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jeudi 20 mars 2025

DES TRAVAUX SUR LA LANGUE BASQUE À LA FIN DU 19ÈME SIÈCLE (deuxième partie)

 

TRAVAUX SUR LA LANGUE BASQUE À LA FIN DU 19ÈME SIÈCLE.


A la fin du 19ème siècle, le mystère de l'origine du peuple Basque et de sa langue intéresse de nombreux chercheurs, de par le monde.


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WENTWORTH WEBSTER
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet Wentworth Webster, en 1895 : 



"De quelques travaux sur le Basque faits par des étrangers pendant les années 1892-94.



"... Nous nous occuperons maintenant d'un savant allemand établi depuis longtemps dans le commerce à Bordeaux, mais grand amateur de la langue et des études basques, Herr Victor Stempf. Nous parlerons plus tard de ses remarquables études grammaticales ; à présent nous nous occuperons de trois réimpressions qu'il a fait faire chez F. Destouesse, 5, rue Notre-Dame, Bordeaux.



1) B. Dechepare. Linguae Vasconum Primitiae (Poésies Basques). Troisième réimpression, conforme à l'original de 1545 (1893). La deuxième réimpression des poésies de B. Dechepare fut faite à Bayonne, chez Cazals, en 1874, par les soins de notre collègue, M. Julien Vinson.




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LIVRE LINGUAE VASCONUM PRIMITIAE
DE B. DECHEPARE



2) Supplément des Proverbes Basques recueillis par Arnauld Oihenart. Nos 538-706, avec la traduction en français. Nouvelle édition conforme à la première de 1657. Cet ouvrage peut servir comme complément non seulement aux proverbes d'Oihenart, mais aussi aux Anciens Proverbes Basques et Gascons, recueillis par Voltaire, qui furent aussi réimprimés chez Cazals, à Bayonne, en 1873. Je crois qu'il y a aussi une autre réimpression qui a paru tout récemment à Bayonne, chez Lasserre.


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LIVRE LES PROVERBES BASQUES
RECUEILLIS PAR A D'OIHENART



3) Plus intéressante encore est la réimpression des Textes des Anciennes Danses Basques chantées, recueillies par J.-J. de Itztueta, et publiées en 1826 à San Sebastian. L'histoire des deux éditions (Donostian 1824 et 1826) des Danses Basques Anciennes, publiées par Iztueta, est assez curieuse. La censure s'exerçait alors à San Sébastian et dans las Provincias Vascongadas avec une rigueur extrême. C'était la dernière période du règne de Fernando VII, après la mort de Riego, et de l'extinction temporaire de toute velléité de libéralisme en Espagne. Bien des pièces recueillies par Iztueta furent supprimées, d'autres furent tronquées ou expurgées avec une pruderie méticuleuse. Heureusement un écrivain anglais qui, ou personnellement, ou par ses amis, était en relations avec Iztueta, a fait la critique de ces deux éditions publiées à San Sébastian, dans The Foreign Review and Continental Miscellavy, vol. 2, art. IV, pp. 338, et vol. 4, art. IX, p. 198. (London, Black and Young, 1828). Je n'ai pas pu découvrir le nom de l'auteur de ces deux critiques. L'index bibliographique au Foreign Review ne le donne pas. L'auteur affirme qu'il a sous main toutes les pièces originales de Iztueta. Il ne les imprime pas toutes. Il ne donne qu'un choix de ces pièces que Iztueta fut obligé, contre son gré, de tronquer ou d'omettre. Comme il n'y a rien dans ces morceaux qui peut choquer la modestie, je les copie ici avec la traduction anglaise. Elles nous montrent au moins ce qu'était la censure en Espagne sous le règne de Fernando VII.



Zorcico.

Bacchanalian Zorcico.

La chanson des deux cents ducats.

Azalandara (supprimé par Iztueta).

Naparcho edo Navarrito.



Sous le titre Zorcico Pordoi ( ? n) Dantza, La Danse des Bâtons, est donné le fragment bien connu : Beotibarco Gudua, La Bataille de Beotibar. On le trouve dans Le Pays Basque, de Francisque Michel, p. 243, et dans le Cancionero Vasco, de Manterola, segunda serie, tomo III, p. 71. Il est curieux de remarquer l'interprétation différente faite des mots Gazteluco echean par ces 3 auteurs. Le premier en date, l'anglais, les traduit comme un nom propre : Gaztelu's walls, les murs de Gaztelu ; Michel dit : dans la maison du château-fort ; Manterola : a ser Castellanos, à être de Castille, avec cette note : Designase a Castilla con el nombre de Gaztelu (tot homines, tot sententiae). On trouve aussi dans le Foreign Review la seule pièce originale, en vers, connue de la plume de Iztueta. C'est une chanson à sa femme, Concepcion Bengoechea, avant leur mariage, écrite lorsque Iztueta était en prison. Le Foreign Review n'en donne que 5 stances ou versets. Manterola, dans le Cancionero Vasco, primera serie, tomo I. p. 40, y en ajoute encore cinq. Il nous dit, p. 38, que cette composition précieuse se publico por vez primera hacia 1844. Il ignorait qu'elle avait déjà paru dans une revue anglaise en 1828. Parmi les pièces mentionnées par Stempf dans sa réimpression, je remarque, p. XV : Aita San Ygnacioren Marcha. Ce serait intéressant de comparer cette marche, les paroles, la manière de danser et la musique, recueillie par Iztueta, avec la Marche de San Ignacio, imprimée par notre estimé collègue, M. Charles Bernadou, à la page 187 de notre Bulletin de 1894. Il y a encore une étude à faire sur les danses basques des deux côtés des Pyrénées, et surtout sur les danses religieuses de tout le Nord de l'Espagne. J'ai entendu autrefois dire par plusieurs personnes âgées que ces danses religieuses se pratiquaient en leur jeunesse devant le Saint-Sacrement en Aragon ; M. le Dr E. Casamajor Dufour, dans sa récente brochure Voyage à Jaca (Oloron, 1894), nous raconte qu'il les a vues, cette année, à la fête de Sainte Orosie, à Jaca.



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LIVRE CANCIONERO VASCO
DE JOSE MANTEROLA



Nous allons aborder à présent la publication basque la plus importante qui ait été faite dans un pays étranger pendant ces dernières années. Je parle de l'impression d'une grande partie des manuscrits basques conservés inédits depuis plus d'un siècle et demi dans la bibliothèque du comte de Macclesfield, à Shirburn Castle, Oxfordshire, Angleterre. La publication du plus important de ces manuscrits, la traduction faite par Pierre d'Urte, du livre de la Genèse et d'une partie de celui de l'Exode, en basque labourdin, est due au zèle éclairé d'une nouvelle recrue des études basques, M. le Révd Llewelyn Thomas, vice-principal de Jesus College Oxford. C'est lui qui a fait la copie pour la presse du manuscrit de Pierre d'Urte, et qui a amené l'Université d'Oxford à entreprendre les frais de la publication. Le résultat de la publication est un bel in-4° qui peut servir presque comme modèle pour la manière dont on doit reproduire un manuscrit unique. En comparant le texte imprimé avec le fac-similé du manuscrit, nous voyons que nous avons tout ce qui est nécessaire, mot pour mot, ligne pour ligne, pour l'intelligence et la lecture du manuscrit lui-même. Toutes les fautes, toutes les lacunes mêmes de l'original, sont reproduites dans l'impression. En outre, M. Thomas a écrit une introduction dans laquelle il nous dit tout ce qu'on connaît (malheureusement c'est bien peu de chose) sur l'histoire de ces manuscrits et sur la vie de leur auteur, Pierre d'Urte, natif de St-Jean-de-Luz, et un des rares ministres protestants basques. Les manuscrits furent écrits probablement vers l'année 1700, ou peu après. A cette édition, M. J. Vinson a ajouté un excellent et très utile Vocabulaire des formes verbales, usitées par Pierre d'Urte, avec une traduction littérale en français ; ce vocabulaire a d'autant plus de valeur que Pierre d'Urte se sert des formes de tutoiement masculin et féminin, qui sont assez rares ailleurs, M. E. S. Dodgson y a fait une liste des traductions de la Bible en des parties séparées. Cette liste est tirée de l'Essai d'une Bibliographie de la Langue Basque, de M. Vinson.



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LIVRE ESSAI D'UNE BIBLIOGRAPHIE DE LA LANGUE BASQUE
DE JULIEN VINSON




Les autres manuscrits de Pierre d'Urte comprennent une Grammaire Cantabrique, c'est-à-dire basque, et un Dictionarium Latino-Cantabricum. Ce dernier n'est qu'un fragment qui va depuis la lettre a jusqu'au mot commotus. La Grammaire est encore plus importante. M. Vinson a donné une description détaillée de ces deux manuscrits dans la Revue de Linguistique, tome XXVI, fasc. 3, 15 juillet 1893, p. 255. Avec les manuscrits autographes de Pierre d'Urte il se conservait, dans la Bibliothèque de Shirburn Castle, une copie de la traduction biblique faite au commencement du siècle actuel par le Révd Samuel Greatheed, F. S. A. Cette copie a été d'une grande utilité pour la transcription de l'original pour l'impression. M. Greatheed avait fait aussi la copie d'une dissertation en latin sur le verbe basque que Pierre d'Urte avait mis en tête de son Dictionnaire. A cette dissertation en latin M. Greatheed a ajouté : Notes and observations on the Grammar of the Cantabrian or Basque language. Il est étonnant que, quoique ces manuscrits de Pierre d'Urte aient toujours été conservés ensemble dans la Bibliothèque de Shirburn Castle. Greatheed n'ait pas eu connaissance de la Grammaire Cantabrique, manuscrit de Pierre d'Urte. Ses notes ne sont faites que sur la grammaire de Larramendi, El imposible vencido, et ainsi elles ne nous apprennent rien de nouveau. Telles qu'elles sont, M. Vinson les a publiées dans la Revue de Linguistique, 15 juillet 1893. On y trouve aussi 14 pages du vocabulaire tiré du manuscrit de la grammaire d'Urte."



A suivre...



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