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vendredi 17 novembre 2023

UNE UNIVERSITÉ INTERNATIONALE D'ÉTÉ À USTARITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1951

UNE UNIVERSITÉ INTERNATIONALE D'ÉTÉ À USTARITZ EN 1951.



Après un projet avorté à Biarritz, en 1951, est créée à Ustaritz, en Labourd, au Pays Basque, une Université Internationale d'Eté.



pays basque autrefois université catholique labourd
COLLEGE SAINT FRANCOIS-XAVIER USTARITZ 1954
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Croix, le 2 octobre 1951 :



"Ce que fut l'Université internationale d'été d'Ustaritz.



Durant quatre semaines, les drapeaux de onze nations ont flotté devant les bâtiments blancs de l’école Saint-François-Xavier à Ustaritz (Basses-Pyrénées).



De sa terrasse, on voit s’étendre la verte beauté du pays basque les eaux calmes de la Nive, et, à l’horizon, s’élever la silhouette du mont Ursouia. Invitation au voyage ou du moins à la promenade ? Cette Université, fondée sous les auspices de l’Institut catholique de Toulouse, n'avait rien d'un camp de vacances. Sur quatre semaines de leur séjour, dans un cadre aussi attrayant et à 15 kilomètres des séductions de Biarritz et Saint-Jean de Luz, ses membres ont donné vingt jours pleins à un travail intellectuel exceptionnellement intense. Quatre heures de cours par jour, plus les cours de de langue, les carrefours, les réunions du soir. Or, jusqu’à la fin, la régularité de la participation n'a pas connu de fléchissement. Il n'y a pas de meilleur éloge que l'on puisse faire à la fois aux auditeurs et aux professeurs réunis à Ustaritz.


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VUE AERIENNE DU COLLEGE ST FRANCOIS-XAVIER USTARITZ 1964
PAYS BASQUE D'ANTAN


Des maîtres éminents.



La grand variété des cours groupés autour du thème général "Civilisation française et problèmes du monde contemporain" comportait, il est vrai, en elle-même. des possibilités de diversion. Successivement, plus de quarante conférenciers ont pris la parole, parmi desquels voisinaient le professeur de Faculté et le militant ouvrier, l’économiste et le philosophe, le géographe et le littéraire, le biologiste et l’assistante sociale. Jour par jour, le tableau d'affichage annonçait les "arrivés" et les "attendus" d'un corps enseignant sans cesse en transformation.



On vit ainsi apparaître et disparaître les noms de S. Exc. Mgr Mathieu, évêque d'Aire et Dax ; S. Exc. Mgr Saint-Pierre, évêque de Gordus ; Mgr Jobit, professeur à l'institut catholique de Paris et ami agissant de la jeune Université, du R. P. Dubarie, de Jacques Madaule... On résiste difficilement au désir d’énumérer les noms de tous les maîtres venus de quatre instituts catholiques de France, de Facultés belges de l'Université de Fribourg, de plusieurs Universités officielles françaises (Paris, Bordeaux, Toulouse), de l'institut français de Barcelone et même du Collège de France. 



Qu’il nous suffise cependant d'évoquer la richesse d'un programme qui trairait de questions économiques et politiques, des problèmes humains de la science moderne, des civilisations étrangères en dialogue avec la civilisation française, de psychologie et pédagogie, de la philosophie contemporaine, et bien sûr aussi, des œuvres littéraires, théâtrales et cinématographiques de notre époque. Il va de soi enfin qu’une Université installée à Ustaritz, capitale du Labourd, ne pouvait négliger les études basques.




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SEMINAIRE DE ST FRANCOIS-XAVIER USTARITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les "Entretiens du soir".



De la vie à Ustaritz, l’ensemble des cours et conférences donne cependant une vue encore incomplète puisqu’il s’y ajoutait, non seulement de nombreux colloques avec les professeurs, mais aussi plusieurs excursions (côte et pays basques, Pyrénées, Espagne, lacs des Landes) et quatre "Entretiens du soir". Ces entretiens, dont trois ont eu lieu en dehors de l’Université, établissaient un contact particulièrement étroit avec un public qui venait d’ailleurs tous les jours prendre place parmi les étudiants.



L’entretien de Bayonne avec Mgr de Solages, le R. P. Queguiner, des Missions-Etrangères, M. P.-H. Simon, professeur à l'Université de Fribourg, et M. Pierre Deffontaines, directeur de l’institut français de Barcelone, portait sur "Le conflit des humanismes" ; celui de Saint-Jean-de-Luz, avec M. Alain Barrèrere, de la Faculté de droit de Toulouse, M. l'abbé Garail, M. André Garrigou-Lagrange, de la Faculté de droit de Bordeaux, et M. Rent Théry, de la Faculté libre de droit de Lille, avait pour objet "L’avenir social de la France" ; celui du Casino de Biarritz, particulièrement mouvementé, avec M Henri Gouhier, professeur à la Sorbonne, le R. P. Etcheverry, doyen de la Faculté de philosophie de l'institut catholique de Toulouse, Mme Gabrièle Dorziat, M. Gaétan Bernoville et M. le président Lepointe, concernait le théâtre existentialiste.



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VUE AERIENNE D'USTARITZ AVEC
COLLEGE FRANCOIS-XAVIER



Souvenir de Louis Lavelle.


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PHILOSOPHE ET METAPHYSICIEN LOUIS LAVELLE


Chacune de ces trois manifestations a eu un succès mérité. Mais le plus émouvant des entretiens fut celui tenu à Ustaritz même, autour du regretté M L. Lavelle sur la "Situation de la philosophie française contemporaine". Auparavant, une chance exceptionnelle avait apporté aux auditeurs de l'Université une belle conférence du R. P. Riquet. Et, à 17 heures, devant une salle non moins pleine, l’éminent professeur du Collège de France est venu donner, sans une note, un pénétrant exposé de trois quarts d'heure sur la philosophie de notre temps. Prenant ensuite la parole après chacune des interventions de M. le chanoine Verneaux, professeur à l'institut catholique de Paris, du R. P. Haven (S. J ), des Facultés d'Eegenhoven (Belgique), de M. Georges Vedel, professeur à la Faculté de droit de Paris et M. Georges Hahn, de l’institut catholique de Toulouse, M. Louis Lavelle n’a pas cessé d'animer ce débat du souffle puissant de sa pensée.



Comme l’a souligné le R. P- Etcheverry qui présidait, ce fut un des grands moments de ces quatre semaines de vie universitaire. Il constitue un souvenir inoubliable pour les auditeurs qui avaient déjà eu le privilège d’entendre M. Louis Lavelle dans une conférence sur "Essence et valeur". Combien ne furent-ils pas bouleversés en apprenant quelques semaines plus tard la douloureuse nouvelle de sa brusque disparition !



Etudiants de marque.



Il serait injuste, cependant, de considérer l'Université d’été d’Ustaritz comme le succès exclusif de ses grands maîtres. Elle fut au moins autant l'œuvre des "étudiants" et de leurs amis basques. Des "étudiants", il faut en parler entre guillemets. Car il y avait parmi eux un nombre considérable de professeurs (tels M. le chanoine Duarte de l'Université de Coïmbra ; Mlle Balzani, de Rome ; M. le professeur Cuvelier, de Gand) et même un recteur d’Université, M. O'Rahilly, forte personnalité d'un magnifique dynamisme, qui préside aux destins de l'University College de Cork (Irlande). Dans deux soirées consacrées aux "Témoignages de la jeunesse européenne", les représentants de dix nationalités (Belgique, Angleterre, Suisse, Italie, Allemagne, Portugal, Luxembourg, Irlande, Espagne, Autriche) ont pris la parole, ce qui a donné lieu à de franches et fécondes discussions. Que la vie commune d’auditeurs et d'auditrices aussi différents par leurs fonctions, leur âge (entre 17 et 70 ans) et leurs nationalités, ait pu les unir dans l'amitié d'un effort commun considérable. représente certainement le résultat le plus heureux de cette réunion.


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ALFRED O'RAHILLY
PRESIDENT UNIVERSITY COLLEGE CORK


Mais il vaut aussi comme le témoignage d’une magnifique générosité : celle du pays basque. Ce que l’Université internationale d'été d’Ustaritz doit à S. Exc. Mgr Terrier, à ses vicaires généraux, à son directeur des œuvres et à tant de prêtres et laïques du diocèse, on ne saurait le dire en quelques mots. Sans l’aide de Mgr Boyer-Mas, sans l'appui constant de la presse, sans la participation généreuse des militants d'Action catholique et des groupes d’art folklorique. en un mot sans les Basques, le projet de l'institut catholique de Toulouse n’aurait pu se réaliser. Ces concours ont conduit à l’heureux aboutissement de cette première tentative et permettent d’espérer pour l'été 1952 la réouverture d'une Université internationale qui aura su grandir pour mieux accomplir sa mission."




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