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mardi 2 janvier 2024

MME EDMOND ROSTAND NÉE ROSEMONDE GÉRARD EN JANVIER 1910

MADAME EDMOND ROSTAND EN 1910.


Rosemonde Gérard, née Louise-Rose-Etiennette Gérard, le 5 avril 1866 et morte le 8 juillet 1953, est une poétesse et comédienne française.

Elle a épousé Edmond Rostand le 8 avril 1890 et a eu deux enfants avec lui, Maurice et Jean.




pays basque autrefois écrivain cambo chantecler aiglon arnaga
POETESSE MME ROSTAND ROSEMONDE NEE GERARD



Voici ce que rapporta à son sujet l'hebdomadaire Les Annales Politiques et Littéraires, le 23 

janvier 1910, sous la plume de Gaston Deschamps :



"Rosemonde Gérard (Mme Edmond Rostand).



Les succès de M. Edmond Rostand me rappellent un des plus charmants souvenirs de mes années d'apprentissage.



C'était en 1889, au temps de l'Exposition. Je tenais — passez-moi cette expression — l'emploi de "caïman" à l'Ecole normale. C'est-à-dire que j'employais les trois quarts de mon temps à ne rien faire, sous prétexte de surveiller une centaine de bons garçons, qui obéissaient peu à mes remontrances. Je partageais ces responsabilités avec Joseph Bédier, qui, depuis, s'est fait une belle renommée par ses travaux sur la littérature française du moyen âge. Le samedi soir, Joseph Bédier étant "de service", je pouvais m'échapper. Je profitais ordinairement de ma liberté pour aller chez Leconte de Lisle, qui, en sa qualité de sous-bibliothécaire du Sénat, habitait un petit appartement, dans les annexes du Luxembourg, au numéro 68 du boulevard Saint-Michel. On rencontrait, dans ces soirées très cordiales et familières, le poète Haraucourt, Jean Psichari, le peintre Lecomte du Nouy, Robert de Bonnières, le vicomte de Guerne, le musicien Benedictus, José-Maria de Heredia, Fernand Hérold, Henry Houssaye, parfois Judith Gautier, très belle et très bonne, hiératique en son fauteuil comme une reine d'Orient...



Leconte de Lisle, vu de loin, ressemblait à un dieu et inspirait aux profanes une sorte de terreur. De près, dans l'intimité de ces réunions où circulait un plateau de boissons légères et fraîches, il laissait voir le fond de bonhomie et de simplicité qui se cachait sous son rude sourcil. Il avait des rires d'enfant, des accès d'hilarité bruyante, secouante, interminable, dont Psichari était volontiers le complice. Ils riaient tous deux pendant de longs espaces de temps. Quand ils semblaient avoir fini, ils se regardaient en dessous, et cela recommençait de plus belle. Je n'ai jamais vu rire d'aussi bon coeur. Ce rire inextinguible de Leconte de Lisle me faisait songer à la gaieté ingénue de ces dieux antiques, dont le rire, dit-on, ressemblait à un joyeux tonnerre dans lin ciel serein.



Leconte de Lisle était incomparable lorsqu'il imitait l'accent des créoles, entendu là-bas, dans les nuits chaudes de Bourbon. Il évoquait des scènes locales, de petits tableaux des îles. Par exemple, l'arrivée, de la négresse dans la case, le soir, sur les rampes de la colline, la cordiale bienvenue des voisines, l'accueil hargneux des. chiens et ces voix dans la nuit :


Commeïnt cha va ?

Cha va bieïn.

Empèce un peu les tiens ! (Empêche un peu les chiens !)



Et, de nouveau, les rires repartaient en fusées sonores... Oh ! le bon temps !



Je conterai plus tard, quand je serai vieux, ces propos et ces amusements. Je reviens à Rostand par un détour.



Un soir, le bon maître nous dit :


— Vous verrez et vous entendrez, tout à l'heure, une personne que vous n'oublierez plus. C'est une jeune fille, qui écrit de beaux vers, et qui les récite en perfection. Elle signe ses poèmes d'un pseudonyme : Rosemonde Gérard.



Leconte de Lisle n'aimait pas, en général, les jeunes filles qui font des vers. Il se méfiait du cahier bleu des pensionnaires. Il décourageait, fort honnêtement, la plupart des vocations indécises qui venaient implorer sa bénédiction paternelle. Pour qu'il eût consenti à cette exception, il devait avoir des raisons bien fortes. Son sentiment devint le nôtre, dès que nous eûmes la joie de voir et d'entendre Rosemonde Gérard. C'était une toute jeune fille, très mince, très blonde, délicate et gracieuse. Je vois encore son entrée, qui mit de la lumière dans le salon un peu sombre. Et, longtemps, nous avons gardé dans les yeux le reflet de sa robe rouge, très simple, toute unie, mais chatoyante de cassures satinées, où la couleur s'avivait d'allègres clartés. Rosemonde Gérard récita, sans se faire prier, quelques stances. Sa bonne grâce était très aimable, sans affectation de naïveté et sans excès de coquetterie. Elle disait ses vers d'une voix claire et musicale, avec un art spontané et déjà savant où la marque d'une excellente méthode ne nuisait pas à la grâce de l'instinct. Sa poésie était ingénue et subtile, avec quelque chose d'aérien et de ténu, un charme discret, semblable à ces rayons du matin qu'un nuage peut éteindre, ou à ce fil de la Vierge que le moindre souffle peut briser. C'étaient, par la pureté, par la fragilité, par je ne sais quelle beauté grêle et imprécise, des rêves de jeune fille. C'étaient, par le choix des mots, par la sûreté du rythme, des vers de poète. Cette vision, trop rapide, laissa dans notre mémoire une trace brillante et durable, une impression de jeunesse et de fraîcheur.



pays basque autrefois écrivain cambo chantecler aiglon arnaga épouse
POESIE DE MME ROSTAND ROSEMONDE NEE GERARD



Quelque temps après, nous demandâmes à Leconte de Lisle :


— Eh bien ! Et Rosemonde Gérard ?

— Oh ! elle n'a pas perdu son temps. Elle a publié un recueil de vers, les Pipeaux. Ensuite, elle a épousé un poète, le jeune Edmond Rostand.



pays basque autrefois écrivain cambo chantecler aiglon arnaga
MR ET MME EDMOND ROSTAND


— Qui ça, Rostand ?

— Un très gentil garçon. Son père est un économiste qui a traduit Catulle. Quant à lui, je connais des vers de sa façon, les Musardises. Il promet."








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