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vendredi 12 janvier 2024

LES CAGOTS AU PAYS BASQUE EN 1877 (première partie)

 

LES CAGOTS AU PAYS BASQUE EN 1877.


Un(e) cagot(e), dans le Sud-Ouest de la France, était aussi appelé agote, sur le versant Sud des Pyrénées, en Espagne. Il s'agissait de termes dépréciatifs qui désignaient des groupes d'habitants, exerçant des métiers du bois, ou du fer, frappés d'exclusion et de répulsion dans leurs villages, surtout au Pays Basque.



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LIVRE HISTOIRE DES RACES MAUDITES DE LA FRANCE ET DE L'ESPAGNE
DE FRANCISQUE MICHEL




Voici ce que rapporta à ce sujet le Journal officiel de la République française, le 31 mai 1877, sous 

la plume de Frédéric Béchard :



"Etudes historiques.

Les races maudites de l'Europe.


Parmi les phénomènes historiques, un des plus intéressants est l'existence de ces races sur qui a pesé, à travers les siècles, comme un mystérieux anathème et qui, des temps les plus reculés au commencement de ce siècle, ont traversé les peuples et les civilisations sans s'y confondre, toujours proscrites, persécutées et vivaces.



Dans l'extrême Orient, les diverses classes de parias sont nombreuses ; en Europe, depuis l'avènement du christianisme, on n'en compte que deux : les Cagots sous leurs dénominations diverses : Gahets, Cacous, etc., et les Bohémiens : Egyptians, Zingaris, Tziganes, Gitanos, Caraccos, Gypsies.



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GITANS REMPAILLEURS DE CHAISES HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les Cagots, depuis une soixantaine d'années, se sont fondus dans la masse de la population et, en Gascogne par exemple, les noms de quelques fontaines, de quelques maisons, de quelques hameaux, en perpétuent seuls le souvenir, souvenir plus effacé encore en Languedoc que dans les départements de la Gironde, du Gers et des Landes. En Bretagne, l'aversion dont les cacous étaient l'objet au Moyen Age tend aussi, à disparaître, bien qu'elle y soit plus tenace que dans le Midi de la France. Seuls, les bohémiens ont gardé leur personnalité bien distincte. Leur physionomie est toujours tout aussi caractérisée ; leurs mœurs n'ont guère changé ; ils mènent toujours la même vie nomade, et les gouvernements contemporains, témoin la récente circulaire du ministre de l'intérieur, sont obligés, comme les rois de France et d'Espagne du quatorzième et du quinzième siècles, de protéger contre les méfaits de ces tribus vagabondes la population de nos campagnes. Même chez eux, cependant, on peut saisir une amélioration, à la vérité presque imperceptible. C'est ainsi que, dans son livre intéressant sur les Parias de France et d'Espagne, M. V. de Rochas cite quelques familles de Boumians, celles entre autres de deux riches marchands de chevaux de Perpignan et de Béziers qui, dans leur vie sédentaire, donnent l'exemple de toutes les vertus bourgeoises.



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LIVRE LES PARIAS DE FRANCE ET D'ESPAGNE
DE V ROCHAS



Mais ce n'est là qu'une exception excessivement rare encore, contre laquelle protestent les nombreuses bandes de caraccos, campées dans le Midi, sous les arches des ponts, le long des fossés des grandes routes, à l'ombre des oliviers ou sans abri contre un ciel de feu, les pieds nus dans la poussière grise : jeunes gens au teint cuivré, vigoureux et larges de poitrine, aux cheveux d'un noir brillant, aux dents blanches comme des dents de nègres ; enfants gambadant sans chemise ; jeunes filles à la chevelure luxuriante, quelquefois fort jolies sous le hâle qui brunit davantage encore leur brun visage, au regard profond et brillant, aux formes harmonieuses, au moins jusqu'à la première couche ; vieilles femmes aussi horribles que les jeunes pour la plupart sont belles, ratatinées, à l'œil scrutateur et méchant, aux rares boucles de cheveux blancs retombant en désordre sur un front sec et plissé, types ressuscités parmi nous de la Mégère païenne. "Etrangers par la langue et les mœurs, dit M. de Rochas, mis au ban de la société par leurs méfaits, les bohémiens sont restés jusqu'à ce jour des déclassés. Les cagots, au contraire, séparés de la société par mesure d'hygiène d'abord et par le préjugé ensuite, ont repris leur place parmi leurs compatriotes, dont ils n'ont jamais été que les victimes, tandis que les autres en étaient et en sont restés jusqu'à un certain point les ennemis."



II 

C'est à la fin du treizième siècle que l'existence des cagots des Pyrénées, des gahets et capots de Guyenne et de Languedoc, et des cacous de Bretagne est historiquement constatée pour la première fois par des documents authentiques. Ils figurent, en 1266, au "livre d'or" de la cathédrale de Bayonne parmi les censitaires de Sainte-Marie pour la somme annuelle de six deniers. Dans la charte de fondation du village de Montaut, en 1308, par Marguerite de Foix, nous les voyons placés sous la juridiction exclusive de l'abbé de Saint-Pé, tandis que les autres habitants sont mis sous la juridiction mixte de cet abbé et du seigneur de Béarn. Le 14 novembre 1287, noble dame Rose du Bourg lègue par testament vingt sous aux "Gaffets de Bordeu" (Bordeaux). Le 20 mai 1300, Pieyre Amanieu, chevalier, captal de Buch, lègue aux mêmes cinquante sous d'or. Le 2 avril 1328, noble dame Asalbide de Bordeaux, épouse de noble et puissant baron Pierre de Grailly, vicomte de Benauges et de Castillon, "a leyssat à tot lo communal dels Gafets de Bordeu detz libras una veiz pagaduyras. Item a layssat à totas las maysons dels Guafetz de las honors de Benauges, dé Castelhon sur Dordogne et dé Castilhon dé Medoc, detz libras." Quant aux cacous de Bretagne, c'est en latin que nous a été conservé le plus ancien monument de leur existence. Il consiste en un statut de l'évêque de Tréguier, de 1436, qui règle la façon dont ils doivent être traités dans les églises. Les Agotes d'Espagne apparaissent à la même heure de l'histoire.



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AGOTS DE NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Des deux côtés des Pyrénées, l'obscurité qui entoure le berceau des cagots est restée également profonde et la malédiction qui pesait sur eux également implacable.


"En Béarn, Navarre et Aragon, dit un prêtre navarrais du commencement du dix-septième siècle, il y a une race de gens séparée des autres en tout et pour tout, comme s'ils étaient lépreux et quasi excommuniés. On les appelle communément agotes. Ils ne s'asseyent jamais à table avec les habitants. On croirait s'empoisonner en buvant en un verre qu'ils auraient approché de leurs lèvres. A l'église ils ne peuvent dépasser le bénitier.




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BENITIER DE CAGOTS
65 SAINT-SAVIN



Traiter de mariage avec eux serait chose aussi inouïe et abominable que si un chrétien traitait de mariage avec une mauresque ; et dans les siècles passés, il ne s'est jamais rencontré d'homme ou de femme assez misérable et de sentiments assez bas pour contracter alliance avec eux. La passion et la rage sont arrivées à tel point qu'on leur impute des infirmités qu'ils n'ont pas, comme d'être punais, d'avoir un flux de sang et de semence, de naître avec un petit bout de queue et autres absurdités de ce genre, qui, quoique contraires à ce qui se voit et se sent tous les jours, se répandent malgré tout et par tradition de père en fils pour attiser la haine, l'horreur et la répulsion contre ces misérables gens." 



Chez les historiens qui ont parlé des parias français, nous retrouvons les mêmes traits. Ainsi, suivant eux, les prêtres refusaient d'entendre les cagots en confession et de leur administrer les sacrements. Ils n'entraient pas à l'église par la grande porte ; une petite entrée leur était destinée, ainsi qu'une place à l'écart de la foule des fidèles ; de même dans les processions ; leur dépouille était enfouie dans un cimetière spécial ou dans un coin isolé du cimetière commun. Aussi dur pour eux que le pouvoir ecclésiastique, le pouvoir civil leur défendait de marcher nus pieds, d'entrer au moulin pour moudre le grain, d'aller laver aux fontaines ou lavoirs qui servaient aux autres habitants, de boire aux mêmes vases que ces derniers, de danser et de jouer avec eux, d'élever des bestiaux ou de se livrer au labourage. Les seuls métiers qui leur fussent permis étaient ceux de charpentier dans le Midi et de cordier en Bretagne. Les premiers étaient tenus de faire les cercueils et de construire les potences ; les seconds devaient fournir au bourreau la corde des pendus.



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BOHEMIENS 19EME SIECLE



Sous l'inspiration de M. du Bois-Baillet, intendant du Béarn, Louis XIV essaya, en 1683, d'adoucir la situation des cagots. 

"La liberté, est-il dit dans la déclaration royale pour leur affranchissement, ayant toujours été l'apanage de ce royaume et un des principaux avantages de nos sujets, l'esclavage et tout ce qui en pourrait donner des marques en ayant été banni, nous avons appris avec peine qu'il en reste encore quelque marque dans notre royaume de Navarre et dans les provinces qui étaient autrefois connues sous le nom de Novempopulaine qui, sont celles qui dépendent des diocèses d'Auch, Bayonne, Dax, Lescar, Oloron, Aire et Tarbes, dans lesquels il y a une certaine classe de gens qui y son considérés en quelque manière comme des esclaves, estant assujettis à de certains services attachés à suivre une même profession, séparés du commerce des autres hommes...


Désirant effacer toutes les marques de l'esclavage qui peuvent encore rester sur les terres de notre obéissance, entretenir l'égalité entre nos sujets et lever toutes les distinctions qui, n'estant establies que sur une erreur populaire, ne servent qu'à troubler la concorde entre nos sujets : à ces causes, nous avons éteint et supprimé toutes les distinctions qui pourraient exister entre les dits chrestians, cagots et nos autres sujets, pour qu'ils jouissent à l'advenir des mêmes privilèges et advantages ; et, à cet effet, abolissons les dits noms de chrestians, cagots, agots et capots, faisant défense, à peine de cinq cents livres d'amende, d'appeler ainsi par injure nos dits sujets affranchis par les dites lettres. Voulons qu'ils soient admis aux ordres sacrés et reçus dans les monastères, qu'ils soient placés dans les paroisses de leur demeure indifféremment avec les autres habitants, qu'ils puissent aller à l'offrande, prendre et rendre le pain béni, chacun à leur tour, et que les séparations qui sont dans les églises des places qu'ils occupent seront abattues et les portes d'entrée bouchées. 


"Prions et ordonnons aux évêques des diocèses ci-dessus marqués de tenir la main à l'exécution des deux précédents articles.


Permettons à nos sujets affranchis de choisir leurs habitations où bon leur semblera, même dans les villes ; voulons qu'ils puissent être choisis pour toutes les charges des communautés dans lesquelles ils feront leur demeure, tant honorables qu'onéreuses, qu'ils soient appelés aux assemblées des communautés dont ils font partie ; levons les défenses qui leur sont faites, tant par les coutumes des lieux que par les arrêts de nos parlements de contracter mariage avec nos autres sujets ; laissons liberté de choisir telle profession qu'il leur plaira, lesquels métiers ils pourront exercer et y être reçus maîtres, suivant l'usage des lieux, sans aucune distinction d'avec nos autres sujets, etc., etc. A nos amés et féaux conseillers, les gens tenant nos cours de parlement de Toulouse, Guyenne et Pau."



Malheureusement pour les pauvres cagots, la volonté royale fut moins forte que le préjugé populaire. Aux lettres patentes du roi Louis XIV le peuple répliqua par des chansons passionnément insultantes.



Les malheureux y répondirent dans leur patois plaintif :


Pour être des cagots, 

Nous n'en sommes pas moins les fils du père Adam

Dieu nous a créés comme les autres ; 

Il ne nous a point rejetés.

Nous travaillons pour gagner notre pain

Et pour gagner plus tard le ciel.



A l'époque de la Révolution, le préjugé populaire, battu en brèche depuis Louis XIII par le pouvoir royal, commençait à décroître, mais il était loin d'être anéanti. Toutefois, un Béarnais, qui écrivait en 1792, Hourcastremé, affirme que les cagots pouvaient prendre depuis longtemps le métier qui leur convenait et "qu'il n'y avait pas de bonne fête à Navarreins et dans les environs sans que le violon de Campagnet (famille de cagots musiciens) fît danser la compagnie." Quant aux emplois publics, ils leur étaient tous ouverts. Dufrêne, qui, après  avoir été employé dans les bureaux des affaires étrangères, fut nommé receveur général à Rouen par Necker, était un cagot du Béarn. Le gouvernement de la République n'eut donc point à édicter de disposition légale nouvelle en faveur des cagots ; la monarchie ne lui avait rien laissé à faire à cet égard. Mais si, en droit, ils ne gagnèrent rien à la Révolution, ces parias y gagnèrent, en fait, de pouvoir supprimer, à la faveur des troubles qui en furent la suite, les actes de l'état civil qui constataient l'ignominie de leur naissance. Quelques-uns d'entre eux se signalèrent, à cette époque, dans l'armée et même dans l'administration. Sous la monarchie constitutionnelle de Louis XVI Dufrêne était devenu intendant général de la marine et des colonies, puis directeur du Trésor public (1790) et Conseiller d'Etat. Sous la République, député de Paris en 1797, disgracié sous le Directoire pour sa sévérité en matière de contrôle financier, Bonaparte le rappela après le 18 brumaire, à la direction du Trésor public. Par sa haute probité et l'ordre admirable qu'il établit dans la comptabilité, il contribua, dans ce poste élevé, à rétablir le crédit national. L'intègre cagot mérita le buste, qui, à sa mort, en 1801, lui fut élevé dans la grande salle du Trésor public.


"Depuis le commencement du siècle, dit M. V. de Rochas, il n'y a plus de cagots, c'est-à-dire de parias, mais seulement des descendants de cagots. Ce n'est pas à dire que le préjugé soit complétement effacé. Les petites portes à l'église de maint village sont à peine bouchées ; le petit bénitier à peine desséché, et les corps des derniers maudits à peine consumés dans le coin réservé du cimetière.


Il reste encore des témoins de ces humiliantes distinctions, et j'ai pu recueillir leurs souvenirs. Mais il est consolant d'ajouter que les préjugés s'effacent en raison directe du carré des distances, surtout depuis 1830, même dans les vallons les plus reculés de nos montagnes. Les alliances mixtes, qui naguère encore souffraient des difficultés, n'en ressentent presque plus et la fortune égalise parfaitement les rangs."



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BOHEMIENS 19EME SIECLE



III

Si les écrivains sont d'accord sur la situation faite aux cagots par le préjugé populaire, ils s'entendent moins entre eux sur la physionomie de ces malheureux et surtout sur leur origine. Tandis que les uns affirment que "le cagot a l'haleine et la sueur puantes, qu'il est taché en quelque sorte de ladrerie, et qu'on le reconnaît à son oreille courte et arrondie, ainsi qu'à l'absence du lobule où s'attachent les pendeloques" ; tandis que le docteur Esquirol, M. Littré, M. Cénac-Moncaut, M. Bouillet dans son Dictionnaire, etc., les représentent comme "affectés d'une sorte de crétinisme", d'autres, s'appuyant sur l'observation directement personnelle et locale, soutiennent de leur côté qu'il faut faut bien se garder de les confondre avec les crétins et les goitreux, et que "les villages où l'on voit le plus grand nombre de ces derniers sont précisément ceux où il n'existe point de cagots." "Je défie, dit par exemple M. Dabadie, médecin à Buziet, près Oloron, qu'on distingue en rien les cagots des autres habitants ; comme ces derniers, ils présentent des teints et des traits différents. Ils se portent aussi bien que nous, et il en est qui sont parvenus à la plus extrême vieillesse. Ici même, je connais toutes les familles cagotes, et, proportion gardée, je ne trouve pas plus de goitres chez elles que chez les autres".



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LIVRE DICTIONNAIRE UNIVERSEL D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE
PAR M-N. BOUILLET




"Il est impossible, dit de son côté M. Lâa, médecin à Arudy, dans la vallée d'Ossau, de faire quelque différence entre la caste des cagots et nous." Le témoignage des médecins du pays basque ne diffère pas de celui de leurs confrères du Couserans, de la Bigorre, du Lavedan et du Béarn.


Les agots ou cagots, affirme l'auteur de la Description des Pyrénées, ne diffèrent des Basques d'ancienne origine, ni sous le rapport du physique, ni sous celui des mœurs ; on ne les connaît que par la tradition qui indique que telle ou telle famille est agote ou que tel ou tel individu lui appartient." "Les faits que je viens de rapporter, dit enfin Palassou, le savant correspondant de l'ancienne Académie des sciences et de l'Institut national, attestent que les cagots possèdent une aussi bonne santé que les autres habitants. On voit chez eux des familles entières à blonde chevelure, au teint beau et frais, à la taille haute et dégagée ; on en remarque d'autres où la couleur brune domine et chez lesquelles la force et l'adresse se déploient admirablement, quoique les individus soient d'une stature moyenne. Tous ces dons de la nature leur sont communs avec les habitants originaires de ce pays."



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LIVRE DESCRIPTION DES PYRENEES
PAR ETIENNE-FRANCOIS DRALET 1813



Le préjugé ne pouvant pas s'expliquer par la seule répugnance qu'inspiraient les côtés extérieurs des cagots, on a cherché dans l'infamie présumée de leur origine la cause de l'aversion populaire et de l'ostracisme dont ils ont été si longtemps l'objet. Mais sur ce point surtout les opinions se sont divisées. Celle que M. V. de Rochas vient d'exprimer dans son récent volume nous paraît la plus conforme à la logique et à la vérité. Nous la ferons connaître au lecteur dans un second article, en même temps que les systèmes qu'il s'applique à réfuter."



A suivre...



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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