Libellés

mardi 8 août 2023

LES ANIMAUX AU PAYS BASQUE EN 1898 (septième et dernière partie)

  

LES "HÔTES DE LA MAISON BASQUE" EN 1898.


Au début du 20ème siècle, les animaux domestiques occupent une grande place, dans le monde rural, et en particulier au Pays Basque.



pays basque autrefois animaux ferme maison
UNE PAYSANNE ET SES OIES DESSIN DE LAM
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la revue bimensuelle La Femme, le 15 août 1898, sous la plume 

de Mme d'Abbadie d'Arrast :


"Les "hôtes de la Maison Basque" (suite).



... "Un jour qu'il n'y avait rien à faire, les mouches tourmentaient la femme en disant : Lan ! lan ! lan ! (Travail ! travail ! travail !) Elle leur donna un crible : "Allez, leur dit-elle, remplissez d'eau la barrique vide qui est dans la cave. Vous prendrez l'eau dans le canal du moulin et vous la transporterez dans le crible en montant par la prairie qui est au-dessus de la maison.



En un instant cela fut fait et les mouches étaient encore là harcelant la femme et bourdonnant : Lan ! lan ! lan ! (Travail ! travail ! travail !)



A bout de patience, elle dit à son mari :

— Quelle merveille que ces mouches ! Il faut absolument nous en défaire.

— Oui, répondit le mari. Mais nous devons à chacune payer des gages.

— Donnez-leur, dit la femme, les dix oies qui sont un peu au-dessous de la maison.


En même temps les oies s'envolèrent avec des cris bruyants vers les nues et les mouches de Mendiondo ne reparurent plus."



Quoi qu'il en soit de cette intéressante légende dont on doit la conservation à M. Cerquaud, inspecteur d'Académie, est-il permis, en l'absence de noms de famille et d'emblèmes ayant l'abeille, la mouche pour origine, de faire l'hypothèse que la vénération dont les Basques entourent encore aujourd'hui leurs ruches, soit un dernier vestige d'une très antique tradition se rattachant au fétichisme de l'abeille, fétichisme en honneur chez les tribus, grecques ? Nous posons la question. Pour nous, simplement, nous avons été frappée de la tournure d'esprit, des traditions, des coutumes anthropomorphes des Basques et il nous a semblé que parlant des hôtes de la Maison Basque dans l'intention très avouable de retenir quelques-uns des usages pittoresques du pays qui bientôt auront disparu, on nous pardonnerait une téméraire mais très fugitive incursion sur un terrain qui n'est pas le nôtre, où nous ne nous sommes aventurée que timidement et sans songer à conclure.



pays basque autrefois maison ferme etxe
FERME BASQUE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Notons encore une opinion superstitieuse des Basques à propos des bêtes :


Pour la sécurité du bétail, en Soule, le 3 février, jour de la St-Blaise, a lieu un pèlerinage célèbre dont voici le cérémonial, d'après le récit qu'en a publié l'Avenir de Bayonne (17 février 1898), sous le pseudonyme de G. de la Nive :



religion catholique saint sainte blaise
3 FEVRIER SAINT BLAISE

"Il y a une vingtaine d'années, j'ai vu la St-Blaise se fêter dans le pays de Soule. Au milieu des grands bois qui séparent Mauléon de Barcus, il est un endroit, pas bien grand, appelé "l'Hôpital St-Blaise". Pour le 3 février, il s'y fait de nombreux pèlerinages ; on s'y rend de plusieurs lieues à la ronde, village par village, pendant trois jours consécutifs. L'église est toute petite, mais fort ancienne ; elle a un cachet antique pas trop banal. Toute la cérémonie religieuse consiste, pour le curé, à défiler devant la balustrade où le populaire vient s'agenouiller en rangs ininterrompus. A chacun il fait la même demande : "Combien d'évangiles ?" Le nombre d'évangiles est relatif à celui des bêtes à corne du pèlerin, et c'est cinquante centimes par évangile. Un premier clerc inscrit le nom du déposant et le nombre d'évangiles ; un second recueille les fonds.


pays basque autrefois église presbytère soule
EGLISE ET PRESBYTERE L'HÔPITAL SAINT-BLAISE
PAYS BASQUE D'ANTAN


La cloche de l'Hôpital St-Blaise est miraculeuse ;  les trois jours du pèlerinage constituent le bénéfice annuel de son sonneur. Elle est affreusement fêlée, elle a un horrible bruit de ferraille ; mais avez-vous des migraines, avez-vous des maux de dents ? Mettez alors la tête sous la cloche et dites au sonneur de la faire retentir une, deux, trois, quatre fois. C'est deux sous le coup de cloche et, la foi aidant, vous en aurez pour toute l'année à être dispensé de migraines et de maux de dents...



pays basque autrefois monastère soule religion église
EGLISE L'HÔPITAL SAINT-BLAISE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les bons propriétaires Souletins n'ont eu garde d'oublier un encens particulièrement agréable à saint Blaise. Ils sont venus au pèlerinage portant sous le bras une grosse poignée de poils de la queue de leur bétail. Et, à la nuit tombante, ils en forment des tas considérables tout autour de l'église et les font brûler. Pendant que la fumée s'élève, chaque groupe de villageois, qui ne voyagent jamais sans musique, ici avec un violon, là avec un "chirula", plus loin avec une véritable fanfare, se met à danser, à chanter avec un entrain admirable.



Dans le Labourd, les Sociétés de Secours mutuels que les paysans forment entre eux pour assurer leur bétail font dire une messe pour la St-Blaise à l'intention des écuries des sociétaires. Sont punis d'une amende ceux qui s'abstiendraient d'y assister. Repos obligatoire pour le bétail, ce jour-là, jusqu'à midi. Une infraction à ce règlement serait punissable de 10 fr. d'amende.



Voici quelques autres superstitions populaires :


On a peur de passer auprès d'un chien couché par terre : cela n'augure que malheur.




pays basque autrefois animaux chien
3 CHIENS BERGER D'ALSACE



Si l'on a de l'argent dans la poche lorsqu'on entend chanter le coucou pour la première fois de l'année, on aura de l'argent pendant toute l'année. 


pays basque autrefois animaux oiseau
COUCOU


Le bouc mis dans une écurie préserve des maladies.


pays basque autrefois attelage animaux bouc
ATTELAGE AVEC BOUC


Tuer un chat dans la maison porte malheur.


Voir un chat noir traverser la chambre est le signe qu'une sorcière vous jette des maléfices.


pays basque autrefois animaux chat
CHAT NOIR PORTE BONHEUR


Pour conjurer le mauvais esprit, il faut couper le cou à un chien noir et se servir des tronçons sanglants pour tracer une croix sur chaque ouverture de la maison, fenêtres et portes. Ensuite, il faut enterrer le chien devant la porte principale.


Une poule noire dans une basse-cour porte bonheur. Lorsqu'on est prudent on laisse une poule noire dans son poulailler parmi les autres poules.



pays basque autrefois animaux poule
POULE NOIRE ESPOIR


Le blaireau possède une graisse dont les vertus curatives sont universelles.


Le serpent est un animal dont on a horreur : il s'introduit auprès des mères qui allaitent et dérobe le lait aux nourrissons. Ce reptile, plein de ruse, met l'extrémité de sa queue dans la bouche de l'enfant pour que la mère ne s'aperçoive pas de l'horrible substitution qui a lieu.


Le chien qui hurle dans la nuit est signe de mort.




pays basque autrefois guerre chient animaux 1914-1918
CHIEN PENDANT LA GUERRE 1914-1918



La maîtresse de maison fait passer plusieurs fois les grains de maïs par un gosier de renard afin de préserver la volaille des déprédations de cet ennemi des basses-cours.


Le cri du hibou est de mauvais augure.




pays basque autrefois animaux oiseau nuit
HIBOU



L'hirondelle qui niche dans l'étable apporte des veaux et du lait.


Lorsque le coq chante vers 11 heures, c'est signe que la maison est entourée de sorciers.


Le premier chant du coq le matin met en fuite les laminacs.



pays basque autrefois animaux coq poulailler
LE CHANT DU COQ



Une dernière légende pour prouver l'influence du chant du coq sur les esprits malins.


"Les anciens de Licq ne pouvaient venir à bout de la construction de leur pont : mais à l'endroit du gave où ils cherchaient à le bâtir, il y avait trois laminacs, tous trois se nommaient Guilhem. Un jour, ces laminacs dirent à un homme du village qu'ils construiraient un pont de pierre la nuit, veille de la saint-Jean, s'il voulait en payement leur donner son âme. L'homme le leur promit, à condition que le pont serait construit dans une même nuit, avant que le coq eût chanté. La nuit de la veillée de saint Jean, les trois Guilhem ensorcelèrent d'abord tous les coqs et ils commencèrent à travailler, disant en se passant les pierres : "Tiens, Guilhem ! — Donne, Guilhem ! — Prends, Guilhem !". Pour terminer le pont, ils avaient à la main la dernière pierre, lorsqu'un poussin, encore dans l'oeuf, sous la poule, chanta. Alors les trois Guilhem dirent : "Adieu notre payement", et ils jetèrent la pierre dans l'eau. Depuis lors, une pierre manque à ce pont..."




pays basque autrefois soule pont
PONT DE LICQ-ATHEREY SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 100 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire