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lundi 29 janvier 2024

LE SVASTIKA AU PAYS BASQUE ET LA CROIX GAMMÉE EN 1935 (première partie)

LE SVASTIKA ET LA CROIX GAMMÉE EN 1935.


Le svastika ou swastika, est un symbole que l'on retrouve en Europe (y compris dans l'art catholique), en Afrique, en Océanie, aux Amériques et en Asie, jusqu'en Extrême-Orient.




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TIMBRE-POSTE POUR L'UNIVERSITE BASQUE 1937


Le mot svastika (ou swastika) vient du sanskrit, dérivé de su ("bien") et de asti ("il est") (ka étant un suffixe adjectival).



Voici ce que rapporta à ce sujet le mensuel La Grande Revue, le 1er janvier 1936 :



"La croix gammée.



Elle a fait une incursion au pays des Basques. Parmi les réactions qu’elle y rencontra, celle du touriste allemand est savoureuse. Les échos en ont retenti. Mais parce qu’elle est caractéristique, on nous pardonnera de la remonter en épingle sur cette étude.



Depuis longtemps, mettons pour donner une date, depuis les séjours napoléoniens de Bismarck, surtout pendant l'âge d'or qui précéda la grande guerre, Biarritz se glorifiait d'exercer une attirance sur les caravanes touristiques allemandes. Elles suivent en rampant le chemin aérien des cigognes qui les conduit aux rivages enchanteurs de la Côte d’argent. Entre les couverts de la Forêt Noire et les facettes de cristal de la Reine des plages, où scintillent les feux du soleil et des étoiles, il y a le contraste de l'ombre et de la lumière. On assure qu’à ce feu les lourds élytres des hannetons se transmutent en ailes de papillons.



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BIARRITZ REINE DES PLAGES 1932
PAYS NASQUE D'ANTAN



Des gens soupçonneux murmurent que dans la période d'avant-guerre, certains de ces nomades arrivaient avec de noirs desseins ; des officiers généraux en civil auraient eu pour mission de reconnaître les défilés des montagnes ; des ingénieurs, de calculer les résistances des ponts ; des Mata-Hari vampires, de violer les secrets de leurs victimes. "Ce sont des choses qu'on dit", chantait Biarritz dans la coquetterie de son hospitalité.



Il y a quatre ans, une de ces familles allemandes, qui depuis a probablement perdu sa nationalité... achevait ici ses vacances de fermer les malles, le mari suggéra à sa femme d'acheter des "Souvenirs basques" pour les distribuer aux amis en rentrant. Cette idée correspondait à la sienne et elle avait déjà jeté son dévolu sur la bimbeloterie d’un magasin proche dont la devanture attirait l’œil. Elle y courut et sur l’assurance formelle que lui donna le marchand de leur authenticité basque, elle fit main basse sur un tas d’objets hétéroclites, ronds de serviettes, nécessaires de fumeur, plateaux de cuivre, cendriers, coupe-papier, potiches, bibelots qui ont tous la même origine, mais dont les motifs de dessin changent selon la province ou la station de leur destination. Le vendeur eut soin de faire remarquer que sa marchandise avait une marque d’origine indiscutable, une croix basque qui faisait le plus beau de sa décoration. Devant ce signe, il fallait s’incliner, ce que fit la dame. Elle emporta son stock qu’elle mit bien en vue sur une table de sa chambre d’hôtel, pour le faire juger par le chef de famille.




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PUBLICITE BERROGAIN BAYONNE 1932
PAYS BASQUE D'ANTAN



Celui-ci, en entrant, en eut la respiration coupée. 


— Ma pauvre amie, dit-il quand il put parler, vous n'avez pas vu que vous avez été roulée ? Que toute cette pacotille arrive de nos confrères de Nuremberg ? Nos amis se moqueraient de nous si, du pays basque, nous leur apportions les bibelots allemands, illustrés du signe de celui qui menace de nous rejeter hors des frontières ! Avec moi cette plaisanterie indigne n’aura pas de prise.



Et, rejetant le tout dans le carton, il descendit quatre à quatre l’escalier, se précipita en coup de vent chez le teneur de croix gammée et les lui jeta sur le comptoir, presque à la figure.


— Rendez-moi mon argent. Vos prétendus objets basques sont une duperie.



Le vendeur essayant une défense timide : 


— Ça, du basque ? Mais je découvre même le coin du fabricant allemand qui se cache au-dessous de la croix. Je le connais, il est de mes amis. Rendez l’argent ou, de ce pas, je vais chez le commissaire de police porter plainte.



Déjà les éclats de voix arrêtaient les passants devant la boutique. Le vendeur s’exécuta en philosophe qui savait devoir rencontrer des clients n’y regardant pas de si près. Ils sont légion les naïfs de Lourdes, de Lisieux, du Mont Saint-Michel, de la Côte d’Azur qui vont vers le bon marché, et qui brille. Ailleurs ils ont une excuse, leurs achats n’ont point la croix gammée, marque allemande authentique. 



Un fait discuté : cette croix au dessin rectiligne, et pour le moins biscornu, n’était pas basque. Un document officiel en fournit la preuve et fixe ce point d’histoire : le livre-rapport du Congrès de la Tradition basque, congrès qui a été tenu en août 1895 à Saint-Jean-de-Luz. Congrès scientifique, rapports rédigés par des Basques, par des Bascophiles, mis au point par M. Bernadou, autorité devant laquelle on s’incline, Ce livre donne la nomenclature de tout ce qui est d’origine basque, en remontant à la préhistoire. La croix basque, ou pouvant se réclamer de ce titre, n’y fait aucune figure.



saint jean de luz 1897 pays basque autrefois
FÊTES TRADITION BASQUE ST JEAN DE LUZ 1897
PAYS BASQUE D'ANTAN


On ne signale rien dans ce genre ni sur les églises, ni sur les monuments, ni sur les inscriptions, parfois curieuses, sur les portes principales des maisons. Il faut arriver au beau livre de M. le Professeur Colas : La tombe basque, pour trouver une première mention d'un dessin oviphile qui se rencontre quelquefois sur ces tombes. C’est autour de cet ornement, plus ou moins égaré, que se livre la discussion.



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LA TOMBE BASQUE LOUIS COLAS
PAYS BASQUE D'ANTAN



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LA TOMBE BASQUE LOUIS COLAS
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici, de la tombe basque, ce qui mérite vraiment l’attention. C’est une stèle monolithe, composée d'un disque soutenu par un talon ou un piédestal, fiché en terre. Il y a là une modification artistique et presque heureuse de la dalle fruste des tombes ibériques, autour desquelles les désenchantés de Loti aimaient à rêver d'un meilleur avenir. Au pays basque, le disque se relève de sculptures. On y trouve des roues, des rosaces, des arabesques, des cœurs, des noms des spécimens de toutes les croix possibles. Il y en a de potences, d’équilatérales, de Saint André. Une semblerait devoir être plus fréquente : celle des Prémontrés, religieux qui ont beaucoup exercé au pays basque, au Moyen-Age : deux croix qui se superposent. L’ensemble est peu esthétique. Si on le retrouve sur les maisons qui appartenaient à l’Ordre, le marteau du tailleur de pierres l’a écarté des tombes. Pour les religieux, la fosse commune était de règle, tandis que chaque maison basque avait sa place au cimetière, autour de l’église. 



Ces disques funéraires sont-ils un vestige des plus vieilles religions, du culte solaire ou même du culte lunaire, pour lequel les ancêtres basques auraient eu une certaine prédilection ? Toutes les conjectures sont possibles : aucun document ne confirme ni n'infirme.



Parmi toutes les croix qui entrent dans la décoration du disque, on remarque des exemplaires de la croix de Malte. Les Templiers ont fait œuvre commune avec les Prémontrés, ainsi que l'atteste la fameuse maison d’Irissary, constellée de croix de Malte. Il se pourrait fort bien que la croix dite des Basques soit une simple déformation de la croix de Malte. L’arc supérieur de chacune des quatre branches de cette croix élégante, et pour ainsi dire française, se relève au lieu de se prononcer à l’intérieur et forme une sorte de boule, une grosse tête, une poire. Les Basques la désignent par le mot "lauburu", ce qui veut dire "les quatre tètes", et dans ce mot on veut retrouver un rappel du "Labarum" romain. Ce dessin existe. Mais il a fallu de la bonne volonté pour le corriger encore, le supplicier et arriver à en faire la réplique de la croix naziste dite de Hitler. La guerre mondiale devait accomplir ce tour de force.




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LAUBURU 
PAYS BASQUE D'ANTAN




Parmi les erreurs du Service des prisonniers allemands en France, à cette époque désaxée, une d’elles, et non la moindre, amena le rejet à la frontière espagnole de tous les prisonniers appartenant à la Croix-Rouge. Cette libération est un principe reconnu par les nations civilisées. L’Allemagne rejetait nos médecins et nos infirmiers en Suisse. En France, nous pensions jouer un bon tour en les abandonnant de l’autre côté des Pyrénées.



Et c’est nous qui, dans cette circonstance, avons été joués. Nous avons conduit les loups dans la bergerie basque-espagnole. Ils y ont été reçus à bras ouverts. Au sortir de l’enfer des tranchées, les exilés purent avoir l’impression d’entrer au Paradis terrestre. Il y a longtemps que les Allemands considèrent la péninsule ibérique comme la meilleure de leurs colonies bénévoles. Elle ne leur coûte rien et ils y ont toujours le bénéfice de la nation favorisée, avec bien d’autres secrets avantages autour. C’est là qu’ils écoulent les stocks de leurs marchandises frelatées et leur alcool qui l'est.



En Espagne, tout ce qui n’est pas favorable à la France, est acquis à l’influence allemande. Avec le temps et avec nos négligences diplomatiques habituelles, la bascule penche de moins en moins de notre côté.



Surtout dans les provinces du Nord, dans les provinces basques. Celles qui nous touchent de plus près, que nous avons à portée de la main, sont moralement les plus éloignées. Cette tension fratricide s’est accentuée avec les excès des généraux vainqueurs ou vaincus de Napoléon Ier. Elle s’est exaspérée avec la guerre de 1870, où l’Espagne, avec Bismarck, fut le sujet de sa querelle d’Allemand. Cette tension s’exacerba avec les trois révolutions carlistes. Quand nous eûmes des revers, les villes de la frontière espagnole illuminaient. Cela, nous l’avons oublié. Nous nous souvenons encore, parce que c’est plus proche, qu’avant la guerre l’infiltration allemande avait fait de Bilbao un centre minier allemand et pendant les hostilités, du port de Santander, une base de corsaires sous-marins selon le cœur du comte de Luckner.



Les docteurs militaires allemands — on sait qu'ils constituent une classe importante — conduits par nos bons soins sur la terre espagnole, y furent accueillis plus qu’avec considération, avec enthousiasme. Tout fut à leur dévotion. Le haut clergé décréta des quêtes générales pour leur assurer le vivre et le couvert et on leur procura des situations intéressantes.



Ils eurent leurs hommes dans les nombreux prisonniers qui passaient la frontière sans rencontrer trop d’obstacles et dont les centres de concentration étaient perchés sur les Pyrénées. Ce fut l’occasion de singulières histoires.



Barcelone vit se constituer avec ces débris épars une armée de fortune allemande qui, un moment, menaça notre frontière du Sud-Ouest, qui, certes, n’était guère préparée à repousser une pareille invasion. La neutralité du roi Alphonse nous sauva dans cette circonstance.



Si, à un moment quelconque, ce roi s’en était départi, les provinces basques espagnoles avaient reçu à l'avance le mot d'ordre. Le drapeau blanc fleurdelisé se hissait sur la "piña plata", la montagne sacrée du Carlisme ; le Prétendant surgissait en uniforme de général allemand et ses provinces loyales devenaient terre allemande."



A suivre...


(Source : Wikipédia).




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