UN MATCH DE RUGBY À HARDOY EN 1912.
Le championnat de France de rugby à XV de première division 1912-1913 est remporté par l'Aviron Bayonnais qui bat le SCUF en finale.
Le championnat est disputé par une phase régionale (18 régions) entre octobre et décembre 1912 et chaque champion de région s'affrontent lors d'un premier, second tour et d'un troisième tour (quart de finale) ainsi que des demi-finales et la finale.
Voici ce que rapporta au sujet d'un match de la phase régionale entre l'Aviron Bayonnais et la
Section Paloise la revue bi-hebdomadaire Pyrenoea, le 1er décembre 1912 :
"Championnat de Foot-Ball Rugby de la Côte d'Argent.
Aviron Bayonnais contre Section Paloise.
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EQUIPE RUGBY AVIRON BAYONNAIS OCTOBRE 1912 |
Nous avons vu le 17 Novembre à Hardoy une des plus belles parties de rugby, un des plus beaux matches de championnat qu'il soit donné de voir et je doute qu'en France, avec les mêmes conditions d'un terrain lourd, il existe beaucoup d'équipes capables de donner à une partie autant de vivacité et fournir un spectacle dont l'intérêt soit constamment aussi puissant.
Nous avions bien raison de penser que le match des Basques et des Béarnais serait autrement captivant que celui de Bayonne contre Bordeaux. En effet, loin d'être sans cesse paralysés dans leurs attaques et dominés constamment comme l'avaient été les Bordelais, les Palois surent, en attaquant, admirablement se défendre.
Le "score" fut un peu dur pour les Béarnais, mais cette sévérité est imputable à de grosses fautes commises, dont le team Bayonnais, très souple, sut très bien profiter.
En mêlée, le puissant groupe de l'Aviron ne put obtenir la balle aussi fréquemment que contre Bordeaux et les sorties de mêlées furent réparties assez également dans chaque camp.
La paire des demis palois ne fut pas éclipsée par la fameuse paire adverse et tandis qu'Espelette à l'ouverture eut pu encore mieux faire, Lamouret, à la mêlée, s'affirma comme un joueur de grande classe.
La ligne de trois-quarts que l'on semblait ignorer prouva que véritablement elle existait, en marquant, en fin de partie, un essai du plus pur classicisme. Pierrot fut excellent et Casajous à l'arrière sortit la grande partie ne faisant pas une faute et si l'on peut reprocher à Casajous de n'avoir pas toujours trouvé la touche dans ses déplacements, ce ne fut ni plus ni moins qu'une tactique répondant à une tactique de l'adversaire.
Le quinze palois se comporta bien dans l'ensemble et joua avec une belle énergie. Il y eut des fautes commises mais elles ont leur part d'excuses dans une rencontre d'une pareille importance. Et certains dégagements cependant dans les mains de l'adversaire auraient pu être évités ; ils firent stationner le jeu en fin de partie et ce n'était pas l'intérêt de Pau qui avait au tableau un gros retard.
Lorsque certains remaniements qui s'imposent absolument dans la ligne d'avants auront été faits et que l'équipe aura à son actif quelques semaines du travail qui lui manque encore, la Section Paloise ne sera pas loin de son vainqueur de dimanche.
Bayonne joua mieux que contre Bordeaux ; très souple et pouvant ouvrir dans toutes les phases du jeu par l'adresse de ses hommes à ramasser le ballon en vitesse et par leur rapidité à se former en lignes d'attaques, l'équipe joua avec sang-froid et comme à l'ordinaire se montra remarquablement adroite et précises dans ses passes.
La route du Championnat de France, suivant l'expression populaire est ouverte à l'Aviron Bayonnais. Les hommes de Forgues, athlètes accomplis et players de grande classe, sont tout disposés à aller très loin sur cette route, souhaitons qu'ils la parcourent glorieusement.
La partie a présenté des péripéties si multiples qu'il serait fastidieux d'en faire un compte-rendu à la lettre. Nous en dirons seulement les principales phases après avoir mentionné que le match qui était dirigé par M. Gondouin — le prince des arbitres ! — fut exempt de brutalités de par les bonnes dispositions d'esprit des équipes d'abord et l'application des équipes à s'occuper beaucoup plus du ballon que de l'homme ensuite.
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ARBITRE CHARLES GONDOUIN |
La partie.
Le coup d'envoi échoit à l'A. B. Après une touche, la première mêlée donne la balle à Bayonne mais le départ des lignes arrières de l'Aviron est arrêté. Un dribbling, puis une touche de Casajous, l'arrière palois, mettent le jeu aux 22 mètres Bayonnais où Pau tente sans succès une ouverture, un goal et un coup francs. Echange de coups de pieds puis l'Aviron oblige Pau à toucher dans ses buts. Peu après, départ des lignes Bayonnaises, Poeydebasque file le long de la touche et marque au coin. Pas de but. Bayonne : 3 points - Pau : 0.
Le jeu est déplacé vivement, une attaque conduite par F. Forgues échoue sur en avant puis Pau manque la balle, Mastic dribble mais dans les buts est gêné manifestement. L'arbitre accorde un essai de pénalisation. Bayonne : 8 points - Pau : 0.
Coup de pied à suivre de Pau puis coup franc qui permet à Potter de trouver la touche dans les 30 mètres adverses. Ouverture de J. Forgues qui échoue sur en avant. Après un coup franc à Pau et Bayonne, Bernicha manque de peu le goal des 50 mètres. A tour de rôle les équipes prennent l'avantage en mêlée ; distribution de nombreux coups francs aux deux équipes. Pau touche dans ses buts puis le jeu revient aux 50 mètres d'où Bernicha, après coup franc, tente encore le goal cette fois encore manqué de peu. Une attaque dangereuse de Pau échoue en ballon mort. Duel de coups de pieds, puis ouvertures des Palois qui n'aboutissent pas. Sur une d'elles, une interception bayonnaise met le jeu dans les buts des verts qui touchent.
La mi-temps est sifflée aux 50 mètres.
A la reprise, après un coup d'envoi à refaire et un avant de Mastic, l'Aviron fait une descente, donne un petit coup de pied, reprend la balle, mais l'attaque bien dessinée échoue sur en avant. Une mêlée a lieu dans les 30 mètres de Pau. L'arrière dégage. Bayonne part en passes qui sont recentrées et un magnifique essai est marqué par Fouillassard. Roë transforme. Bayonne : 11 points - Pau : 0.
Le jeu continue très vite et à l'avantage de Bayonne. Tournier tente sans succès de partir, puis attaques des lignes arrières bayonnaises avec coups de pieds à suivre. Pau remonte en dribblant puis ouvre par deux fois, mais sans succès. Une superbe phase de jeu a lieu ; Bayonne ensuite fait un en avant dans ses 22 mètres qui sont dégagés en passes. Pau revient en dribblant dans le terrain des adversaires. Potter ramasse, envoie à Bernicha ; l'essai est manqué de peu. Forgues remet le jeu aux 50 mètres. Pau commet quelques maladresses au moment où le jeu est à son avantage, puis Bayonne fait une descente dangereuse et Mastic attaque du côté fermé. Bayonne domine à son tour et pendant quelques minutes se maintient dans les 22 mètres de Pau. Les verts remontent aux 50 mètres. Chateau part ; un coup franc est accordé à Pau qui envoie dans les buts de 50 mètres. Roë, sans être inquiété, réussit le drop-goal. Bayonne : 15 points - Pau : 0.
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LANCEMENT DU BALLON EN LIGNE DE TOUCHE PAR HEDEMBAIGT DIT MASTIC |
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