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dimanche 25 août 2024

UNE HISTOIRE SUR LES ORIGINES BASQUES EN 1942

UNE HISTOIRE SUR LES ORIGINES BASQUES EN 1942.


L'origine du peuple basque remonte à la nuit des temps et reste inconnue à ce jour, malgré les très nombreuses hypothèses à ce sujet.



pays basque autrefois langue origines
LIVRE L'ORIGINE DES BASQUES
PAR LEWY D'ABARTIAGUE


Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 

24 janvier 1942, sous la plume de René Cuzacq :



"Autour des origines basques.



Le problème de l’origine mystérieuse des Basques repose avant tout sur une interprétation de la langue. Des livres récemment parus y consacrent quelques ingénieux aperçus. Résumons-les brièvement pour nos lecteurs. 



En premier lieu, le Basque possède deux mots pour désigner la vallée : aran et bira ; le premier est ligure, le second, ibère. Ce doublet témoigne de la superposition des Ibères au Ligures, ceux-ci couvrant toute l’Europe occidentale à l’âge du cuivre et se rattachant aux populations de la préhistoire. 



Ces Ligures furent ailleurs submergés par l’arrivée des peuples indo-européens ou aryens : les Celtes en Gaule à partir de l’an 1000 avant Jésus-Christ. Mais en Espagne, les Ligures furent submergés par l’arrivée des Ibères, ceux-ci à leur tour furent envahis plus tard par les Celtes pour donner Celtibères. Restés intacts à l'extrémité des Pyrénées occidentales où ils s’étaient mélangés aux Ligures, les Ibères ont donné les Basques. Mais que l’on ne s’y trompe point : cette ibéripation a été décisive. Elle a notamment séparé les Basques de tous les Indo-Européens. Par ailleurs, en sens inverse, les populations ligures de l’âge du cuivre étaient partout les mêmes, sans originalité spéciale dans les Pyrénées. 



En voici un indice, une preuve même d'ordre linguistique : le mot "chamois" dérivait d’une commune origine "camox" se retrouve aussi bien dans les Alpes que dans les Pyrénées cantabriques, où les Cantabres (contrairement à l'opinion courante) sont des Celtes (mélangés si l'on veut à un substrat ligure, puis ibère, mais où les invasions celtes du premier millénaire avant Jésus-Christ, ont donné la note essentielle). Or cette zone indo-européenne et coupée par la zone ibéro-basque, ou aquitanique : ici, le mot isand déborde sur les Pyrénées entières ; c’est le mot ibère, qui, du front étoilé de la chèvre sauvage, a donné aussi izarra, étoile, dans le basque d’aujourd'hui. Faut-il avec Schâchardt le rapprocher du mot africain berbère qui désigne l’étoile, isri ? Ce n’est pas décisif ; la théorie qui rapproche basque et berbère repose plus sur des apparences que sur d’authentiques faits. Walter von Wartburg l'a acceptée trop à la légère.  



Avant que les invasions celtes en Espagne eûssent mélangé les populations de la péninsule, avant que la conquête romaine des deux côtés des Pyrénées eût rejeté la langue ibère dans le petit canton des Pays Basques, l’extension ibère a laissé de nombreuses traces. Rien de mieux attesté que l’existence, au temps de César, d’une langue ibéro-aquitanique ou pyrénéenne. Que de traits communs dans ce conservatoire du Pays Basque, entre l’Aquitaine ibère décrite par César et le futur Pays Basque proprement dit. Basques ou Vascons latinisés et civilisés de la plaine donnèrent les gascons (et les Béarnais) ; le Pays Basque proprement dit est resté une sorte de Musée vivant, le conservatoire des traditions de toute sorte : ainsi la vieille stèle préhistorique à force humaine, sœur des menhirs, s’est conservée jusqu’à nos jours au Pays Basque ; mais en 1930, il s’en trouvait encore en Gascogne, cette vieille Aquitaine ibère mais latinisée : la commune de Maylis, en pleine Chalosse, donnait une pure discoïdale (aux outils de vigneron-tonnelier peut-être) reproduite page 181 du Bulletin de Bordade de cette même année. 



Or voici que l'on relève dans Pline l’Ancien, l’auteur latin, un certain nombre de mots des mineurs ibères des Pyrénées. J’en suis bien fâché pour les non-ibéristes, mais ces mots s’expliquent par le basque, par delà les quelques substrats des Ligures et de la préhistoire, le basque dérive en droite ligne de l’ibère, cette vieille langue pyrénéenne du temps de César dont l’existence est hors conteste. Agogde, ouverture des mines, est le basque agogai, ouverture ; "arrugia", galerie de mines, retrouve le basque "arroila", canal (et les sens voisins) ; "urium", l'eau courante mêlée de vase de la mine, rappelle l'ur ou l'eau basque, comme le fleuve Urium en Bétique ou Espagne du Sud ; segutilum, indice révélateur d’or, retrouve le suffixe basque "il" latinisé en "ilum" (tel est le mot bout, istil). 



Toutefois, l’un de ces mots permettrait d’aller plus loin encore : ce serait un mot ligure et préhistorique, conservé par les Ibères. Le mot "rugia", conduite d’eau, se retrouve dans le Tessin, en plein milieu des Alpes, là où n'allèrent jamais les Ibères. 



La remarque va plus loin : au Pays Basque comme en Gascogne, la lettre initiale "r" ou "p" devient "ar" "er" ou "es". En francisant, Basques ou Gascons disent "estatue" pour statue. C’est l’indice de leur commune origine ibère, celle qui, du vieux mot ligure et préhistorique Basque "arrugia". 



La date de la venue des Celtes ou Indo-européens gaulois en péninsule ibérique est assez incertaine : vers 500, le vieil auteur grec Hécatée met des Celtes en Espagne ; vers 450, Hérodote y trouve des Celtes. Avant eux, Hésiode y met des Lygies : faut-il entendre les restes des Ligures ? 



Voici qu’à son tour les dialectes actuels de la Sardaigne témoignent de curieuses concordances avec le basque, rejoignant les récits des historiens anciens faisant de la Sardaigne une terre ibère ; peu importe que cet idiome soit le logoudorien ; en basque et en sarde, "tsakur" et "gagaru" désignent le chien ; goï, hauteur, rejoint "goni", nom de lieu ; gorostia rejoint galastri, plante piquante sorte de houx ; "asgaïla" rejoint sakkague, agneau sauvage ; ospel, endroit ombragé, rejoint ospile, bon herbage ; ce dernier mot, il est vrai, pourrait s’expliquer par un conseiller radical latin. Mais ces concordances linguistiques sont curieuses ; elles corroborent des textes anciens assurés."


Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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