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lundi 5 août 2024

LE CHÂTEAU D'OSTABAT EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS

LE CHÂTEAU D'OSTABAT.


Le château de Latsaga ou château de Laxague a été construit dans la seconde moitié du 14ème siècle à Ostabat, par extension d'une maison forte du 13ème siècle pour Pes de Laxague.




pays basque autrefois histoire château basse-navarre
CHÂTEAU DE LATSAGA OSTABAT
Par Utolotu — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=94148495




Je vous ai déjà présenté les châteaux suivants : Urtubie (Urrugne), ArcanguesMaytie (Mauléon), 

BidacheHaïtze (Ustaritz), Beraün (Saint-Jean-de-Luz), Artigaux (Moncayolle), Lacarre

Irumberry (Saint-Jean-le-Vieux), Ahetzia (Ordiarp), Ruthie (Aussurucq), CherauteAhaxe

CharritteMenditte, Eliçabia (Trois-Villes), Elhorriaga (Ciboure), Larrea (Ispoure) Saint-Pée-

sur-NivelleMouguerre,  Mauléon,  Sault (Hasparren), Jaureguia (Armendarits), Garro 

(Mendionde), Beyrie sur JoyeuseEtchauz (Saint-Etienne-de-Baïgorry), Luxe-Sumberraute

et les châteaux sans histoire, voici aujourd'hui le château de Laxague à Ostabat.



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CHÂTEAU DE LAXAGUE OSTABAT
BMB N°6 1933


Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée Basque N° 6 de 1933 :



"Château de Laxague, à Ostabat.



Le château de Laxague se trouve à un kilomètre au Sud du village d'Ostabat. Il est généralement peu connu, ce qui tient sans doute à sa situation. Au pied d'un côteau, entouré d'arbres, il n'est pas visible de loin et on peut passer près de lui sans se douter de son existence. Il présente cependant un réel intérêt au double point de vue archéologique et historique.



Malheureusement, les renseignements que l'on possède sur ses anciens propriétaires sont très incomplets et ne peuvent fournir qu'une très légère contribution à l'histoire du pays.



En 1270, il est fait mention de Pées de Laxague qui accompagna à la croisade les rois Saint-Louis et Thibaut II ; mais, plus heureux que son souverain, il en revint.



Ses descendants figurent à l'occasion des principaux événements qui marquèrent les siècles suivants, sans cependant avoir eu un rôle de premier plan. Par contre, par leurs alliances et leur politique, ils ont fait bonne figure à toutes les époques.



Cette famille atteignit l'apogée de sa fortune au 14ème siècle avec un autre Pées de Laxague. Pées avait épousé Jeanne de Beaumont, fille naturelle de Louis, infant de Navarre, troisième fils de Philippe III, roi de ce royaume. Il avait ainsi acquis des attaches puissantes et il sut les mettre à profit. Il était ricombre et jouissait de toutes les faveurs accessibles aux gentilshommes navarrais. Il est cité comme "señor del palacio de Larçaban", en 1388, dans le rôle des gentilshommes qui servent le roi avec armes et chevaux. Plus tard on le trouve chambellan du roi Charles III le Noble.



Au milieu des intrigues qui séparèrent les deux partis de Gramont et de Beaumont, il sut garder un juste milieu bien qu'il inclinât plutôt vers les Beaumontais. En 1384, il est cité comme assistant à une des nombreuses trêves au cours desquelles ces seigneurs jurèrent d'observer une paix qui ne dura pas plus que les précédentes. Vers la même époque, il rendit un signalé service à la cause royale dans les circonstances suivantes.



Il a été question, dans l'article relatif au château d'Urtubie, d'une expédition en Albanie à laquelle prirent part plusieurs gentilshommes basques. L'infant de Navarre en faisait partie.



Se trouvant là-bas dans une situation fort embarrassée, il pria Charles le Mauvais de lui envoyer du secours. Celui-ci s'adressa à Pées de Laxague et lui demanda de fournir à l'infant cent lances, mais en ajoutant qu'il n'était pas en situation d'en faire les frais.



Laxague prit 1 900 ducats qui formaient la dot de sa femme et emprunta à Bertrand de Lacarre 42 marcs d'argent. Puis il partit au secours de l'infant. Revenu en 1388, il reçut du roi de Navarre, pour prix du service rendu, "les droits de rente provenant du territoire d'Ostabaret avec le bailliage de ce pays et dans les terres de Soule, avec dix vaches et quatre saumons que les Souletins lui doivent payer tous les deux ans."



Dans une pièce de la même époque le seigneur de Laxague est désigné comme possédant aussi les pays de Labets, Somberraute, Irissary et Gentein. Il mourut en 1393 ne laissant qu'une fille. Ses titres, biens et nom passèrent à son petit-fils, Bertrand de Sainte-Engrâce, marié à Marie d'Echauz.



Bertrand, armé chevalier en 1396, reçut, en outre des charges héritées de son grand-père, celle de châtelain de Saint-Jean-Pied-de-Port qu'il remplit de 1397 à 1407.



Dans cet intervalle, il fut chargé, par le roi de Navarre, de plusieurs missions en Angleterre, ce qui montre de quelle considération il jouissait, non seulement auprès de Charles le Noble, mais aussi de la part de Jean d'Aragon. Ce dernier lui fit don, le 8 septembre 1431, de trois-cent-quatorze livres de rente sur les péages d'Ostabat et de Saint-Jean-Pied-de-Port en récompense de ses bons et nombreux services.



Le fils et le petit-fils de Bertrand bénéficièrent des mêmes bienveillances royales ; mais le roi exigea d'eux l'engagement de ne plus se mêler des querelles entre les Luxe et les Gramont. Cela ne porta pas bonheur au seigneur de Laxague, car une bande de partisans des Gramont le mit à mort, "sans nul motif et sans qu'il ait fait déplaisir ou dommage à homme du monde", est-il dit dans la plainte que sa mère adressa, à ce sujet, à Roger de Gramont.



Lors de la séparation de la Haute et de la Basse Navarre, son successeur resta fidèle à son souverain légitime Jean d'Albret et, lorsque Henri d'Albret succéda à son père, en 1520, il se rendit à Saint-Palais pour lui prêter serment de fidélité.



Bernard II, son fils, qui lui succéda dans toutes ses prérogatives, eut une conduite assez équivoque pendant les guerres de religion. Etant donné ses attaches avec les Luxe il est peu vraisemblable qu'il n'y prit aucune part. Quoi qu'il en soit il ne fut pas compris parmi les meneurs dont la conduite indisposa au plus haut point la reine et son fils. Il conserva la charge de bailli d'Ostabaret et il est probable qu'il ne perdit pas les bonnes grâces du roi, à en juger par la lettre qu'Henri IV écrivit plus tard à Sully à son sujet...



On voit que si les Laxague pouvaient être classés parmi les bonnes familles du pays, par leurs alliances et par les emplois qui leur étaient confiés, ils n'en étaient pas moins peu fortunés, partageant en cela le sort de la plupart des gentilshommes basques.



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BLASON DE LA FAMILLE LAXAGUE



Pendant le 17ème siècle, ils ne font pas parler d'eux.



Le 22 mars 1720 seulement on en trouve trace, car, à cette date, noble Dominique de Laxague épousa Catherine d'Irumberry de Sallaberry et, en 1743, il est fait mention de l'admission de Valentin de Sainte-Marie seigneur de Laxague aux Etats de Navarre. La famille s'était donc continuée par les femmes, mais on n'a plus aucun renseignement à son sujet. Si elle n'est pas éteinte, elle a tout au moins disparu du pays.



Ses biens sont passés par plusieurs mains. Antérieurement à 1870, ils appartenaient à M. Schilt, notaire à Saint-Jean-Pied-de-Port, qui les vendit, il y a une cinquantaine d'années, à M. Primorena, d'Ostabat. Le fils de ce dernier en est le propriétaire actuel.



Le château a été incendié à une époque qu'il n'est pas possible de déterminer. Dès lors il perdit son caractère primitif d'habitation noble pour devenir le siège d'une exploitation agricole. Divers bâtiments ont été élevés dans la cour intérieure ; mais, s'ils ont notablement changé son aspect, ils n'empêchent pas de reconnaître ses anciennes dispositions.



On est surtout frappé de son unité. Ses diverses parties sont de la même époque et présentent les caractères des châteaux forts du XIVe siècle. Dans son ensemble, il a la forme d'un rectangle dont les quatre côtés sont formés par de hautes murailles encadrant une cour intérieure. On y pénètre par une porte ogivale pratiquée dans une tour carrée située à un des angles et sensiblement plus élevée que les murs du château.



Cette tour est en parfait état de conservation ainsi que la porte que fermait une herse ; c'était la seule de l'édifice. A chacun des trois autres angles il y avait une échauguette de grandes dimensions qui permettait de battre, des deux côtés, le bas des courtines qu'elle commandait. Les murs étaient en outre surmontés d'un chemin de ronde faisant le tour du château. Il n'est pas possible de dire s'ils étaient munis de machicoulis ou de hourds ; cette dernière hypothèse paraît la plus vraisemblable, tout au moins à l'origine.



A l'intérieur on trouve une ancienne chapelle transformée en grenier à fourrage et dont les voûtes ont été remplacées par un plancher. Les habitations, granges, écuries et hangars étant adossées aux murailles, celles-ci sont entièrement dissimulées à l'intérieur. On remarque cependant un escalier de pierre en colimaçon ménagé dans l'épaisseur des murs et conduisant au chemin de ronde ainsi qu'une salle circulaire voûtée et éclairée seulement par des meurtrières.



Les quatre côtés sont de pierres d'un bel appareil quoique de dimensions et de nature différentes.



En résumé, avec son donjon, sa porte d'entrée à herse, ses murs épais sans ouvertures, ses fossés dont on peut encore saisir les dimensions et les contours, ce château peut être cité comme un spécimen particulièrement curieux des ouvrages fortifiés du XIVe siècle. Il est unique en son genre dans le Pays Basque Français et, si on voulait lui trouver une ressemblance, ce serait plutôt avec certains châteaux gascons de la même époque que l'on peut voir encore de nos jours dans le département du Gers, le long de la vallée de la Baïse."












Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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