Le curé de Hélette avait reçu depuis quelques temps plusieurs lettres anonymes dans lesquelles on le sommait d'avoir à déposer une somme de cents francs dans un lieu qu'on lui indiquait, sans qu'il crût devoir ni déférer à l'intimidation qui lui était adressée ni dénoncer à la justice les persécutions dont il était l'objet. Mais une nouvelle lettre vont augmenter ses frayeurs ; elle portait que plusieurs ecclésiastiques des environs avaient déjà satisfait à la contribution qui leur était imposée, que seul il s'obstinait à refuser encore ; mais que cette invitation était la dernière qui lui serait faite, que faut par lui à la remplir il pouvait s'attendre à tous les effets d'une implacable vengeance et que quinze hommes de coeur étaient déterminés à lui donner la mort.
Le curé de Hélette fit part de ses appréhensions au procureur du Roi qui s'empressa de se rendre sur les lieux. Les mesures les plus promptes furent aussitôt prises afin de découvrir l'auteur des lettres anonymes. Des rouleaux de pièces de deux sous à l'extrémité desquels on avait mis des pièces de cinq francs qu'on avait eu soin de marquer avec un canif, furent placés au lieu désigné et des agents postés aux environs. Le succès le plus complet couronna ces mesures. On apprit le lendemain qu'un nommé Charlestegay, était sorti de chez lui un moment avant jour, armé d'un fusil et s'était dirigé vers le lieu où avaient été placés les rouleaux ; que là, après avoir épié de côté et d'autre il s'était baissé, avait pris les rouleaux et s'était retiré avec précipitation.
MAISON D'ARRÊT SAINT-PALAIS BASSE-NAVARRE D'ANTAN
Charlestegay fut aussitôt arrêté. On trouva sur lui les mêmes pièces d'argent qui avaient été marquées ainsi que plusieurs lettres dont l'écriture était entièrement semblable à celles des lettres anonymes. Cet homme possesseur d'un petit domaine et appartenant à une honnête famille, a été conduit dans la prison de St-Palais. Son arrestation qui a eu lieu précisément le jour du marché de Hélette, a produit une vive sensation dans le pays."
(Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)
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