LA FEMME AU PAYS BASQUE EN 1896.
La place de la femme, dans la société, au Pays Basque, a toujours été très importante.
FEMME DE BASSE GUIPUSCOA |
Après nous avoir parlé des enfants, des animaux domestiques, des mariages et de la mort, voici
ce que rapporta au sujet de la femme au Pays Basque, Mme d'Abbadie d'Arrast, épouse
d'Antoine d'Abbadie d'Arrast, dans la revue bimensuelle La Femme, le 1er avril 1896 :
"La femme du pays basque (suite).
Les Basques se calomnient eux-mêmes lorsqu'ils décochent à l'adresse de leurs braves compagnes de ces traits malicieux que l'avocat Arnauld Oihénart a aiguisés et soigneusement mis en réserve dans le recueil de ses proverbes. Les anciens usages et les moeurs démentent des plaisanteries qui sont de mauvais aloi.
LIVRE LES PROVERBES BASQUES ARNAULD OIHENART |
Avant la Révolution, en Soule, dans le Labourd et en Navarre, les Fors et les Coutumes générales ne s'inspiraient nullement d'un esprit de méfiance à l'égard de la femme, ils se signalaient, au contraire, par un féminisme bien tranché, pour parler le langage de notre fin de siècle. Il est facile de s'en convaincre, si l'on prend la peine de parcourir l'ouvrage de l'abbé Haristoy, intitulé : Recherches historiques sur le pays basque (Bayonne, 1884). Le second volume de l'ouvrage reproduit le texte des antiques législations de la contrée. Ces vénérables documents sont pour surprendre les personnes qui ne voient que dangereuses innovations dans les modestes réformes que des féministes dévoués tels que M. Goirand, député des Deux-Sèvres, et Mme Jeanne Schmahl sollicitent depuis si longtemps de la générosité des Chambres. On s'étonnerait d'y trouver telles dispositions qui sauvegardent les droits féminins et la sécurité des jeunes filles. Certaines de celles-là paraîtraient de nos jours plus que progressistes et bel et bien subversives. Parmi les plus anodines, citons la réforme qu'il serait si utile de faire entrer dans notre code, que la Chambre des députes a votée, de guerre lasse, mais qu'un Sénat récalcitrant s'obstine à oublier dans ses cartons, je veux dire le droit pour la femme mariée qui travaille de toucher son salaire. Une disposition analogue existait, de temps immémorial, chez les Basques. En 1520, lorsque la Coutume générale du vicomte de Soule fut publiée par devant Maître Jean d'Ibarrola, après avoir affirmé le privilège du mari de gérer les biens de la communauté, la Coutume ajoute : Si non que La femme ait des Mens acquis par son industrie. Les Fors du Labourd, révisés en 1513, sous l'épiscopat de l'évêque de Bayonne, Bernard de Lahet, s'expriment pareillement au chapitre des droits du mariage. Le mari dispose des biens qui sont communs aux deux époux, comme seigneur d'iceux, entre vifs, à son plaisir et volonté : si ce n'est que la femme les eut acquis par marchandise ou par industrie.
LIVRE RECHERCHES HISTORIQUES SUR LE PAYS BASQUE DE PIERRE HARISTOY |
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