LES SAUTS BASQUES ET LES VIEILLES DANSES DU LABOURD.
Les sauts basques (ou Mutxikoak) existent depuis des centaines d'années au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet Louis Dassance dans le Bulletin du Musée Basque N° 1-2 de 1927 :
"Les sauts Basques et les vieilles danses Labourdines.
Il paraîtra peut-être étonnant à quelques lecteurs, même Basques, de voir consacrer ici un article aux danses Labourdines. N'est-il pas, en effet, généralement admis que les danses proprement Basques, c'est-à-dire les "Sauts" — Jauziak ou Jauzikoak — sont l'apanage exclusif de la Basse-Navarre et surtout de la Soule ? Il est certain que les danseurs de cette dernière province ont toujours joui d'un renom bien mérité et qu'ils ont l'immense avantage d'avoir conservé vivants la tradition et l'usage de ces danses si originales.
Mais il n'est pas besoin de remonter bien loin en arrière pour se rendre compte que presque toutes les variétés de sauts basques se dansaient il y a quelques années encore dans tous les villages du Labourd et d'autre part les noms mêmes de la plupart de ces variétés semblent attester, comme nous le verrons plus loin, une origine indiscutablement Labourdine.
Encore aujourd'hui certains de nos villages tels que Mendionde et Macaye demeurent fidèles au vieil usage et immédiatement après la grand-messe ou la partie de pelote les sauts basques y sont exécutés religieusement.
Tout en le déplorant, on pourra se demander à quelles causes il convient d'attribuer le déclin et la perte quasi-totale de ces danses traditionnelles si élégantes et si originales dans toute une partie du Pays Basque très attachée par ailleurs à ses vieux usages. Peut-être bien le grand coupable aura-t-il été celui que dénonçait Charles Bordes dans l'étude qu'il fît de la Musique et de la Chanson Basques pour le Congrès de la Tradition qui se tint à St-Jean-de-Luz en 1897. Après avoir passé en revue et décrit les instruments qui servent à faire danser les Basques : d'un côté le "chirula" ou flûte de bois à trois trous et le violon "chirribika", et de l'autre les instruments d'accompagnement : tambourin, "ttunttun" et tambourin de Gascogne de Soule, il ajoute : "... Mais le piston nous menace !" Et de fait, quelques lignes plus loin, il dénonce l'invasion des fêtes de village par la "fanfare funeste, corruptrice du goût populaire. Nous connaissons, ajoute-t-il, au Pays Basque, certaine troupe pistonnante engagée dans toutes les fêtes de la région, dont les pas redoublés et les "défilés" viennent gâter les plus belles parties de pelote. Cette horrible musique de cirque, fausse d'ailleurs à miracle, accompagnant ce noble jeu, cette lutte antique, quelle dérision ! Puisque la musique y est traditionnelle ramenez-nous le vieux tambourinaire ou un chœur de gaïtas adouci de flûtes jouant les danses, les airs et marches du pays."
| SAUTS BASQUES ET JOUEURS DE FLUTE DESSIN JACQUE LE TANNEUR |
Ces fanfares et petits orchestres "étrangers" qu'on laissa malencontreusement s'introduire dans nos fêtes locales eurent tôt fait de remplacer les vieux "chirulari" et "chirribikari" de hameau qui, en dehors de leurs thèmes vénérables et traditionnels, ne possédaient qu'un maigre répertoire de quadrilles et de contredanses surannés. Et puis, ces vieux musiciens eux-mêmes étaient trop fréquemment jaloux de leur savoir et de leur répertoire purement oral ne l'oublions pas : ils redoutaient en formant de jeunes élèves de se faire des concurrents, tels l'un des ménétriers les plus connus de la région dont le violon, pauvre stradivarius qui pendant un demi-siècle égrena toutes les notes de nos vieilles branles a été recueilli par le Musée Basque, ne consentit jamais à en enseigner les différents airs à son propre beau-fils, musicien lui-même ; et celui-ci dût avoir recours pour s'instruire à la mémoire d'un vieux danseur de bonne volonté qui lui chantait les airs tout en les dansant lui-même.
Car les sauts basques comportaient de nombreuses variantes. Combien exactement ? Il est probable que nous ne le saurons jamais plus, car, ainsi que nous l'avons dit, le répertoire en a été oral pendant des siècles — et du reste les ménétriers souletins n'ont encore aujourd'hui aucune musique écrite. Le recueil le plus ancien que l'on possède ne date que du milieu du siècle dernier et dans ces conditions il est à craindre que bien des airs ne se soient perdus.
Francisque Michel qui transcrit par ailleurs une partie des "Mutchikoak" nous apprend qu'il en existe dix ou douze variétés. De son côté, Charles Bordes, qui se borne à reproduire la version des Mutchikoak de F. Michel, nous dit qu'il existe vingt et une manières de danser le Saut Basque.
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| PHILOLOGUE FRANCISQUE MICHEL |

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