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samedi 11 novembre 2023

L'INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE LE 11 NOVEMBRE 1924 (première partie)

L'INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE LE 11 NOVEMBRE 1924.


Dès 1920, est lancée, avec un grand succès, une souscription publique pour la construction du monument aux morts de Bayonne, afin d'honorer la mémoire des 780 Bayonnais morts au combat lors de la Première Guerre mondiale.




pays basque autrefois labourd monument morts
INAUGURATION MONUMENT AUX MORTS BAYONNE 
11 NOVEMBRE 1924


23 dossiers furent présentés à la Mairie de Bayonne et c'est le projet des architectes Molinié-Nicod et Pouthier, associés au sculpteur Brasseur, qui fut choisi.




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SCULPTEUR LUCIEN BRASSEUR




L'édifice fut construit en 1923 sur l'esplanade des Glacis, adossé aux remparts et inauguré le 11 novembre 1924.



Voici ce que rapporta au sujet de cette inauguration la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays 

basque, le 12 novembre 1924, sous la plume de Ch. de La Rue :



"Le Monument aux Morts de la Guerre a été inauguré hier à Bayonne.



La population de Bayonne a rendu hier un hommage unanime, grandiose et profondément émouvant à ses Morts de la guerre. La population de Bayonne en effet : toute la population massée auteur du monument que recouvrait un immense voile tricolore ; il ne devait rester personne sur les autres places et dans les voies de la cité ; les habitations devaient être partout désertes ou à peu près. 



La cérémonie a été magnifique et touchante de respect, de recueillement et d'émotion. Elle fut à la fois simple et noble et, tandis qu'elle se déroulait sous un ciel propice et au milieu du silence impressionnant de la foule, bien des têtes se courbaient, bien des pleurs coulaient et des larmes, à certains moments, voilèrent les regards de ceux-là mêmes qui ne furent pas frappés par des deuils au cours de la guerre. 



On avait vu, la veille et le matin, la décoration très sobre des abords du monument. De chaque côté, du lierre retombait du haut du bastion et quelques arbres au sombre feuillage avaient été plantés. Au milieu du parvis, dans un grand brûle-parfums, dont le modèle fut dessiné par M. Benjamin Gomez et aux quatre angles du socle duquel quatre casques de poilus reposaient sur des fleurs, un feu couvait. 



Un peu en arrière, une petite tribune avait été dressée surmontée de hauts parleurs qui communiquaient avec l'emplacement où se trouvait la musique. 



Et c’était tout. 



Avant la cérémonie de l'inauguration, une courte revue militaire avait eu lieu sur la place d'Armes, au milieu de laquelle les autorités se tenaient sur le kiosque. C’est à l'issue de cette prise d'armes que les autorités et la foule se rendirent à l'emplacement du monument près duquel d’ailleurs beaucoup de personnes étaient déjà arrivées. 




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MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Vers neuf heures s'avança le cortège et chacun prit place sans heurts, sans gêne, dans un ordre parfait : personnages officiels, parents, soldats, musiciens, enfants des écoles enfin, tous les assistants. 



Au premier rang nous avons noté la présence, à gauche, face au monument, de MM. Castagnet, maire de Bayonne ; Catalogne, sénateur ; Ybarnégaray, député ; le général Odry, commandant la 36e division ; Gieure, évêque de Bayonne ; Raneiro, consul d’Espagne ; Destandau, président du Tribunal civil ; Poydeneau, président du tribunal de commerce ; le colonel Acha, de Saint-Sébastien, délégué de l'Amistad franco-espagnol ; Armand Gommés, président de la Chambre de Commerce ; Béhotéguv, adjoint au maire. A droite, avaient pris place MM. Mireur, préfet des Basses-Pyrénées, qui a fait sur tous, dans notre ville, la meilleure impression ; M. Bilange, sous-préfet de Bayonne ; M. Garat, député ; Lapara, représentant la municipalité de Biarritz ; le Grand-Rabbin, le Pasteur protestant ; Champetier de Ribes, député ; Dordezon, conseiller général, président de l'Association des Mutilés ; Sabatier, procureur de la République ; Luis Oyarzun, président de la Chambre de Commerce franco-espagnole, et Frois, premier adjoint au maire. Puis, derrière, tout ce que Bayonne compte de personnalités marquantes dans la magistrature, dans l'armée, dans l’enseignement, dans le clergé, etc... Enfin la foule, la foule immense ; nous le répétons, tout Bayonne était là, sans compter ceux qui étaient venus des communes voisines. 




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MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Mais neuf heures et demie sonnent et, à ce moment, la Clique Bayonnaise lance un appel de trompettes, aussitôt répété par les hauts-parleurs. Et voici que, lentement, tandis que l’orchestre dirigé par M. Ermend Bonnal joue l'adagio de "Pelleas et Melisande", les jeunes filles bayonnaises s'avancent, sur deux rangs, vers le monument. Vêtues à la grecque, de simples tuniques dont la couleur grise s’harmonise avec la tonalité générale du lieu, elles portent : les unes des bouquets de fleurs rouges qu'elles vont aller déposer au pied du monument, les autres des urnes blanches où sont les parfums, quelques autres enfin des écussons très simples où on lit ces noms — noms de batailles où se signalèrent les vaillants Bayonnais — Marne, Yser, Givenchy, Craonne, Courcelles, Guise, Verdun, Champagne et Somme. Lorsque ces dernières ont pris place au pied du monument, le grand vélum tricolore s’enlève tout à coup tandis qu’éclate la Marseillaise et que le bastion se couronne d’éclairs et de fumée : des détonations retentissent, image de la guerre, image brève à laquelle succèdent les derniers accents de l’hymne national. 



pays basque autrefois labourd monument morts
INAUGURATION MONUMENT AUX MORTS BAYONNE 
11 NOVEMBRE 1924



Puis voici la partie principale de l’argument musical qui a fait sur l’assistance une impression profonde : 


Les jeunes filles de Bayonne offrent les fleurs aux Morts ; elles les déposent très simplement sur le tertre gazonné qui sert de socle au monument ; les autres, dans un même geste mesuré, versent, des urnes blanches, l’encens sur le brûle-parfums.



Alors, dans le grand silence, où l’on devine tous les cœurs communiant dans un même sentiment de reconnaissance infinie, de douleur et d’amour — les coeurs qu’un rien ferait éclater et qui se contiennent cependant — s’élève la voix chaude, harmonieuse, prenante de Mme Germaine Martin, soliste des Concerts du Conservatoire et des Concerts Colonne, qui chante, accompagnée par l’orchestre, le "Mater Dolorosa" de la huitième Béatitude de César Franck. En même temps, on voit se diriger, à son tour, vers la table où sont inscrits les noms des Bayonnais morts pour leur Pays, une jeune femme, Mlle Odile Kintzel, de la Schola Cantorum. Elle est vêtue de violet, sous un voile noir. Dans ses bras, elle porte une longue palme verte. Elle marche à pas lents, très noblement, sans rien de théâtral. Son visage est naturellement pâle ; on la sent, elle aussi, profondément émue, vibrant intérieurement et sourdement à l'unisson de toute cette foule. Avec la calme simplicité elle dépose la palme au-dessous des noms, elle s’incline, puis lentement encore s’éloigne, tandis que retentissent les dernières mesures du "Mater Dolorosa". 




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MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


On s’est à peine ressaisi de la majesté de l’offrande, que l’on voit se diriger vers la tribune, le premier des orateurs, M. Castagnet, maire de Bayonne. Alors se poursuivent les discours, dont les hauts parleurs permettent à la foule de tout saisir. Ce sont, tour à tour, MM. Castagnet, Ramon, Dordezon, Ybarnégaray, Garat. Catalogne et Mireur, préfet, qui célèbrent les vertus des héros et rappellent leurs gestes magnifiques. Parmi ces discours, que nous analysons d’autre part, ceux qui produisirent l’effet le plus impressionnant parmi la foule firent incontestablement ceux de M. Ramon, président de l’Union des Combattants et de M. Mireur, préfet. 



Ensuite eut lieu le défilé des sociétés et des autorités devant la belle œuvre du sculpteur Brasseur. 



Les sociétés, l’une après l’autre, les délégations, les enfants des écoles, apportèrent des fleurs, des palmes, des couronnes. On remarqua beaucoup celle de la ville de Biarritz, déposée par MM. Berrogain et Labadie. Ce défilé se termina par le salut des autorités. 



Lorsqu'il eut pris fin, au milieu de la foule massée des deux côtés des Allées Paulmy, un long cortège s’est rendu au cimetière pour saluer les tombes des soldats morts pour la France, qui reposent dans le sol de Bayonne


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MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


La cérémonie de l'inauguration, nous le répétons en terminant, fut fort belle, impressionnante et touchante, infiniment. L'éloge de la façon dont elle fut conçue et réglée fut unanime. Il faut en reporter le mérite sur ceux qui la préparèrent, sur M. Frois, premier adjoint au Maire et sur la Commission des fêtes, parmi laquelle, deux hommes qui se vouèrent eux aussi, à cette tâche avec intelligence, avec zèle et avec un goût très sûr : MM. Georges Férié et Benjamin Gomez. Elle laissera dans le cœur et l’esprit des Bayonnais un inoubliable souvenir."



A suivre les discours...





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