L'ACTRICE MADELEINE RENAUD À SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1941.
Madeleine Renaud, née le 21 février 1900 à Paris 16ème et morte le 23 septembre 1994 à Neuilly-sur-Seine, est une célèbre actrice française.
Voici ce que rapporta à son sujet le bi-hebdomadaire 7 Jours, le 26 octobre 1941 :
"A Saint-Jean-de-Luz Madeleine Renaud fait répéter "Andromaque" à son fils et "Hamlet" à son mari.
Octobre, sur la Côte d'Argent est un mois d'août mélancolique. Il y a encore beaucoup de monde. Trop de monde, pense le gendarme.
Ce gendarme n'est pas un habitué. Il ne connaît pas les gloires de Saint-Jean-de-Luz. Il obéit à sa consigne ; elle consiste à s'inquiéter de la situation des personnes qui s'attardent plus que de raison dans la zone côtière.
Ce zélé serviteur de la loi fut donc amené à se présenter à l’hôtel Maitagarria. Là résident, entre autres célébrités, Madeleine Renaud, son mari et ses fils.
HÔTEL MAITAGARRIA SAINT-JEAN-DE-LUZ 1936 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Un air léger baignait la petite ville basque dont les maisons portent si gentiment le toit sur l'oreille. Le képi gaillardement posé de même, le gendarme s'enquit :
— M. Jean-Louis Barrault ?
ACTEUR JEAN-LOUIS BARRAULT |
— Il est sorti, répondit la patronne de l'hôtel. Mais sa femme est là.
Une petite femme, menue et souriante, s'avançait justement.
— Vous vous appelez bien, interrogea le gendarme après avoir consulté ses papiers, madame Barrault ?
— Non, dit la charmante personne, on m'appelle généralement Madeleine Renaud.
ACTRICE MADELEINE RENAUD |
— Oui... oui... murmura l'homme perplexe. Et vous êtes ici avec un jeune homme, un jeune homme de quinze ans.
— Oui, acquiesça l'artiste. Mon fils Paul.
— Paul Barrault ?
— Non, voyons.
— C'est vrai, excusez-moi... Paul Renaud.
— Pas du tout. Il se nomme Paul Granval.
Le gendarme, renonçant à éclaircir tant de mystères familiaux, tourne les talons et quitte l'hôtel.
Madeleine Renaud est, en effet, actuellement la femme de Jean-Louis Barrault. L'enfant est né du temps où elle était l'épouse du comédien Charles Granval.
ACTEUR CHARLES GRANVAL |
On comprend l'étonnement d'un fonctionnaire peu habitué à la vie parisienne.
En effet, ce n'est pas une famille. C'est une distribution.
A Saint-Jean-de-Luz, entre son premier fils et son troisième mari, Madeleine Renaud mène une vie tranquille.
Elle aide son fils à faire ses versions latines. Elle fait répéter à son mari "Hamlet", qu'il va jouer prochainement.
— Je veux faire un rôle révolutionnaire, déclare Jean-Louis Barrault.
Mais il y a aujourd'hui tant de façons d'être révolutionnaire que ce n'est plus une indication.
Paul Granval se farcit le crâne de Cicéron et de Tacite.
Jean-Louis Barrault s'explique avec le crâne d’Elseneur.
Crânes, pauvres crânes.
Heureusement, Madeleine Renaud a la tête solide.
Cependant, Madeleine Renaud songe à son prochain film.
— Je vais tourner "aux côtés" d'Edith Piaf, annonce-t-elle d'un ton appuyé. Ce n'est pas une simple réplique. C'est déjà tout un drame.
CHANTEUSE EDITH PIAF |
Il existe d'autres personnalités à Saint-Jean-de-Luz.
A tout monseigneur, tout honneur. Le prince Galitzine est un des hôtes de la côte basque. C'est un Russe comme son nom l'indique.
Ce n'est pas une figure. C’est une silhouette.
Mais une silhouette cocasse.
Il est très grand, très maigre. Il porte les cheveux longs. C'est qu'il n'a pas les moyens de se les faire couper.
Comme il est homme du monde et qu'il a un légitime souci de distinction, il relève ses cheveux en chignon et les cache sous son béret.
Au cours des premières semaines du conflit germano-russe, il fut arrêté comme ses compatriotes. Ils étaient tous Russes blancs. Ils fraternisèrent.
Pour le reste, le prince Galitzine s'occupe d'astrologie. Il cherche l'avenir pour les autres. Il ne s'es! jamais préoccupé du sien.
C'est une nature désintéressée. Chaque semaine, il réunit dans la petite pièce qu'il occupe, rue Tourasse, les gens les plus distingués de Saint-Jean-de-Luz.
On en compte généralement vingt-cinq, ce qui est, pour une station balnéaire, à l'époque actuelle, une bonne moyenne.
Le prince Galitzine parle des astres avec abondance.
Il ne demande pas d'argent à l'entrée. A la sortie, une assiette, où s'attriste un billet solitaire, attend l'offrande des fidèles convaincus.
Chez le prince Galitzine, on ne paie qu'en sortant. Pas toujours. La lecture des astres peut être désastreuse.
Le prince, au reste, donne des consultations particulières. Ses prix, alors, sont variables.
Il demande 10 francs au général Castello, qui ne demeura que trois semaines ministre de la guerre en Espagne : signe de mauvaise chance.
Mais il prend 500 francs à Madeleine Renaud.
ACTRICE MADELEINE RENAUD |
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