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mercredi 15 novembre 2023

CHARLIE CHAPLIN À TARDETS EN SOULE AU PAYS BASQUE EN AOÛT 1931

CHAPLIN AU PAYS BASQUE EN 1931.


Lors de son tour du monde qu'il fit en 1931 et 1932, Charlie Chaplin (Charlot) vint au Pays Basque, à Guéthary et à Tardets, en Soule.


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CHAPLIN A TARDETS JANVIER 1932
POUR VOUS 7 JANVIER 1932



Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire Pour Vous, le 7 janvier 1932 :



"Quand Charlie Chaplin villégiaturait au pays basque.


Charlie Chaplin était invisible. Il boudait Biarritz, dans un ennui magnifique. On ne l’avait pas vu au Bar Basque. Des femmes, plus belles que les étoiles marines de Santa-Barbara, de Miami, passaient devant ses yeux aveugles. Les grilles d’or du Miramar se refermaient sur lui.



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CHARLIE CHAPLIN AU MIRAMAR BIARRITZ 1931
PAYS BASQUE D'ANTAN


"Il s’ennuie ? Faites-le venir à Tardets", téléphona, un soir, quelqu’un.


Le lendemain, Chaplin arrivait à Tardets, dans sa Cord.


Il n’y avait là, jour le recevoir, ni reporters, ni photographes, mais quelques garçons basques, en espadrilles, qui allaient chasser la grive, et qui trouvèrent la Cord jolie.




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CORD L-29
CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=116039



Tardets est un village de la Haute-Soule, arcades mortes, pavé sonnant encore du fer des mulets espagnols, un village qu’on ne connaît pas à Biarritz, et qui n’a pas changé depuis cent ans.


Et Charlie Chaplin était l’hôte de Maurice d’Arhanpé, amphitryon de contrebandiers et de rois, le dernier homme qui puisse donner une authentique fête basque.



Dès sa descente de voiture, Charlie Chaplin se vit offrir un pernod d'avant-guerre, sur la terrasse aux catalpas de la chartreuse basque allongée au soleil."



"Un dimanche de Chaplin au pays basque... à la recherche des choses et des gens qui ont inspiré Charlie Chaplin. (sous la plume de Josep Peyré)



Mal habitué à cet extérieur sans prise de vues, et les oreilles bourdonnantes du silence de la vallée, le héros de La Ruée vers l’or considérait les personnages de féerie qui naissaient de l’écorce des arbres, et que le soleil malicieux, criblant à jour le feuillage des catalpas, armait d’écailles d’or.



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AFFICHE FILM LA RUEE VERS L'OR DE CHARLIE CHAPLIN



Quel génie, quel maître de ballet venait de faire naître ces danseurs aux plastrons chamarrés, aux tuniques de lumière, et cet hallucinant cheval-jupon à l’encolure dérisoire, qui se gonflait avec le vent ?


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DASNEUR BASQUE ZAMALZAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN


"Ce sont les bergers ? demanda le mime. 


— Ce sont les bergers. Les bergers d’Ahusqui."



Depuis huit jours, pour rabattre les danseurs basques, les courriers battaient la montagne. Et les danseurs avaient laissé à la garde des chiens leurs troupeaux. 


"Ce sont des bergers ? répéta Chaplin lorsqu’ils chantèrent le premier chœur.

— Mais oui !

 — Des gardeurs de brebis ? 

— Des gardeurs de brebis ! 

— Ils chantent comme des Russes ! 

— Tous les hommes basques chantent comme ça. 

— Et ils sont chers ? 

-— Très chers. Personne ne peut les payer. Pour aucun autre, ils ne seraient descendus de la montagne. Le soir, lorsqu’ils ont fini leurs fromages, ils se réunissent dans un ranch, et ils travaillent leurs pas. Les pas que leurs pères leur ont appris."



Le visiteur regardait comme on feuillette un livre d'images. 



Ce fut alors qu’arriva un jeune berger, plus beau que les hommes des films.


"Il ne voudrait pas venir à Hollywood ? demanda Chaplin.


— Non ! Il travaille avec sa mère, la dernière ferme dans la montagne. Et il a marché cinq heures pour venir danser le pas des épées."



La cloche sonna l’Angélus de midi.



L’odeur des piments rouges de la piperade, qui cuisaient depuis trois heures dans le poivre, buvait l’odeur de miel des catalpas.


"Un peu plus de ce très sec petit vin blanc", demanda Charlie Chaplin en éternuant.



Puis il commença à dire ce qui devait, ce jour-là, rester son refrain : "Tout mon cœur, tout mon cœur avec vous..."



Le cheval-jupon lui-même s’était mis à table, et goûtait, avec des encensements, la truite, la piperade, la poule farcie, le vin de Sunharette, qui fleure le Vouvray.


"Vraiment tout mon cœur !" répétait Chaplin. Puis il reprenait l’émouvant Chorittua nurat hua, dans une adaptation anglaise dont il garde le secret.



Après le déjeuner et les chansons, ce fut, dans la montagne, la promenade jusqu’à Licq. Malheureux celui qui n’a pas admiré en septembre la haute vallée du Saison et les peupliers près de mourir !



Le mime du malheur semblait avoir trouvé son paradis. Il y avait trois jolies femmes sans fond de teint, et presque sans fard, et déjà des palombes, en grande avance sur l’hiver.



Sur le chemin du retour, les cloches des chapelles sonnaient à la volée. Croyant au feu ou à la guerre, les bergers dévalaient les sentiers. Mais ce n’était que le tocsin pour l’homme qui fait rire.



Car la nouvelle avait descendu comme l’eau dans la vallée. De Mauléon, le Café Jaurgain téléphonait, suppliant qu’on arrêtât "Charlot" une minute, une seconde, dût-on desserrer de deux tours une valve de pneu !



A l'entrée de Tardets, ce fut, devant la Cord, la barricade. Mais Charlot, les yeux pleins de ciel, chantait avec d'Arcangues :


Je ne descends dans la campagne 

Que pour ma poudre et pour mon plomb. 



Rien ne vaut le gant de cuir pour vous remettre de l’extase. En cinq minutes, il vous gonfle la main, et vous ridiculise. Le fronton de Tardets a vu cet inédit : "Charlot joueur de pelote".



Ils se mirent à deux pour lui passer le gant de cuir, le "chistera", cette fois-ci sous l’objectif du photographe. Cette raquette courbe, cette damnée gouttière n’est pas possible pour un chrétien. Charlot avise le mur du fronton, mesure la distance qui l’en sépare, et ses forces... Et la balle, derrière lui, va frapper au genou une Basquaise aux jolies jambes. C’est le moins qui puisse arriver.



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CHARLIE CHAPLIN TARDETS AOÛT 1931
PAYS BASQUE D'ANTAN



Après la partie, jouée cette fois par d'autres, Charlie Chaplin suivit Maurice à l’auberge, où Marianne Ourdosgoïty le reçut, entre son horloge à fleurs et ses cruches cerclées de cuivre :


"Un panaché ? 


— Un panaché", répondit Chaplin.



A l’auberge, il fallut chanter, avec Elgoyhen, avec Ourdosgoïty. Puis on dîna sur la terrasse, et les sonneries des trompes de chasse se répondirent des deux rives de la vallée. Ici, l’émotion de Charlot trouva son comble, et, soudain, on le vit chanter, mimer, avec ses cheveux gris et ses yeux tristes, Auprès de ma blonde, la chanson française qu’il préfère.


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AUBERGE AHUSQUY SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Nulle autre part chez nous, Chaplin n’aura laissé ce souvenir public et familier.



Depuis lors, Maurice d’Arhanpé ne cessait pas de recevoir des lettres d’Amérique : "Où est Tardets en France ? Combien de cinémas ? Quelles vedettes ? Chaplin ne s’y est-il pas fiancé ? Des photos ?..."



Mais Tardets chassait les palombes. Et Maurice d’Arhanpé racontait à l’auberge d’Ourdosgoïty :


"Charlie Chaplin ? Je l’ai rajeuni de cent ans !"




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