondages furent effectués de mars à octobre 1966 : trois d'entre eux dans la partie Sud-Ouest du "Camp" et le dernier dans la partie Est à proximité de la motte (voir le plan).




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PLAN FOUILLES ROMAINES
SAINT-JEAN-LE-VIEUX 1966
PAYS BASQUE D'ANTAN




Le premier sondage, pratiqué le plus au Sud et sensiblement sur l'axe présumé du "Décumanus", mit à jour, à 40 cm de profondeur et sur une surface de 7 m2, un beau dallage de grès rouge. Ce sondage révéla fort peu de mobilier : quelques petits fragments de céramique "sigillée" et de céramique de tradition locale.



Le second sondage, pratiqué à une quinzaine de mètres au N.-E. du précédent et dans le même axe, mit à jour, à 65 cm de profondeur et sur une surface de 1 m2 environ, un pavage de galets mis de champ et parfaitement homogène. Ce second sondage donna également un mobilier très pauvre, mais lui aussi antique.



Le troisième sondage, à quinze mètres à l'Est du précédent, ne donna que peu de résultats.




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PLAN FOUILLES ROMAINES
SAINT-JEAN-LE-VIEUX 1966
PAYS BASQUE D'ANTAN



Ces trois sondages nous livrent des témoins d'une infrastructure architecturale ignorée jusqu'alors et que confirme un agrandissement de photo aérienne du site.



Le quatrième sondage, pratiqué dans la partie N. E. du camp (partie haute), allait magnifiquement confirmer ces premiers indices.



Architecture.



Entre la fin du mois de mars et le mois d'octobre 1966, l'on met à jour un ensemble de murs de 65 cm de large, arasés entre 45 et 60 cm, bâtis selon la méthode dite "de blocage" : coffrage de gros moëllons, à l'intérieur duquel sont entassés des moëllons plus petits, le tout en grès rouge sur une fondation de gros galets et ans aucun mortier.




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FOUILLES ROMAINES SAINT-JEAN-LE-VIEUX 1966
PAYS BASQUE D'ANTAN






A ce jour, l'on a dégagé 11 m. 80 de murs. Ceux-ci s'ordonnent en fonction d'un grand mur orienté S. E. - N. O. ; cette partie dégagée sur 2 m. 10 apparaît plus détériorée que le reste. A 3 m. 40 de l'angle que forme le grand mur avec son retour, apparaît un mur de refend parallèle à ce dernier et dégagé sur 1 m. 10 de long. L'on a ainsi le départ d'une première pièce qui présente, dans son angle S. E. , un quart de cercle composé de neuf très gros galets, non fondés, reliant les deux murs et formant une sorte de foyer d'angle (?). A 15 cm de la crête des murs, apparaîssent, par endroits, les restes d'un dallage grossier fait de plaques de grès rouge taillé de 3 cm d'épaisseur et ne dépassant pas 25 cm de côté.



Stratigraphie.



L'étude stratigraphique, vu l'état peu avancé des recherches, ne prétend pas à des affirmations. Des travaux d'arasement, dans la haute partie du camp, remontant à 3 ans, ont abaissé celle-ci de 1 m. 50 environ, évitant de très peu un sol pavé qui forme la couche 1 de la stratigraphie. Ce pavage très compact est fait de gros galets et de blocs de grès rouge grossièrement taillés ; il a été trouvé jusqu'alors partout en place et ne présente pas de solution de continuité. Ce sol est pour l'heure indatable ; le récent arasement ayant fait disparaître tout indice, seuls subsistent, mêlés à la fine couche de terre végétale qui le recouvre, quelques fragments de céramique, souvent locale et fruste, à priori antique, mais indatable avec précision.




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STRATIGRAPHIE FOUILLES ROMAINES
SAINT-JEAN-LE-VIEUX 1966
PAYS BASQUE D'ANTAN



Couche II : Sous ce gros pavage, de 18 à 25 cm d'épaisseur, qui a fait office de "couvercle" protégeant les niveaux inférieurs, apparaît une couche de terre brun clair (terre végétale mêlée d'argile et de sable), de 35 cm d'épaisseur. Si l'on considère que l'on se trouve en présence des fondations des murs, l'on ne peut que rattacher le dallage de plaques de grès au même état et, dans ce cas, l'ensemble architectural appartiendrait à la couche II. Cette couche renferme un mobilier assez peu abondant par rapport à la densité de celui de la couche III : quelques tessons de céramique "sigillée" difficilement datables avec précision et surtout beaucoup de céramique locale (vases à décor peigné, à engobe externe rougeâtre et à bord plat). La plupart du temps, ce mobilier est trouvé au contact des murs ou du sol dallé, ce qui laisserait supposer que la couche II est essentiellement composée d'un remblai sur lequel on a posé le gros pavage du sol I, après avoir arasé des murs ruinés.




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HAUT AMPHORE FOUILLES 1966
SAINT-JEAN-LE-VIEUX



Couche III : Sous le niveau du dallage de grès (sol II), l'on rencontre une couche d'incendie, très nette, de 10 cm d'épaisseur environ (charbon très dense et terre argileuse mêlée de cendres, de nombreux clous et de fragments de bois calciné), puis une couche de terre argileuse très dense de 55 cm d'épaisseur, mêlée de charbons.



Cette couche III, qui a de 65 à 70 cm d'épaisseur en tout, est la plus riche. La densité du mobilier y est exceptionnelle ; celui-ci est souvent trouvé dans un état remarquable de conservation."



A suivre...







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