LE DÉCÈS D'ERMEND BONNAL EN 1944.
Joseph-Ermend Bonnal, plus connu sous le nom d'Ermend-Bonnal, né le 1er juillet 1880 et mort à Bordeaux le 14 août 1944, est un organiste, pianiste et compositeur français.
 |
| JOSEPH-ERMEND BONNAL |
Voici ce que rapporta à son sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 18 août
1944, sous la plume de Pierre d'Arcangues :
"Ermend Bonnal.
Un grand, un magnifique artiste vient de disparaître : Ermend Bonnal n’est plus.
Frappé d'une congestion cérébrale il y a une dizaine de jours alors qu’il villégiaturait chez des amis, il avait été transporté à Bordeaux chez son beau-frère, M. Chevenot. C’est là qu’il vient de s'éteindre.
Grand compositeur, grand organiste, nommé il y a peu de temps inspecteur de la musique en France et organiste de Sainte-Clotilde à Paris, il avait été pendant de longues années Directeur de l’Ecole de Musique de Bayonne et tous nos concitoyens connaissaient cette noble figure, cette puissante silhouette et ce caractère d'une admirable loyauté.
"Son royaume n’était pas de ce monde, car la musique touche à de vastes et mystérieux univers. Il vivait dans ce royaume féerique ; il en était un des Génies et son œuvre variée, touffue, protectrice ressemble à ccs chênes séculaires qui, dans leurs frondaisons, abritent des peuples d'oiseaux.
Je ne veux pas retracer ici cette fertile carrière où les jours glorieux alternèrent hélas avec d’autres plus difficiles. La vie fut pour lui une lutte très âpre, car c'est une fâcheuse et cruelle habitude que d'attendre la mort des artistes pour leur rendre l'hommage qu’ils méritent. Mais il dominait la vie de toute son âme claire et haute. Il la dominait parce qu’il créait.
 |
| ERMEND BONNAL AVEC SA FILLE MARYLISE |
Il fut mon ami et mon collaborateur. Ces jours-ci le Ballet Basque que nous avons écrit ensemble allait entrer en répétition à l’Opéra Comique. Nous en parlions lorsqu’il y a une semaine, il vint passer quelques instants chez moi. Il était heureux malgré l’inquiétude d’être séparé des siens et je songe avec angoisse à sa chère femme restée à Paris qui n'a même pas pu lui fermer les yeux. C’est vers elle et ses enfants que notre pensée douloureuse se porte. Si grand que soit notre chagrin, il disparaît devant celui de cette famille qu’il soutenait, qu’il nourrissait, qu’il élevait dans l’amour de la musique.
C’était un grand enfant, joyeux de vivre, de manger, de boire, de respirer l’air pur. Sa surdité n’avait pas entamé ce moral de granit. Il aimait tout ce qu’on doit aimer et n’avait jamais, malgré les catastrophes, malgré les vicissitudes, perdu ce goût si français : celui de la gaité.
Un jour que nous parlions devant lui de sa nombreuse famille, il nous dit en riant :
Hélas ! je suis sourd comme Beethoven, prolifique comme Bach et musicien comme Christiné.
... Non, mon cher, mon vieil ami, vous n'étiez pas musicien comme Christiné (dont vous aimiez du reste les œuvres, car vous ne professiez pas ce mépris imbécile pour les œuvres légères). Vous resterez parmi les plus grands. Le compositeur des "Poèmes franciscains" s'est classé parmi les plus beaux artistes, ceux dont le nom grandit à mesure que passe le temps.
 |
| PETIT POEME D'ERMEND BONNAL |
... Mais nous ne verrons plus votre visage olympien, ces traits bourboniens, ce regard pur. Nous n'entendrons plus, sous vos doigts, éclater les orages des grands orgues.
Surtout nous ne sentirons plus battre ce coeur généreux, étranger à toutes les petitesses et à toutes les vilénies.
Nous sommes tristes, tristes de vous avoir perdu, mais Dieu vous accueillera à sa tribune d’or et vous donnera à son grand orgue la place que vous avez mérité.
 |
| JOSEPH-ERMEND BONNAL |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire