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jeudi 10 août 2023

UNE VISITE DU CAMP DE PRISONNIERS DE GUERRE DE BEYRIS À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1941

UNE VISITE DU CAMP DE BEYRIS EN 1941.


Après une période consacrée au sport de polo, puis aux sports équestres, le terrain du polo de Beyris de Bayonne a été transformé en camp d'internement, de 1939 à 1947.


pays basque autrefois camp labourd prisonniers
GEORGES SCAPINI 1933




Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 3 mai 

1941, sous la plume de François Serpeille :



"Visite avec M. Georges Scapini, du camp de prisonniers de guerre de Beyris.



Ainsi que nous l'avons déjà annoncé, M. Georges Scapini, ambassadeur de France, chargé des services des prisonniers de guerre, a fait, ces jours derniers, une visite des camps du Sud-Ouest. Arrivé à Biarritz dans la soirée avec M. Jean Desbons, directeur des services d’inspection des camps de prisonniers, il décida dès le lendemain matin de visiter le camp de Beyris. C’est donc de façon inopinée que M. Georges Scapini et. M. Jean Desbons arrivèrent avec des officiers de l’O. K. U. et de la Prop. Staffel Bordeaux. 




pays basque autrefois député hautes-pyrénées prisonniers
JEAN DESBONS
DEPUTE HAUTES-PYRENEES
DE MAI 1936 A MAI 1942



Beyris, par ce matin ensoleillé de printemps, exhalait une bonne odeur de verdure encore fraîche de rosée. 



Nous voici dans l’allée centrale du camp bordée de chaque côté de plusieurs rangs de cabanes en bois qui s'étendent sur une longueur de 5 à 6 cent mètres environ : cinquante-six baraques installées pour loger une moyenne de cent hommes chacune. Le camp de Beyris abrite 1 700 prisonniers, appartenant à l’armée d'Afrique : Sénégalais, Malgaches, le reste Arabes et Berbères Nord-Africains. Tous les hommes sont alignés sur plusieurs rangs de chaque côté de l'allée centrale. Les uniformes kakis et les turbans clairs dominent. Çà et là le burnous d’un spahi ou une chéchia écarlates mettent une note éclatante sous le ciel d'un bleu tendre. Ce qui frappe aussitôt, c'est le bon état des uniformes, la tenue correcte de ces hommes, leurs visages noirs ou bruns rasés de frais ou encadrés d’une courte barbe bien soignée. 



pays basque autrefois camp labourd prisonniers nord-africains
TIRAILLEUR SENEGALAIS ET SPAHI MAROCAIN
PEINTURE M. ORMEZ





On avait l'appréhension de contempler un spectacle de tristesse, de misère. On a la satisfaction de voir des hommes, à l'aspect bien portant, bien tenus. Quelques-uns rient, d'un large rire de grands enfants. 



M. Georges Scapini, en uniforme d'ambassadeur, képi doré, veste à boutons d’or qu'ornent le ruban de la médaille militaire, de la croix de guerre et une rosette de la Légion d’honneur, avance appuyé sur l’épaule du compagnon qui le suit dans ses déplacements. Il s’arrête, fait un signe. Un prisonnier se détache du rang. Un dialogue s’engage entre l'ambassadeur et le soldat. On devine qu’il le questionne, s’informe de son existence, de ses besoins, de ses désirs. C'est émouvant de voir ce grand blessé d’une guerre glorieuse venant se pencher sur l’infortune de ce prisonnier d’une guerre malheureuse. 



La visite continue, attentive, minutieuse. M. Scapini s'arrête, questionne l'un, questionne l’autre : il entraîne un troisième à ses côtés, appuyé familièrement sur son épaule. 



"Excellence", dit un grand nègre serré dans une capote bleu-horizon. Mais nous n'entendîmes pas ce que ce grand nègre avait à dire. 



Les rangs se rompent. L'ambassadeur est entouré. Au milieu de cette foule bigarrée l’on se croirait sur une place de Marrakech ou de Blidah, un jour de marché. Un brave marocain s'avance. 



— Tu exposes bien ton cas, toi, lui dit M. Scapini. Fais-moi une lettre, pour toi et tes camarades et envoie-là moi. J'examinerai çà. je m'occuperai de vous tous. Au revoir mes enfants ! 



Il serre des mains. De son côté M. Jean Desbons, un bloc dans une main, un stylo dans l'autre, a pris des notes. 



Au cours de cette visite, qui a duré deux heures d'horloge, j'ai fait la causette avec plusieurs prisonniers. C'est ainsi que j'ai appris qu'au camp on se lève à 7 heures. A 7 heures et demie café, puis appel. A 8 heures, sport, à 12 heures, soupe suivie d'un repas. De 2 heures a 4 heures, sport. A 7 heures soupe, à 10 heures coucher. 



En plus de çà les prisonniers s'occupent du ravitaillement, de l’aménagement du camp : construction de baraques, entretien du gazon, etc..., et aussi de travaux de couture, de cordonnerie. 



Le jeune médecin attaché au camp, m’a fourni quelques renseignements sur son infirmerie. C’est une grande baraque avec une salle commune et plusieurs cellules pour isoler les malades qui ont besoin de calme et de repos. 



Plusieurs noirs ont mal supporté les froids de l’hiver. Ceux qui ont été grièvement atteints ont été envoyés à l’hôpital des prisonniers qui se trouve à Bayonne, dans l’ancien évêché. 170 prisonniers y sont en traitement M. Georges Scapini a voulu visiter cet hôpital. A midi, après avoir pris congé des prisonniers de Beyris, M. Georges Scapini est parti pour l'hôpital de Bayonne où il est passé dans chaque salle, s’est entretenu avec chaque malade."






Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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