LES BLASONS DES PROVINCES ET VILLES BASQUES EN 1931.
Au Pays Basque, de nombreuses provinces, communes et familles possèdent leurs propres armoiries.
 |
| BLASON DU PAYS BASQUE |
Voici ce que rapporta à ce sujet Jacques Meurgey dans le Bulletin de la Société des sciences, arts &
lettres de Bayonne, le 1er juillet 1931 :
"Bayonne (suite).
... Puisque l'occasion se présente de dire mon sentiment sur les armes de Bayonne, le voici : après avoir lu les savants mémoires de MM. Grimard et Simonet, je me demande si la question a été examine sous son vrai jour. A mon avis, la discussion est d'ordre archéologique et esthétique plutôt qu'historique et juridique, et c'est sur ce terrain là qu'il y a lieu d'argumenter. Il faut évidemment rejeter le blason à la baïonnette, quoique si l'on se place au point de vue purement juridique, ce soit ce blason qu'il conviendrait d'adopter ; en effet, c'est le seul qui ait été enregistré par Charles d'Hozier chargé de cette mission par le roi Louis XIV. Mais je me hâte de dire que ce serait fort regrettable. J'ai expliqué ailleurs les raisons pour lesquelles il ne faut pas exagérer la valeur juridique de l'Armorial Général que d'Hozier fut chargé d'établir. L'édit de 1696, d'où cet armorial est sorti, était purement fiscal, et à cette lettre morte, il faut préférer les armes traditionnelles que les villes, en général, ne cessèrent de porter lorsque celles qui avaient été enregistrées différaient des blasons anciens. Il semble bien que jamais elles ne furent inquiétées par suite de cette négligence ou non observation de la loi.
 |
| ARMOIRIE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La discussion ne doit pas porter non plus sur la question de savoir si Bayonne était ou n'était pas une bonne ville. C'était là un titre de courtoisie que possédaient toutes les villes de France d'une certaine importance, et Bayonne l'une des premières. (Voir la lettre de François 1er souvent citée.)
Quand le roi écrit : "A nos aimés et féaux conseillers...", il ne veut pas dire qu'il a pour ces officiers une affection particulière. Le roi aime tous ses sujets et tous les sujets de ses bonnes villes.
L'on dit toujours : quarante bonnes villes avaient le droit de se faire représenter par leurs maires au sacre de l'empereur ou du roi, et on a l'air d'en inférer qu'il n'y avait que quarante bonnes villes dans toute la France. Il faut penser que parmi toutes les villes de France, il y avait quarante d'entre ces bonnes villes, qui avaient ce droit, c'est tout ce que l'on peut dire ! Les autres aussi, qui ne jouissaient pas de ce privilège, étaient des bonnes villes.
D'autre part, comme il se trouvait que parmi ces quarante villes, un certain nombre avaient un chef de France, c'est-à-dire d'azur semé de fleurs de lys d'or ou d'azur à trois fleurs de lys d'or (il y en avait seize exactement), on est arrivé à penser et on en a conclu que ce chef était le signe des bonnes villes ! Mais non, ce n'est pas exact, la preuve en est que sur ces quarante villes, vingt-quatre n'ont jamais porté le chef de France. Je citerai parmi les plus importantes : Lille, Dijon, Nîmes, Metz, Strasbourg, Cambrai, Colmar, Pau.
Or, jamais l'on n'a contesté à ces bonnes villes le droit de se faire représenter au sacre des rois.
Donc, il y avait des bonnes villes qui avaient ce droit et cependant ne possédaient pas le chef de France.
En revanche, certaines villes ont porté anciennement le chef de France et n'ont jamais eu le droit d'aller à Reims ; il est même probable qu'elles n'y ont pas songé ou que les frais nécessités par ce voyage de leur maire ne les auraient pas enchantées, honor onus !
La conclusion logique de cette argumentation est celle-ci : le chef à trois fleurs de lys n'est pas forcément le signe des bonnes villes.
Donc il n'y a aucun rapport entre le chef de France, à plus forte raison entre le chef d'azur à une fleur de lys et la question des bonnes villes.
Il ne faudrait pas non plus, par un scrupule inexplicable, invoquer "l'honnêteté historique", et sous prétexte que Bayonne n'avait pas le droit d'envoyer son maire à Reims, lui refuser un chef de France. D'autant plus que chef de France s'entend de celui qui est semé de fleurs de lys, et non celui qui n'en porte qu'une seule. Une seule fleur de lys ne suffit pas pour faire un chef de France, les armes de France étant au minimum trois fleurs de lys.
Il n'est pas possible de dire qu'à aucune époque le chef n'a existé dans les armes de Bayonne. Je citerai en dehors d'un sceau apposé sur un acte des consuls de Bayonne en 1747 (collection de l'auteur de ces lignes), un document un peu plus ancien que M. Grimard a reproduit dans son étude. Il s'agit d'un petit armorial daté de 1714, qui est conservé au cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale (PC 19, fol. 80). On y trouve, pour chaque ville épiscopale, les armes de l'évêché, de la ville et du chapitre.
Il faut conclure : à mon avis, on chercherait vainement des raisons d'ordre historique, archéologique ou sentimental, pour supprimer le chef des armes de Bayonne.
Biarritz.
Arr. de Bayonne, chef-lieu de canton.
 |
| ARMOIRIES DE BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Armes : D'azur, à la barque montée par cinq hommes, dont deux s'apprêtent à harponner une baleine qui plonge dans les flots, le tout au naturel ; au chef d'or, à trois coquilles au naturel ; celle de senestre disparaissant sous un franc canton de gueules à l'étoile d'argent. Soutien : une ancre.
Devise : Aura, sidus, mare adjuvant me. (J'ai pour moi les vents, les astres et la mer.)
Ces armes rappellent que, durant plusieurs siècles, la principale richesse des habitants de Biarritz consista dans le produit de la pêche de la baleine, pêche qu'ils durent abandonner à la fin du XVIe siècle, ce cétacé ayant quitté nos parages. Il est à présumer que cette profession fut pratiquée dès le Moyen Age, car, vers le milieu du XIVe siècle, apparaît un sceau représentant les pêcheurs de baleine et portant en exergue : Sigillum consilii de Beiarriz.
Le blason de Biarritz a été composé à une date indéterminée d'après ce sceau du XIVe siècle, très connu, reproduit et décrit par G. Demay, La Plagne Barris, et Roman.
Ce sceau rond, de 62 millim., à oreillettes, est plaqué sur un traité conclu par Biarritz en 1351, avec les villes des Flandres (Arch. du Nord. Chambre des Comptes).
La légende : Sigillum consilii de Beiarriz est répétée sur les deux faces du sceau. D'un côté, on voit cinq pêcheurs dans une barque ; trois d'entre eux rament, les deux autres s'apprêtent à harponner une baleine. le revers représente saint Martin partageant son manteau.
"La devise, écrivait Henri Tausin en 1914, est de date récente et ne remonte guère qu'à une cinquantaine d'années. Biarritz a justifié pleinement sa devise, car sa barque guidée par une brillante étoile et poussée par une brise favorable sur un incomparable océan, vogue vers un avenir toujours plus prospère."
On retrouve la baleine non seulement dans les armes d'Hendaye, mais dans celles de Guetaria, de Motrico et d'Ondarroa (pays basque espagnol).
 |
| BLASON DE GUETARIA GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ciboure.
Arr. de Bayonne, canton de St-Jean-de-Luz.
 |
| ARMOIRIE DE CIBOURE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire