"ETXEKO ANDEREA", LA MAÎTRESSE DE MAISON.
Personne incontournable de la société Basque en 1900, "l'Etxeko Anderea" est souvent représentée dans les cartes postales anciennes.
On la voit ainsi dans sa vie de tous les jours.
Egale en droit à l'homme et non destinée à le servir, souvent plus instruite, participant aux
tâches de la maison et de ses extérieurs, elle conserve son autorité absolue dans la gestion de sa
demeure et de ses biens, comme dans l'éducation de ses enfants.
La grand-mère est son associée bénévole : elle aide, remplace au besoin et conseille.
Tandis que le père se garde bien d'intervenir dans l'ordre domestique, lui qui prendra
toujours, pour les problèmes d'intérêt, l'avis de l'Etxeko Andere.
Jamais enlacée, jamais embrassée, jamais tutoyée, celle-ci se satisfait d'être respectée comme elle
respecte.
Elle est le ressort secret de l'organisation du domaine.
Personne ne la contredira.
Elle est irréprochable.
Cesserait-elle de l'être qu'elle risquerait de voir, un matin, le chemin allant de sa maison à
celle de son amant jonché de feuillage.
Ou d'être promenée en effigie à travers le village, assise à contremarche sur un âne.
Elle est la mère habituée à voir sa progéniture s'en aller - au séminaire, en Amérique (Nord ou
Sud), en place (chez des bourgeois) -, la fille ou la bru déférente.
Celle qui donne à manger debout et mange ensuite, non par servilité mais par commodité.
Première levée, coiffée d'un grand mouchoir bleu ou blanc noué en arrière sur le sommet de la
tête ou du simple cache-chignon qui tend à s'y substituer, elle allume sa chandelle à un tison
enfoui la veille sous la cendre.
Puis elle rallume le feu, le nourrit d'un fagot de chêne.
La cuisine est le coeur de la maison, la cheminée au large bandeau souvent sculpté, surmonté
de bougeoirs et d'images pieuses, son âme.
CUISINE PAYS BASQUE AUTREFOIS |
Au logis, la propreté règne partout.
Les meubles - en chêne et châtaignier encore mais le bois fruitier s'impose de plus en plus - sont
astiqués avec amour : à côté de l'âtre, le zuzulu, grand banc-coffre dont s'abaisse, pour servir
de tablette, la partie médiane du haut dossier et où le maître prend ses repas.
ZUZULU PAYS BASQUE AUTREFOIS |
Le vaisselier où est exposée la plus jolie vaisselle (simple étagère chez les moins riches) et qui a
rarement moins de trois portes, parfois davantage.
VAISSELIER PAYS BASQUE AUTREFOIS |
La table massive, parfois table-huche dotée d'un tiroir faisant office de garde-manger, flanquée
de bancs.
Un bloc de pierre creusé dans le mur tient lieu d'évier : l'eau s'écoule par un trou percé à
l'arrière.
Austères, les chambres sont sommairement meublées : le lit, une armoire, une ou deux chaises.
CHAMBRE PAYS BASQUE AUTREFOIS |
Orgueil de l'etxeko andere, la manka, haut bahut à deux portes, dont le haut, fermé par un
entablement à charnière, forme coiffe et le kutxa, coffre plus ou moins richement ornementé de
décors sculptés.
BAHUT PAYS BASQUE AUTREFOIS |
La femme se rend à la fontaine ferreta (cruche de bois, plus tard de métal, ceinturée de trois
bandes de cuivre) ou pegara (lourde cruche en terre) sur la tête.
FEMME AVEC PEGARA PAYS BASQUE AUTREFOIS |
FEMME AVEC FERRATA PAYS BASQUE AUTREFOIS |
Rangements, cuisine, la matinée passe vite.
Les repas sont frugaux : soupe, toujours, un morceau de salaison ou de jambon, un laitage ou
des fruits; du fromage pressé à la maison ; du mouton, parfois (les boudins faits avec son sang
sont fort appréciés), si l'on a tué une bête. Du cidre coupé d'eau, peu de café, du vin dans les
grandes occasions seulement.
On soupe de lait, de méture, de châtaignes.
Entre ces deux repas, l'etxeko andere rejoint souvent les hommes ; elle sarcle la rave, le maïs, la
vigne.
Elle fane. Elle aide à la fougère.
Elle ne tue pas le porc mais l'agneau, règne sur le potager et le poulailler.
VIEILLE BASQUAISE DANS SON JARDIN EN 1900 PAYS BASQUE D'ANTAN |
A la Saint-Jean, avec ses filles, elle accroche avant l'aube à la porte d'entrée un bouquet.
Filer, quenouille à la ceinture, ravauder, nouer en belles cordes rouges les piments frais cueillis
qui seront suspendus à la cuisine la reposent sous le porche grand ouvert ou sur la banquette
de pierre courant le long de la façade.
VIEILLE BASQUAISE FILANT LA QUENOUILLE EN 1900 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Elle confectionne le pain et le cuit dans le four.
Le jour de la lessive, levée bien avant l'aube, elle barre le courant du ruisseau avec de grosses
pierres et bat, savonne, rince le linge, échange les échos du bourg avec les autres lavandières.
LESSIVE DANS LE RUISSEAU PAYS BASQUE AUTREFOIS |
LESSIVE PAYS BASQUE AUTREFOIS |
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