ÉTIENNE-ROMAIN DE MENDIRY.
La famille De Mendiry est une famille noble et ancienne de la province de Basse-Navarre.
Voici ce que rapporta à ce sujet René Cuzacq dans le bulletin de la Société des Sciences, Arts &
Lettres de Bayonne, le 1er juillet 1931 :
"Un notable du Pays Basque sous la Révolution et sous l'Empire : La vie agitée de M de Mendiry.
M. de Mendiry ! Si jamais nom fit parler de lui en Basse-Navarre à la veille même de la Révolution, ce fut bien celui de l'un des défenseurs des droits du pays contre le malheureux traité de 1785. Les lecteurs du tome III du savant ouvrage de MM. les chanoines Dubarat et Daranatz, Recherches sur l'Eglise et la Ville de Bayonne, savent quelles colères souleva, dans la contrée l'accord où Sa Majesté Très chrétienne, pour des raisons d'ordre général et de haute politique, sacrifiait à son alliance avec Sa Majesté catholique les intérêts particuliers de la Navarre française. Dans la conclusion du traité officiel qui laissait aux Espagnols la majeure partie des pâturages et des forêts indivis, M. de Mendiry avait été l'un des soutiens actifs des droits locaux : tout le poids de l'émotion populaire retombant brusquement sur le négociateur M. d'Ornano, assurait au contraire de sa reconnaissance durable de M. de Mendiry.
On n'appartenait pas d'ailleurs impunément dans la France du 18e siècle à une vieille famille du pays ; le rôle de notable, pour employer ce terme moderne, n'était nullement encore un vain mot ; vieille maison noble du pays de Cize, les de Mendiry comptaient de droit traditionnel parmi les conseillers et les dirigeants de la Cize. M. de Mendiry eut beau disparaître en 1791, son fils se trouva tout naturellement placé aux premiers rangs de l'histoire navarraise dans l'époque troublée qui commençait : la vie de Etienne-Romain de Mendiry n'en fut que plus agitée et n'en est aussi que plus intéressante à retracer aujourd'hui. Combien de ces familles françaises, dominant leur petit canton ou leur petite commune, connurent-elles alors des avatars analogues à ceux d'Etienne-Romain de Mendiry !
Car c'est du fils du malheureux adversaire du traité de 1785 que nous voulons parler ici-même. De père en fils, les de Mendiry étaient héréditairement alcades et juges royaux du pays de Cize, titre qui remontait à "l'ancienne constitution de la Navarre" et qui donnait à son titulaire la justice, l'administration et la police de la contrée. M. de Mendiry père l'occupa 54 ans ; il avait en outre droit d'entrée aux Etats de Navarre ; mais il mourut en février 1791 à l'heure même où les antiques franchises d'Eskual-Herria subissaient le sort commun de celles des autres villes ou provinces françaises.
Son fils aîné Etienne-Romain de Mendiry était alors le chef de la famille, "de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port" ; "héritier coutumier", il devint le possesseur des biens de Mendiry en Labourd et en Basse-Navarre. Depuis 1776, il était avocat au Parlement de Pau, où il suivit le barreau pendant dix ans, s'occupant aussi par prédilection native et goût personnel "de l'Administration". Il se fit remarquer par le "vertueux" M. de Boucheporn, "dernier intendant de la Généralité de Pau et Bayonne" : tout naturellement, il devint en mars 1787 son subdélégué pour le département de Navarre. Correspondance, contentieux, comptabilité, routes, subsistances, surveillance intérieure et des frontières connurent alors l'inlassable activité du nouveau subdélégué : au siècle des lumières, ce juriste à la mode de la France nouvelle tint à montrer partout son administration éclairée. Etienne-Romain de Mendiry s'occupa même, à l'en croire, d'affaires plus importantes avec M. Colcheu, "alors secrétaire général", sous la confiante et bienveillante égide de l'intendant, il adressa divers mémoires au gouvernement sur les projets d'améliorations publiques dont ce dernier avait saisi l'intendant.
Mais à la fin de 1790, c'était d'un tout autre Département (avec un grand D au sens moderne du terme) qu'il s'agissait. Serviteur de l'Ancien Régime rallié sans effort à l'oeuvre de la Constituante, E. R. de Mendiry fut en août 1790 "l'un des électeurs du canton de Saint-Jean-Pied-de-Port" et coopéra à ce titre à la formation des Basses-Pyrénées. On parla de lui pour la mise en marche du nouveau mécanisme administratif : cependant après divers tours de ballotage, un concurrent l'emporta sur lui de 4 voix à Saint-Palais pour les fonctions de procureur-syndic du District, c'est-à-dire du nouvel arrondissement.
C'est alors, toujours à la fin de 1790, qu'il fut nommé Commissaire du roi, à vie, près le Tribunal du District de Saint-Palais ; il y exerça "avec zèle, courage et persévérance" si nous l'en croyons lui-même, jusqu'au 10 août 1792.
Car 1793 arrivait : "retiré dans mes foyers, accablé de chagrins et de fatigues", il y fut "successivement désarmé, désigné au contingent forcé (c'est-à-dire au service militaire) où je me fis remplacer (c'est-à-dire qu'il fut assez heureux pour trouver un remplaçant)". Un moment interné à la maison de réclusion de Pau jusqu'en août 1793, il fut arrêté de nouveau à Saint-Jean-Pied-de-Port en octobre 1793, amené aux prisons de Saint-Palais, puis à la maison de réclusion de Nay. Il y passa 14 mois. Telle fut sa "pénible destinée" en 1793 et 1794.

PRISON DE SAINT-PALAIS BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN

PAYS BASQUE D'ANTAN


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