LA LANGUE BASQUE EN 1900.
A la fin du 19ème siècle, le mystère de l'origine du peuple Basque et de sa langue intéresse de nombreux chercheurs, de par le monde.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal mensuel Mercure de France, le 1er février 1900 :
"... La Société d'Ethnographie nationale et d'Art populaire poursuit le cours de ses utiles publications, et voici la Tradition au Pays basque. Le volume, illustré de gravures et de musique, comprend comme principaux chapitres : la Race basque par le Dr R. Collignon ; les Basques ont-ils une histoire ? par A. Planté ; les Pastorales basques, par Wentworth Webster ; les Mascarades souletines, par J.-D.-J. Sallaberry ; Proverbes, sentences et dictions basques, par l'abbé Haristoy ; la Musique populaire des Basques, par Charles Bordes ; la Langue basque, par Arturo Campion ; et plusieurs communications d'un grand intérêt sur des points particuliers de l'histoire et de la biographie du pays basque. L'étude de M. Campion, qui est une grammaire raisonnée, m'a paru le morceau capital du recueil. La langue basque est peu connue hors du pays pour ces deux causes : qu'elle est d'une absolue inutilité pratique et qu'elle est la langue la plus difficile du monde. Elle appartient à la division (fort arbitraire) des langues agglutinantes, mais on lui reconnaît des tendances polysynthétiques ; elle tiendrait donc le milieu entre le groupe ouralo-ltaïque et les groupes américains. D'après la classification ordinaire, elle en est au second degré de l'évolution verbale, le premier étant bien représenté par le chinois, qui est une langue isolante. Seulement, toutes les langues sont plus ou moins isolantes et chinoises : on ne voit pas bien l'abîme qui sépare l'anglais mankind du chinois gin-tu, tous deux voulant une grande quantité d'hommes. Le basque qui est agglutinant est donc aussi un peu isolant et même un peu flexionnel. Dans les langues de ce groupe les mots sont invariables et inaltérables ; les relations des parties du discours s'expriment par la position des mots ou par l'intercalation entre ces mots ou à l'intérieur de ces mots de suffixes et "mots vides" également invariables. Cette inaltérabilité des mots est toute théorique : les consonnes et les voyelles réagissent les unes sur les autres de telle sorte que le même mot peut se présenter dans la même phrase sous plusieurs formes assez différentes (edoi, odei, nuage ; — nagusi, nabusi, maître ; — seme, semia, fils ; — beor, bior, jument). — Mais ces variations sont régulières, quoiqu'on n'ait pu encore en déterminer toutes les lois, si bien qu'il n'y a pas une différence morphologique essentielle entre le basque d'aujourd'hui et ce qui a été conservé du basque du XIIe siècle.
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LA RACE BASQUE PAR LE DR R. COLLIGNON |
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LES BASQUES ONT-ILS UNE HISTOIRE ? PAR ADRIEN PLANTE |
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LES PASTORALES BASQUES PAR ENTWORTH WEBSTER |
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